23/08/2007

Ping pong administratif, alors que des vies sont en jeu

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Rétention annulée pour 21 "sans-papiers" de Lille
Reuters
Reuters - il y a 50 minutes

LILLE (Reuters) - Un juge des libertés a refusé jeudi la prolongation de la rétention administrative pour 21 étrangers en situation irrégulière visés par un arrêt d'expulsion, au motif de vices de procédure, apprend-on auprès d'un représentant de la préfecture.

Les 21 personnes sont cependant demeurées en rétention dans l'immédiat, le parquet ayant fait appel de la décision, ce qui est suspensif.

Les sans-papiers lillois, qui demandent leur régularisation, ont entamé un bras de fer depuis plusieurs mois avec les autorités préfectorales. Une quarantaine d'entre eux sont en grève de la faim depuis 69 jours.

Selon les soutiens des sans-papiers, le juge des libertés a sanctionné ce qu'il estime être des vices de procédure, notamment les conditions d'interpellation, le fait que certains n'aient pas pu voir leur avocat avant l'audience, ou leur état de santé.

Mardi, une quarantaine de sans-papiers grévistes de la faim avaient été évacués par la police de leurs campements à proximité des hôpitaux de Lille, Roubaix, Tourcoing et Valenciennes (Nord).

Daniel Canépa, préfet du Nord, avait alors déclaré être déterminé à dire "non au chantage, non à la manipulation, non au terrorisme intellectuel" et avait menacé d'expulsion tous les grévistes de la faim.

"L'évacuation révèle le vrai visage de M. Canépa (préfet du Nord). Il parle d'ouverture mais utilise la stratégie de la force brutale", a déclaré à Reuters Saïd Bouamama, un des porte-paroles du Comité des sans-papiers du Nord (CSP 59).

"Le préfet a invoqué l'argument sanitaire pour évacuer les campements mardi mais c'est faux. Il n'y avait ni pompiers, ni ambulances, ni services médicaux", a protesté M. Bouamama.

Dans une lettre adressée jeudi à la Ligue des droits de l'homme (LDH) et au Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), Daniel Canépa estime que "les contacts, les ouvertures et propositions de sorties n'auront pas manquées tout au long de l'été. Mais elles auront été à chaque fois vaines dans la mesure où le CSP 59 (...) ne souhaite pas sortir de l'épreuve de force qu'il a lui même organisée".

Le bras de fer entre le préfet et les sans-papiers dure depuis plusieurs mois. Le 15 juin, plusieurs sans-papiers qui occupaient illégalement un local dans le quartier d'affaires d'Euralille avaient été délogés par la police.

Le 15 août, le comité des sans-papiers a repoussé une proposition d'accord. Le CSP demande la régularisation groupée des 533 sans-papiers.

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