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Le « comité de défense de la statistique publique », qui proteste depuis plusieurs mois contre un projet de délocalisation à Metz, a rendu public, dès hier soir au lieu de ce matin, le recul du produit intérieur brut au quatrième trimestre : l'activité s'est repliée de 1,2 % par rapport au troisième trimestre, indique la première estimation de l'Insee. Il faut remonter à 1974 pour retrouver une telle chute trimestrielle (- 1,6 %). Le déstockage des entreprises a pesé à hauteur des trois quarts de la contre-performance, le commerce extérieur contribuant pour le quart restant. En revanche, la contribution de la demande intérieure sur l'activité globale s'est avérée neutre : la consommation s'est finalement bien tenue, avec une progression de 0,5 % par rapport au troisième trimestre, permettant de compenser le repli de 1,1 % de l'investissement. Sur l'ensemble de l'année 2008, la croissance est finalement limitée à 0,7 %, et se caractérise par un ralentissement de tous les moteurs. L'investissement, en particulier, est passé d'une croissance de 4,9 % en 2007 à une quasi-stagnation l'an dernier (+ 0,4 %).
Un nouveau signal négatif
Le gouvernement attendait la publication du chiffre du quatrième trimestre pour réviser sa prévision de croissance 2009, fixée depuis novembre entre 0,2 % et 0,5 %. « L'activité en France devrait être inférieure à -1 % », a indiqué hier soir dans un communiqué le ministère de l'Economie. « Christine Lagarde présentera au début du mois de mars le scénario complet des nouvelles prévisions macroéconomiques actualisées. » Le chiffre du quatrième trimestre laisse augurer d'un cru historiquement bas pour 2009, au-delà des années 1975 (- 1 %) et 1993 (- 0,9 %), les deux seules années de récession enregistrées en France depuis l'après-guerre. La Commission européenne prévoit un recul du PIB de 1,8 % pour l'Hexagone, soit un niveau proche de celui de la zone euro.
Hier, les industriels ont donné un nouveau signal négatif sur l'ampleur de la crise. Alors qu'ils anticipaient en octobre une chute de leurs dépenses d'investissement de 3 % cette année, les chefs d'entreprise prévoient maintenant un recul de 12 %, indique l'enquête sur les investissements dans l'industrie réalisée en janvier et publiée hier par l'Insee. « Les secteurs dont la prévision se dégrade le plus correspondent bien à ceux qui voient leur production chuter », note Benoît Heitz, chef de la division synthèse conjoncturelle à l'Insee. Le secteur automobile prévoit ainsi une baisse de ses investissements de 12 % cette année, tandis que les biens intermédiaires prévoient un repli de 20 %. Les dépenses se tiennent mieux dans les biens de consommation (- 2 %) et les biens d'équipement (+ 2 %). Si la prévision actuelle des industriels, dont les dépenses représentent 30 % de l'investissement productif, se vérifiait, 2009 ne serait pas la pire année : l'investissement industriel a cédé 13 % en 2002 et jusqu'à 20 % en 1993. Mais les dépenses effectivement réalisées s'avèrent toujours plus basses que les prévisions émises en janvier, l'écart constaté ces dernières années allant de 3 à... 14 points.
VÉRONIQUE LE BILLON
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