Nb : Voyez le projet "Ceux qui Vivent, ce sont ceux qui luttent" avec Charlie Bauer, militant révolutionnaire, docteur en anthropologie sociale, écrivain et acteur. MariPaule B. comédienne, clown et metteur en scène, Djamal, rappeur, compositeur,Julien Delmaire, poète et slameur, DJ Boulaone, turntablist, concepteur sonore et compositeur. et telechargez le gratuitement ici :
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Charlie Bauer fait de nouveau l’actualité à l’occasion de la sortie de son second livre Le redresseur de clous : Une violence révolutionnaire, où il évoque, entre autres, son soutien actif au FLN pour lequel il a passé 20 ans en prison. C’est en pleine grève nationale, à la terrasse d’un café de la gare de Lyon, que je le retrouve. Le tutoiement est de rigueur, la cigarette et le café, des plaisirs partagés. Il s’agit de sa première interview pour un journal algérien.
-Charlie, ton premier livre Fracture d’une vie retraçait déjà ton parcours révolutionnaire, pourquoi revenir aujourd’hui avec un nouvel ouvrage lui aussi autobiographique ?
Et bien d'abord parce qu’il n’est pas terminé ce parcours, la vie est une lutte au présent. Je voulais parler plus en détail de mon enfance, je suis le gardien d’une mémoire qui se perd… C’était aussi l’occasion de faire vivre de bons amis partis trop tôt et de donner ma vision des choses à leur sujet. Notamment pour ce qui est de Jacques (Mesrine, ndlr), il a toujours fait vendre, mais de nos jours il sert de référence à beaucoup de jeunes. Je n’ai rien à voir avec ce gangstérisme racoleur à la mode, la violence armée que j’ai pratiquée était de nature révolutionnaire.
Pour Jacques, c’était plus compliqué… Il y est venu au fil du temps, surtout en réaction à la violence subie dans les QHS (quartier de haute sécurité), c’est ça qui nous a d’abord réunis, l’amitié a fait le reste. Je voulais aussi rendre hommage à Monte (Melkonian, ndlr) mi compañero, mon ami trop souvent ignoré alors que son engagement était des plus beaux. Un livre c’est aussi un moyen de lutter, je ne fais pas dans le passéisme ou dans le culte de la révolution. Je ne me trompe ni de temps, ni de lieu. Mon message est pour aujourd’hui. Justement, je voulais combattre la récupération capitaliste de la révolution, la démarche putassière de la publicité qui présente la dernière bagnole, le dernier bout de savon comme « révolutionnaire » !
Au contraire, j’affirme qu’il y a une actualité de la révolution, que la démocratie n’est pas encore achevée et qu’il faut la défendre contre les récupérations bourgeoises qui assoient la domination du petit nombre sur l’asservissement du plus grand. Nous sommes au bord d’un changement majeur de civilisation, le capitalisme est pareil au scorpion qui se pique lorsqu’il est encerclé par les flammes. Alors regarde le monde entier est en train de brûler. Certes je parle du passé, mais c’est parce que les luttes d’hier nourrissent celle d’aujourd’hui.
-Justement, l’un de tes premiers engagements fut de supporter activement le FLN et de rompre avec le PCF, comment êtes tu entrer en contact avec la cause indépendantiste algérienne ?
À l’époque, j’étais déjà porté sur la redistribution, on appelait ça la « défauche », mais avec la guerre d’Algérie les choses ont pris une autre dimension. Il ne faut pas oublier que Marseille était l’épicentre de l’engagement militaire français. Chaque soir on ramassait trois ou quatre morts, notamment à cause du conflit MNA/FLN mais pas seulement… Autant dire qu’on était en plein dedans ! Nous étions peu nombreux, une vingtaine environ et j’étais le plus jeune. Il y avait bien quelques Algériens parmi nous, mais notre engagement dépassait largement la sympathie immédiate que l’on pouvait éprouver pour eux. J’ai grandi avec une culture de la lutte et puis nous étions bien informés, on savait ce qu’il se passait là-bas et Sétif était dans nos mémoires. Il s’agissait d’un engagement idéologique en faveur du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. J’ai d’ailleurs dû rompre avec le PCF lorsque les instances dirigeantes ont voté les crédits pour l’intervention militaire… Ça a été un véritable déchirement pour moi d’autant que j’ai également eu à rentrer en conflit avec mon père qui lui, en stalinien convaincu, était resté fidèle au parti.
-Quelles étaient vos modalités d’action ?
