11/06/2007

La droite capitalise la présidentielle

Partager
L’UMP l’emporte largement sur une gauche en déroute. Le PS recule, l’extrême droite est laminée et l’abstention bat des records.

de Nicole GAUTHIER

Victoire écrasante pour l’UMP et ses amis, défaite en rase campagne pour les socialistes et les confettis de la défunte gauche plurielle. A l’occasion du premier tour des élections législatives, une très large majorité des électeurs a donné à Nicolas Sarkozy « l’ample victoire » qu’il réclamait. Comme en 1981, 1988 et 2002, les Français, appelés à élire leurs députés dans la foulée de la présidentielle, ont offert au Président tout juste élu la majorité que celui-ci appelait de ses voeux.

Suprématie. Avec 41,95 % des suffrages (totalisation en voix établie à minuit par le ministère de l’Intérieur sur 43,5 des 44,5 millions d’électeurs inscrits), l’UMP et le Nouveau Centre font mieux qu’en 1993, qui avait consacré la suprématie de la droite à l’Assemblée nationale. En rassemblant 28,01 % des voix, le PS améliore le score de Ségolène Royal le 22 avril, et se maintient à son étiage de 2002, mais reste en dessous des 30 % espérés par la rue de Solferino pour limiter les dégâts. D’autant que l’ensemble de la gauche, forte de 36 % des suffrages, fait un peu moins bien qu’en 1993 (37 %). Selon les projections de la Sofres, la droite occuperait de 405 à 445 des 577 sièges de l’hémicycle, le PS disposerait de 100 à 140 sièges, le PCF de 6 à 12, et les Verts de 1 à 3.

Ce premier tour de scrutin a aussi été marqué par le plus fort taux d’abstention (39,52 %) à des législatives dans toute l’histoire de la Ve République. Sans doute nombre d’électeurs, convaincus que les jeux étaient déjà faits, ont-ils boudé les urnes. Cette démobilisation a beaucoup coûté au PS qui, après avoir perdu la présidentielle, a égrené ses querelles et ses divisions en place publique. Il est peu probable que les appels répétés à la mobilisation des électeurs de gauche au second tour puissent inverser une tendance aussi nette.

A genoux. Pour l’UMP, le succès est total. Convaincus par l’ouverture à une poignée de personnalités de gauche, l’annonce d’un paquet de cadeaux fiscaux et la promesse de réformes lancées au pas de charge, les électeurs ont confirmé leur choix du 6 mai. L’UMP a également réussi à mettre à genoux les centristes restés fidèles à François Bayrou, le jeune Modem (7,63 % des suffrages) ne réussissant pas, comme prévu, à s’imposer dans un scrutin uninominal à deux tours. Seuls une poignée de ses candidats ont arraché leur présence au second tour ­ dont le chef centriste, en ballottage favorable pour une triangulaire dans les Pyrénées-Atlantiques. Le Nouveau Centre, composé des ex-centristes ayant abandonné Bayrou, devrait, selon les premières projections, avoir assez de députés pour constituer un groupe parlementaire ­ leurs électeurs ne leur ont généralement pas tenu rigueur d’avoir tourné casaque au bon moment. Mais, ligoté à l’UMP, ce groupe virtuel ne sera pas de nature à troubler le face-à-face inégal entre la toute puissante UMP et un PS replié sur ses bases.

Pour la gauche, la vague de reflux est telle qu’elle devrait ruiner, à quelques exceptions près, ses espoirs de progression dans les territoires, principalement de l’ouest du pays (Bretagne, Aquitaine, Poitou-Charentes), qui s’étaient pourtant montrés amicaux lors de l’élection présidentielle. Les alliés ont disparu : malgré un score en légère régression par rapport à 2002 (4,28 %, contre 4,82 %), le PCF sera, sauf surprise, privé de groupe à l’Assemblée pour la première fois depuis un demi-siècle. Les Verts, faute d’accord électoral, ne peuvent espérer mieux que la reconduction de leurs trois sortants, et de 5,68 % (en 2002) dégringolent à 3,25 %. Avec 3,34 %, l’extrême gauche fait un peu mieux que lors des cuvées précédentes.

Triangulaires. Le Front national, enfin, confirme sa plongée amorcée lors de la présidentielle. Siphonnées par Nicolas Sarkozy dès le 22 avril, les voix frontistes se sont directement portées sur les candidats de l’UMP le 10 juin. Seule Marine Le Pen, dans le Pas-de-Calais, a gagné son ticket d’entrée pour le second tour. Le FN a perdu son pouvoir de nuisance : jouer les arbitres en provoquant des triangulaires. Avec 4,6 7 % des suffrages, MNR compris, soit deux fois moins que le score de Jean-Marie Le Pen à la présidentielle, le FN est à son plus bas niveau depuis vingt ans (il avait rassemblé 0,36 % des voix en 1981, mais 9,66 % en 1988).

http://www.liberation.fr/actualite/politiques/legislative/260409.FR.php

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire