À deux reprises, Le Canard enchaîné a accusé l'Elysée de piloter des opérations de surveillance de la presse. L'hebdomadaire affirme notamment que l'Elysée, Matignon et la police ont manoeuvré pour que la police puisse examiner les factures d'appels téléphoniques de journalistes en se passant d'autorisation.
Même Matignon reconnaît implicitement des écoutes, selon France Info, mercredi.
Si des journalistes enquetant sur l'affaire Woerth-Bettencourt affirment être sous surveillance, comme ceux de Mediapart, qu'en est-il des politiques ? Ont-ils aussi l'impression d'être sur écoutes ?
Eva Joly : "Je suis sur écoute"
Eva Joly, qui devrait être la candidate écolo en 2012, affirme dans Le Nouvel Observateur du 4 au 10 novembre : "Je suis sur écoute. Ce n'est pas une inquiétude mais une certitude." Prudente, l'ex-magistrate dispose donc de deux téléphones.
Sollicitée par Le Post depuis lundi pour avoir plus de précisions, Eva Joly n'a pas encore réagi.
Copé : "Je suis probablement sur écoutes"
Moins catégorique - mais quand même - , le patron des députés UMP, Jean-François Copé, assure à son tour à L'Express : "Je suis probablement sur écoutes, on peut en tout cas vraisemblablement le penser, et, si je le suis, ce n'est pas par une grande entreprise!"
Du coup, il passe ses coups de fil "sensibles" sur une ligne fixe ou d'un autre téléphone, dont il ne communique jamais le numéro.
Dati se pose la question...
L'ex-ministre de la Justice Rachida Dati a déclaré jeudi dernier dans le Talk Orange-Le Figaro qu'il ne fallait "pas prendre à la légère" les accusations de surveillance de journalistes. Puis, au sujet des écoutes téléphoniques dont elle aurait été l'objet dans l'affaire des rumeurs sur la vie privée du couple présidentiel, Dati a répondu qu'"au départ", elle "prenait cela un petit peu en disant que cela ne pouvait pas être possible". Avant de lâcher : "Maintenant je me pose un petit peu plus la question de la réalité de tout cela. Je suis en train de regarder, de relire, de revoir, puisque cela a été repris dans des écrits tout à fait récents, parce qu'il y a des choses qui me paraissent un petit peu troubles et troublantes." Avant de préciser qu'elle pourrait porter plainte...
Contacté par Le Post, le cabinet de Rachida Dati précise que l'eurodéputée n'a toujours pas porté plainte et "réfléchit toujours" à une telle éventualité.
Voir l'extrait à partir de 4, 30 mn:
(Source: Le Talk Orange- Le Figaro)
D'après L'Express, les déclarations de Dati, qui pourrait disposer d'éléments susceptibles de nuire à Nicolas Sarkozy, "sonnent comme un avertissement, et sur le terrain le plus sensible qui soit, celui des libertés publiques".
Royal surveillée en 2007 ?
"En 2007, on se disait qu'on avait des officines sur le dos", confie à l'Obs Patrick Mennucci, qui pilotait la campagne de la socialiste. L'équipe de Royal était à l'époque persuadée que la messagerie d'un des portables de la candidate avait été écoutée à distance, précise l'hebdo. Mais pas de preuves formelles.
Du coup, l'actuel porte-parole de Ségolène Royal, Guilaume Garot, explique qu'aujourd'hui, "les conversations les plus importantes ne se font pas par téléphone".
Même Sarkozy...
Nicolas Sarkozy a également pensé que Dominique de Villepin l'avait mis sur écoutes juste avant la présidentielle de 2007, selon L'Express. Alors ministre de l'Intérieur, "il était convaincu d'être écouté par Dominique de Villepin. Ce qui était cocasse, c'est que Dominique de Villepin [alors chef du gouvernement] était aussi persuadé de l'être par Nicolas Sarkozy. Chacun désignait nommément une officine privée au service de l'autre", raconte à l'hebdo un des principaux ministres de l'époque. Un comble pour celui qui est aujourd'hui accusé de piloter la surveillance des journalistes...
Vive la parano ?
D'une manière générale, la suspicion est de mise chez les politiques depuis que la DCRI a été suspectée d'avoir mené deux enquêtes : une dans l'affaire Bettencourt pour identifier la source d'un journaliste du Monde et l'autre dans l'affaire des rumeurs sur la vie privée du couple présidentiel.
Du coup, les ministres font de plus en plus attention aux infos qu'ils livrent via leur téléphone. Par exemple, ils ne se font plus de blagues par SMS sur la vie privée des Sarkozy, confie à l'Obs un ex-chef de cabinet.
Jean-Pierre Raffarin ne parle pas des sujets délicats sur son portable, précise L'Express.
S'il reconnaît bien l'existence d'officines, l'actuel ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux assure à L'Express que les écoutes d'hommes politiques n'existent que "dans le cadre de procédures judiciaires".
Un ancien ministre UMP est convaincu que "des structures privées, qui se livrent parfois à de l'espionnage économique, soient aussi utilisées pour surveiller des responsables publics". Selon lui, cela "relève de l'évidence".
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