Sans être confondu avec le FLN, on se revendiquait de la 7éme Willaya, il y avait 6 régions militaires en Algérie, la 7éme c’était la France. C’est l’une des grandes forces du mouvement indépendantiste algérien : avoir transposé le conflit chez le colonisateur. Nos moyens c’était la réappropriation et la redistribution. On braquait des banques (presque un braquage par jour), on attaquait les trains qui transportaient des armes et les stocks aussi sur les docs. Il y avait aussi l’aide à la désertion, parmi les appelés on trouvait des fachos bien contents à l’idée d’aller « casser du bougnoule », mais tout le monde ne partageait pas leur enthousiasme. Par moment on se serait cru en pleine guerre civile. Il faut imaginer le décor, la soldatesque en faction, les sacs de sable et les mitrailleuses fixes. Nous étions toujours armés, pour ma part y compris quand je me rendais au lycée…
La violence de ceux qui nous faisaient face n’était pas moindre, il suffit de voir comment ils nous ont arrêtés. J’avais 20 ans à peu près lorsque nous avons été encerclés : 80 hommes, des hélicos, de l’armement lourd… Les moyens mis en œuvre révèlent l’importance du désordre et la peur que nous suscitions. Mes camarades ont fini à l’hôpital, moi j’ai été transférer dans une caserne, livrer à des gendarmes de retour d’Algérie, tu penses qu’il était content d’en tenir un ! Là, j’ai connu la torture. Nu, pendu au plafond comme un porc. L’électricité on ne peut pas dire ce que c’est… Ajoute à cela les coups, les humiliations, tout est fait pour te briser, rien ne t’est épargné. Pour ce qui est de moi, la torture n’a fait que me renforcer dans mes convictions, ça m’a grandi! Une structure identitaire c’est alors cristalliser « je ne me soumettrais jamais » !
En conférence d’anciens soldats m’ont demandé si j’avais conscience que les armes que je contribuais à détourner servaient à tuer des Français. J’ai répondu oui. Je ne regrette rien, je ne me repends pas, si c’était à refaire je le referais. Bien sûr je suis français, mais le 8 mai 45 pour moi ce n’est pas seulement la libération, près de 30 000 morts à Sétif ça ne s’oublie pas ! Le 17 octobre 1961, il faut s’en souvenir également, moi j’étais sur place… Attention je ne donne pas dans la repentance mémorielle très à la mode aujourd’hui, c’est une mauvaise façon de se construire une identité, mais l’Histoire aussi sale soit elle doit être assumée. Pour ma part, je milite pour une reconnaissance officielle de la responsabilité du gouvernement français.
-Quels sont tes engagements d’aujourd’hui et comment les fais-tu vivre ? De quelle manière as-tu vécu la transition de la lutte armée à la lutte « par le verbe » ?
Comme une continuité, c’est en prison que j’ai forgé mes concepts comme un acte de résistance au système carcéral. On me dit parfois que ce sont mes années de prison qui m’ont permis de passer mes diplômes. Tu parles! L’éducation m’était interdite ! Je devais faire passer clandestinement certains cours et certains livres, lorsque j’étais pris c’était quinze jours de mitard. Les études ne sont pas importantes pour elles-mêmes, mais comme moyen de prendre possession de soi, d’accéder à une réflexion sur son devenir. Et puis l’intelligence est toujours plurielle, c’est une rencontre avec l’autre.
C’est ce message que je cherche à transmettre aux jeunes, prenez possession de vous-même, devenez ce que vous êtes et inventez-vous vos 14 juillet, vous en avez les moyens ! Surtout libérer vous de l’ignorance qui est le pire des enfermements. J’ai la conviction que les usages conceptuels et existentiels de la Raison sont les moyens de lutte les plus efficace pour le moment. Aujourd’hui je manifeste, j’écris, je soutiens, je débats partout où je le peux. J’ai fait du théâtre en adaptant avec des amis les Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov, du slam en réécrivant le J’accuse de Zola, des documentaires, des conférences… J’ai aussi un projet de musique avec le Groupe Gnawa diffusion, Amazigh Kateb est un bon ami. Mes combats n’ont pas changé, je lutte toujours pour la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Je soutiens notamment la cause palestinienne contre « l’expan-sionnisme ».
