Carte judiciaire: grogne des avocats en Lorraine, à Marmande et Châteauroux
Par Robert KOCH
METZ (AFP) - Des avocats, furieux de la suppression de tribunaux envisagée, selon eux, par le gouvernement, ont cadenassé des tribunaux et se sont mis en grève jeudi en Moselle, dans le Lot-et-Garonne et dans l'Indre.
A Metz, une soixantaine d'avocats en robe ont bloqué les accès du palais de Justice, empêchant les personnels des différentes juridictions de se rendre à leur travail et perturbant la tenue des audiences. Ils ont aussi cadenassé ou bloqué les tribunaux de Thionville et de Sarreguemines ainsi que, brièvement, le TGV Est en gare de Metz.
A Châteauroux, les avocats se sont mis en grève pour protester contre l'annonce d'une probable fermeture de la cour d'appel de Bourges dont ils dépendent. Leurs 78 collègues du barreau de Bourges sont en grève depuis mardi pour le même motif.
Les avocats du barreau de Marmande ont voté jeudi la grève des audiences, dénonçant une future réforme de la justice qui pourrait entraîner la fermeture du tribunal de grande instance de Marmande et la disparition de la cour d'appel d'Agen.
Les avocats lorrains, en grève "totale et illimitée", ont expliqué dans un tract que "la garde des Sceaux annoncera le 27 juin sans aucune consultation ni dialogue la réforme de la carte judiciaire (prévoyant) la disparition de la cour d'appel de Metz et des TGI de Thionville et de Sarreguemines".
Une manifestation des avocats des trois barreaux aura lieu vendredi à 16H00 devant la préfecture de Metz, a-t-il ajouté.
Des responsables politiques et syndicaux locaux ont adressé des courriers à Mme Dati, certains pour signaler leur "indignation" (Gisèle Printz et Jean-Marc Todeschini, sénateurs socialistes), voire leur "opposition" (Jean-Marie Rausch maire DVD de Metz).
D'autres ont dénoncé "avec virulence" la réforme annoncée (Jean-Pierre Masseret, président socialiste du conseil régional) tandis que la CFDT a exprimé son "inquiétude".
Le conseil général de la Moselle, à majorité de droite, a adopté une motion demandant que la cour d'appel de Metz "soit reconnue et maintenue dans la réorganisation du territoire judiciaire".
Tentant de calmer le jeu, le procureur général de Metz, Jacques-Philippe Segondat, a assuré que la carte judiciaire serait réformée dans la concertation et qu'il n'existait au ministère de la Justice aucune "liste noire" de tribunaux appelés à disparaître.
"La garde des Sceaux (Rachida Dati) est très attachée à la concertation", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse.
Mme Dati doit présider mercredi à Paris une réunion d'"installation du comité consultatif de la carte judiciaire" en présence de représentants de toutes les professions judiciaires, magistrats, avocats, et greffiers.
"La garde des Sceaux n'envisage aucune annonce (de fermeture de tribunaux) à l'issue de cette réunion", a encore dit le premier président de la cour d'appel de Metz, Marcel Martin.
Le président de l'UMP mosellane, le député François Grosdidier, a pour sa part affirmé que "rien, aujourd'hui, ne permettait de dire que la cour d'appel de Metz était menacée".
La réforme de la carte judiciaire prévoit une cour d'appel par région et un TGI par département. La Lorraine compte deux cours d'appel, à Metz et Nancy, et la Moselle trois TGI, à Metz, Thionville et Sarreguemines.
Quelque 300 avocats sont inscrits au barreau de Metz, 60 à celui de Sarreguemines et 50 à Thionville.
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