Par Pascal Riché (Rue89) 13H06 18/06/2007
Alain Juppé inaugure ce matin la foire des vins de Bordeaux, dont il est maire. Les journalistes l'entourent, cherchent un commentaire à propos de sa défaite de la veille. Normal. Juppé n'aime pas trop cette situation. Normal aussi.
Il décide de dire ce qu'il a sur le coeur: "C’est la curée. Ils veulent savoir si je vais mal." Puis, à l'adresse des journalistes eux-mêmes: "Ce que vous voulez, c’est que j’aille très très mal, c’est cela qui vous exciterait. On sent une délectation amusante... Si je pouvais crever, vous seriez contents!"
Les médias, meute féroce. C'est un thème classique, vieux comme le journalisme.
François Mitterrand, après le suicide de Pierre Bérégovoy, en 1993, avait dénoncé ceux qui avaient "livré aux chiens l'honneur d'un homme et finalement sa vie". Le crime de la presse avait alors été de s'intéresser à un prêt sans intérêt accordé par l'homme d'affaire Patrice Pelat à l'ancien Premier ministre.
Ce week-end encore, Tony Blair a laissé percer une rancune sourde contre les médias. Ceux-ci "chassent de plus en plus en meute, comme des bêtes féroces qui mettent en pièce les gens et leur réputation", a-il déclaré.
Les hommes publics choisissent d'être "publics". Ils étalent leurs succès, ils cherchent la lumière, souvent avec jouissance. Mais lorsque le vent se retourne, ils dénoncent les projecteurs.
Si cela peut les rassurer, tous les journalistes ne sont pas si "chiens" avec eux. L'un d'entre eux, par exemple, décrivait dimanche soir à la télévision le "coup du sort" subi par Alain Juppé. Coup du sort? Il s'agit pourtant, très simplement, de tout le contraire: une élection.
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