À ce sujet, il faut noter la disparition progressive de l’internationalisme, de l’engagement politique et idéologique au profit d’un engagement religieux. Je crains réellement ce phénomène, car il empêche la solidarité des luttes. Inutile de préciser qui y trouve son intérêt dans le fond… La Palestine n’est pas seulement le problème des musulmans ou des Arabes, c’est le problème de ceux qui luttent pour la liberté. Il y a aussi mon combat pour faire entrer le droit dans les prisons. L’institution pénitentiaire est toujours basée sur la négation de l’humain, sur l’éradication de l’individu. Que penses-tu qu’il fasse le prisonnier qu’on libère ? Et bien il répercute cette négation sur ses semblables. 80 % de récidive en France ! Note bien que c’est un chiffre officiel, alors en réalité… Je ne suis pas l’humaniste de service, c’est un constat d’échec que je dresse. Il faut se poser la question : à qui profite le crime ? Pourquoi la prison criminogène continue-t-elle d’être défendue ? Aucun doute là-dessus cette production de la criminalité sert les intérêts du discours sécuritaire et « légitime » ceux du gouvernement.
Certes, la privation de liberté associée à l’équilibre peine/crime à représenter un réel progrès vis-à-vis de la torture systématique, mais elle reste fondée sur le mythe selon lequel il faut souffrir pour racheter sa faute. Je ne prétends pas avoir de solution miracle, mon travail c’est de mettre le système au grand jour : la prison est un appareil de dérégulation sociale contrôlée au service d’une justice de classe. Je suis loin d’encourager ceux qui se font une gloire d’être passé par la prison, c’est encore une manière de participer du système. Ce qu’il faut c’est rendre l’individu incarcérer à lui-même, on peut envisager une obligation à l’éducation ou à l’apprentissage d’un métier… De toute façon que vous le vouliez ou non (dans la plupart des cas) le prisonnier sortira.
Les choses ont déjà un peu changé vis-à-vis de ce qu’étaient les QHS. Avec Jacques nous projetions de les détruire tous, parce qu’il incarnait tout ce qu’a de plus inique le système social. À deux jours près… Jacques a été exécuté, je ne vois pas d’autre mot, moi j’ai été enfermé pour 10 ans de plus. D’une manière générale, si le but est inaccessible ce n’est pas grave, car il est second, ce qui importe c’est la lutte comme posture existentielle et intellectuelle. Chez moi il ya toujours la même rage révolutionnaire, je suis demeuré communiste de concept et anarchiste de pratique : « la lucha continua » !
Et bien d'abord parce qu’il n’est pas terminé ce parcours, la vie est une lutte au présent. Je voulais parler plus en détail de mon enfance, je suis le gardien d’une mémoire qui se perd… C’était aussi l’occasion de faire vivre de bons amis partis trop tôt et de donner ma vision des choses à leur sujet. Notamment pour ce qui est de Jacques (Mesrine, ndlr), il a toujours fait vendre, mais de nos jours il sert de référence à beaucoup de jeunes. Je n’ai rien à voir avec ce gangstérisme racoleur à la mode, la violence armée que j’ai pratiquée était de nature révolutionnaire.
Pour Jacques, c’était plus compliqué… Il y est venu au fil du temps, surtout en réaction à la violence subie dans les QHS (quartier de haute sécurité), c’est ça qui nous a d’abord réunis, l’amitié a fait le reste. Je voulais aussi rendre hommage à Monte (Melkonian, ndlr) mi compañero, mon ami trop souvent ignoré alors que son engagement était des plus beaux. Un livre c’est aussi un moyen de lutter, je ne fais pas dans le passéisme ou dans le culte de la révolution. Je ne me trompe ni de temps, ni de lieu. Mon message est pour aujourd’hui. Justement, je voulais combattre la récupération capitaliste de la révolution, la démarche putassière de la publicité qui présente la dernière bagnole, le dernier bout de savon comme « révolutionnaire » !
Au contraire, j’affirme qu’il y a une actualité de la révolution, que la démocratie n’est pas encore achevée et qu’il faut la défendre contre les récupérations bourgeoises qui assoient la domination du petit nombre sur l’asservissement du plus grand. Nous sommes au bord d’un changement majeur de civilisation, le capitalisme est pareil au scorpion qui se pique lorsqu’il est encerclé par les flammes. Alors regarde le monde entier est en train de brûler. Certes je parle du passé, mais c’est parce que les luttes d’hier nourrissent celle d’aujourd’hui.
-Justement, l’un de tes premiers engagements fut de supporter activement le FLN et de rompre avec le PCF, comment êtes tu entrer en contact avec la cause indépendantiste algérienne ?
