14/06/2007

N'importe quoi

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mercredi 13 juin 2007, 18h14
Paris menace de bloquer des chapitres de négociation UE-Turquie

LA FRANCE MENACE DE BLOQUER L'OUVERTURE DE CHAPITRES DES NÉGOCIATIONS ENTRE L'UE ET LA TURQUIE
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BRUXELLES (Reuters) - La France a publiquement averti ses partenaires européens qu'elle pourrait s'opposer à l'ouverture de certains chapitres des négociations d'adhésion de la Turquie, au risque de provoquer une crise.

Nicolas Sarkozy, qui pense que la Turquie n'a pas sa place en Europe, a précisé après son élection à la présidence de la république qu'il donnait la priorité à la conclusion d'un accord sur un nouveau traité censé remplacer la défunte Constitution européenne lors du Conseil européen des 21 et 22 juin.

Il estime qu'il est plus urgent de sortir la construction européenne de son immobilisme que de mettre à exécution sa menace d'arrêter totalement les pourparlers avec la Turquie.

La question des frontières de l'Europe, a-t-il dit, se posera lors du Conseil européen de décembre 2007.

Est-ce à dire que la France acceptera que trois nouveaux chapitres de la négociation - affaires économiques et monétaires (UEM), statistiques et contrôle financier - soient ouverts le 26 juin, comme l'envisage la présidence allemande de l'UE ?

Le secrétaire d'Etat français chargé des questions européennes, Jean-Pierre Jouyet, a confirmé mercredi ce que des diplomates disaient en privé depuis une semaine.

"Nous aurons à nous déterminer d'ici la fin du mois de juin", a-t-il déclaré sur les ondes de France Inter. "Mais je veux être clair aujourd'hui sur le sujet (...), il n'y aura pas de poursuite des négociations comme si rien ne s'était dit."

De source diplomatique, on précise cette position.

"IL Y A CHAPITRE ET CHAPITRE"

"Rien n'est décidé quant au nombre et au type de chapitres qui seront ouverts", souligne un responsable. "Sarkozy a dit qu'il n'y aurait pas d'arrêt complet des négociations, il n'a pas dit que les trois chapitres seraient ouverts.

"Montrons que les discussions continuent, cela peut s'exprimer par l'ouverture de nouveaux chapitres. Mais il y a chapitre et chapitre", ajoute ce diplomate.

En clair: pas de problème pour débattre d'harmonisation des statistiques ou de transports, sujets qui pourraient être abordés avec un simple partenaire, comme l'Ukraine.

Mais l'ouverture de chapitres qui ont clairement pour but l'adhésion, comme l'UEM, est problématique.

"Les institutions, l'Union économique et monétaire n'ont de sens que s'il y a adhésion au bout", a expliqué le diplomate.

Techniquement, le chapitre sur l'UEM est prêt à être ouvert.

"Ce que je peux vous dire c'est que, dans le chapitre Union économique et monétaire, de la part de la Commission, il n'y a pas, ni dans le cas de la Turquie, ni dans d'autres cas, de difficulté majeure", a déclaré mercredi le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia.

En outre, pour la plupart des pays membres, les négociations d'adhésion ont pour but ... l'adhésion, même si, lors de leur ouverture en 2005, il a été précisé que l'on ne pouvait préjuger du résultat final et qu'en cas d'échec tout serait fait pour ancrer la Turquie aux structures européennes.

LONDRES POURRAIT SE BRAQUER

S'il apparaît que le ton conciliant de Sarkozy est uniquement dû à la volonté de ne pas polluer le sommet européen par la question turque, certains partenaires de la France, comme le Royaume-Uni, pourraient trouver la ficelle un peu grosse.

Un responsable de la Commission n'a pas exclu que Tony Blair mette la question sur la table les 21 et 22 juin et qu'il fasse un lien entre les réformes institutionnelles et la poursuite des négociations, y compris sur les chapitres importants.

Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, dont le pays est un fervent partisan de l'adhésion turque, a réagi dès mercredi à ces informations.

Rappelant la nécessité de respecter les décisions prises, il a ajouté: "Et s'il y a des blocages politiques de quelque nature que ce soit qui font soudainement irruption dans des accords, dans des processus qui ont déjà été approuvés, nous soulèverons certainement cette question d'une manière ou d'une autre."

Devant le risque d'une confrontation, la présidence allemande a prudemment renoncé à inscrire l'affaire des trois chapitres à l'ordre du jour de la réunion des ambassadeurs de l'Union européenne qui aura lieu jeudi à Bruxelles.

"La présidence ne veut pas prendre le risque d'évoquer ça avant le sommet", a expliqué un diplomate.

Jusqu'à présent, un seul des 35 chapitres de la négociation, portant sur la science et la recherche, a été clôturé.

En décembre 2006, les dirigeants européens ont décidé de geler la négociation sur les huit chapitres les plus importants, puisqu'ils portent sur des dossiers comme l'agriculture ou la libre circulation des services.

Cette décision sanctionne le refus de la Turquie d'ouvrir ses ports et aéroports aux navires et aux avions chypriotes grecs, comme elle s'y est engagée dans le protocole d'Ankara.

L'UE a également décidé qu'aucun nouveau chapitre ne pourrait être clos tant que la Turquie n'aura pas honoré ce qui est une obligation pour les Européens, alors qu'Ankara lie son accord à un règlement de paix entre Chypriotes grecs et Turcs. Les Turcs de Chypre avaient accepté le plan de paix de l'Onu en 2004, mais leurs Chypriotes grecs l'avaient refusé par référendum.

A la fin des négociations, le peuple français sera appelé à se prononcer par référendum sur l'adhésion de la Turquie.

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