À l’époque, j’étais déjà porté sur la redistribution, on appelait ça la « défauche », mais avec la guerre d’Algérie les choses ont pris une autre dimension. Il ne faut pas oublier que Marseille était l’épicentre de l’engagement militaire français. Chaque soir on ramassait trois ou quatre morts, notamment à cause du conflit MNA/FLN mais pas seulement… Autant dire qu’on était en plein dedans ! Nous étions peu nombreux, une vingtaine environ et j’étais le plus jeune. Il y avait bien quelques Algériens parmi nous, mais notre engagement dépassait largement la sympathie immédiate que l’on pouvait éprouver pour eux. J’ai grandi avec une culture de la lutte et puis nous étions bien informés, on savait ce qu’il se passait là-bas et Sétif était dans nos mémoires. Il s’agissait d’un engagement idéologique en faveur du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. J’ai d’ailleurs dû rompre avec le PCF lorsque les instances dirigeantes ont voté les crédits pour l’intervention militaire… Ça a été un véritable déchirement pour moi d’autant que j’ai également eu à rentrer en conflit avec mon père qui lui, en stalinien convaincu, était resté fidèle au parti.
-Quelles étaient vos modalités d’action ?
Sans être confondu avec le FLN, on se revendiquait de la 7éme Willaya, il y avait 6 régions militaires en Algérie, la 7éme c’était la France. C’est l’une des grandes forces du mouvement indépendantiste algérien : avoir transposé le conflit chez le colonisateur. Nos moyens c’était la réappropriation et la redistribution. On braquait des banques (presque un braquage par jour), on attaquait les trains qui transportaient des armes et les stocks aussi sur les docs. Il y avait aussi l’aide à la désertion, parmi les appelés on trouvait des fachos bien contents à l’idée d’aller « casser du bougnoule », mais tout le monde ne partageait pas leur enthousiasme. Par moment on se serait cru en pleine guerre civile. Il faut imaginer le décor, la soldatesque en faction, les sacs de sable et les mitrailleuses fixes. Nous étions toujours armés, pour ma part y compris quand je me rendais au lycée…
La violence de ceux qui nous faisaient face n’était pas moindre, il suffit de voir comment ils nous ont arrêtés. J’avais 20 ans à peu près lorsque nous avons été encerclés : 80 hommes, des hélicos, de l’armement lourd… Les moyens mis en œuvre révèlent l’importance du désordre et la peur que nous suscitions. Mes camarades ont fini à l’hôpital, moi j’ai été transférer dans une caserne, livrer à des gendarmes de retour d’Algérie, tu penses qu’il était content d’en tenir un ! Là, j’ai connu la torture. Nu, pendu au plafond comme un porc. L’électricité on ne peut pas dire ce que c’est… Ajoute à cela les coups, les humiliations, tout est fait pour te briser, rien ne t’est épargné. Pour ce qui est de moi, la torture n’a fait que me renforcer dans mes convictions, ça m’a grandi! Une structure identitaire c’est alors cristalliser « je ne me soumettrais jamais » !
En conférence d’anciens soldats m’ont demandé si j’avais conscience que les armes que je contribuais à détourner servaient à tuer des Français. J’ai répondu oui. Je ne regrette rien, je ne me repends pas, si c’était à refaire je le referais. Bien sûr je suis français, mais le 8 mai 45 pour moi ce n’est pas seulement la libération, près de 30 000 morts à Sétif ça ne s’oublie pas ! Le 17 octobre 1961, il faut s’en souvenir également, moi j’étais sur place… Attention je ne donne pas dans la repentance mémorielle très à la mode aujourd’hui, c’est une mauvaise façon de se construire une identité, mais l’Histoire aussi sale soit elle doit être assumée. Pour ma part, je milite pour une reconnaissance officielle de la responsabilité du gouvernement français.
-Quels sont tes engagements d’aujourd’hui et comment les fais-tu vivre ? De quelle manière as-tu vécu la transition de la lutte armée à la lutte « par le verbe » ?
Comme une continuité, c’est en prison que j’ai forgé mes concepts comme un acte de résistance au système carcéral. On me dit parfois que ce sont mes années de prison qui m’ont permis de passer mes diplômes. Tu parles! L’éducation m’était interdite ! Je devais faire passer clandestinement certains cours et certains livres, lorsque j’étais pris c’était quinze jours de mitard. Les études ne sont pas importantes pour elles-mêmes, mais comme moyen de prendre possession de soi, d’accéder à une réflexion sur son devenir. Et puis l’intelligence est toujours plurielle, c’est une rencontre avec l’autre.
C’est ce message que je cherche à transmettre aux jeunes, prenez possession de vous-même, devenez ce que vous êtes et inventez-vous vos 14 juillet, vous en avez les moyens ! Surtout libérer vous de l’ignorance qui est le pire des enfermements. J’ai la conviction que les usages conceptuels et existentiels de la Raison sont les moyens de lutte les plus efficace pour le moment. Aujourd’hui je manifeste, j’écris, je soutiens, je débats partout où je le peux. J’ai fait du théâtre en adaptant avec des amis les Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov, du slam en réécrivant le J’accuse de Zola, des documentaires, des conférences… J’ai aussi un projet de musique avec le Groupe Gnawa diffusion, Amazigh Kateb est un bon ami. Mes combats n’ont pas changé, je lutte toujours pour la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Je soutiens notamment la cause palestinienne contre « l’expan-sionnisme ».
À ce sujet, il faut noter la disparition progressive de l’internationalisme, de l’engagement politique et idéologique au profit d’un engagement religieux. Je crains réellement ce phénomène, car il empêche la solidarité des luttes. Inutile de préciser qui y trouve son intérêt dans le fond… La Palestine n’est pas seulement le problème des musulmans ou des Arabes, c’est le problème de ceux qui luttent pour la liberté. Il y a aussi mon combat pour faire entrer le droit dans les prisons. L’institution pénitentiaire est toujours basée sur la négation de l’humain, sur l’éradication de l’individu. Que penses-tu qu’il fasse le prisonnier qu’on libère ? Et bien il répercute cette négation sur ses semblables. 80 % de récidive en France ! Note bien que c’est un chiffre officiel, alors en réalité… Je ne suis pas l’humaniste de service, c’est un constat d’échec que je dresse. Il faut se poser la question : à qui profite le crime ? Pourquoi la prison criminogène continue-t-elle d’être défendue ? Aucun doute là-dessus cette production de la criminalité sert les intérêts du discours sécuritaire et « légitime » ceux du gouvernement.
Certes, la privation de liberté associée à l’équilibre peine/crime à représenter un réel progrès vis-à-vis de la torture systématique, mais elle reste fondée sur le mythe selon lequel il faut souffrir pour racheter sa faute. Je ne prétends pas avoir de solution miracle, mon travail c’est de mettre le système au grand jour : la prison est un appareil de dérégulation sociale contrôlée au service d’une justice de classe. Je suis loin d’encourager ceux qui se font une gloire d’être passé par la prison, c’est encore une manière de participer du système. Ce qu’il faut c’est rendre l’individu incarcérer à lui-même, on peut envisager une obligation à l’éducation ou à l’apprentissage d’un métier… De toute façon que vous le vouliez ou non (dans la plupart des cas) le prisonnier sortira.
Les choses ont déjà un peu changé vis-à-vis de ce qu’étaient les QHS. Avec Jacques nous projetions de les détruire tous, parce qu’il incarnait tout ce qu’a de plus inique le système social. À deux jours près… Jacques a été exécuté, je ne vois pas d’autre mot, moi j’ai été enfermé pour 10 ans de plus. D’une manière générale, si le but est inaccessible ce n’est pas grave, car il est second, ce qui importe c’est la lutte comme posture existentielle et intellectuelle. Chez moi il ya toujours la même rage révolutionnaire, je suis demeuré communiste de concept et anarchiste de pratique : « la lucha continua » !
Bio express (résumé) :
Le redresseur de clou c’est l’histoire d’un enfant qui voit le jour en 1943 dans une petite famille juive des quartiers nord de Marseille. Son père, communiste pur et dur, est au maquis avec les FTP (franc tireur partisan), sa mère se débat comme elle peut pour assurer le quotidien.Dès 8 ans il trouve une seconde famille au sein des jeunesses du parti communiste français (PCF). Il n’hésitera pas pourtant à s’en séparer lorsque le PCF apporte son soutien à l’intervention militaire en Algérie. Alors âgé de 15 ans Charlie Bauer passe à la lutte armée et soutient activement le FLN, engagement pour lequel il sera condamné à 20 ans de prison. Il en effectuera 14 dont 9 au sein des quartiers de hautes sécurités (QHS).
À sa sortie il reprend la lutte, s’associe à Jacques Mesrine l’ennemi public nº 1, pour détruire les QHS. À la veille de leur action, Mesrine est abattu et Bauer est condamné à 10 années de réclusion. De retour en cellule, il multiplie les actes de protestation et continu la lutte en passant deux licences, l’une philosophie l’autre en psychologie, ainsi qu’un doctorat en anthropologie sociale.
Désormais libre il use de ses nouvelles armes, donne des cours, participe à des conférences, s’engage partout où il le peut au théâtre, en poésie… Sans tomber dans le reniement ou l’autojustification, son livre revient sur les grandes rencontres de sa vie (Pierre Goldman, Monte Melkonian, Jacques Mesrine…) et sur la violence révolutionnaire avec son lot de paradoxes et de sacrifices.
À l’aide d’une prose vive, souvent proche de l’oralité ou du dialogue intérieur, Bauer affirme une fois encore la vérité du mot de Victor Hugo « ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ».
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