Sarko au G8 : bourré ou pas bourré ?
Jean-François Goulon
le 13 juin 2007
Notre nouveau président de la République s'est montré sous un nouveau jour, en fin de semaine dernière, lors de sa conférence de presse à l'issue d'un entretien avec son homologue russe, Vladimir Poutine.
C'est un Sarkozy au pas mal assuré et hilare qui arrive au pupitre. Pendant les quarante premières secondes de sa prestation, il tangue de droite à gauche et a visiblement du mal à placer ses mots.
Pour le journaliste belge Eric Boever de la RTBF, qui a diffusé cet extrait surréaliste, Nicolas Sarkozy "n'avait pas bu que de l'eau". Devant l'ampleur de la polémique et la vitesse à laquelle la vidéo a été relayée sur le net, le journaliste s'est rétracté et a présenté ses excuses auprès de l'ambassade de France à Bruxelles. Certains disent que l'Elysée aurait fait pression.
Les chaînes de télévision françaises, quant à elles, ont décidé de ne pas diffuser les images incriminantes. Pourtant devant le succès fulgurant de cette vidéo sur YouTube ou DailyMotion (on parle de plus d'un million de téléchargements en quatre jours), le calcul paraît étonnant de la part de chaînes qui n'hésitent généralement pas à diffuser toutes sortes d'horreurs et de mensonges, pourvu que ça rapporte ! Il faut se rappeler qu'il y a peu, pendant la campagne présidentielle, ces mêmes chaînes avaient diffusé et rediffusé à l'envi la fameuse vidéo de Ségolène sur la "bravitude", avec les commentaires moqueurs dont on se souvient. De là à parler de censure…
Pour être honnête, il faut dire que LCI a diffusé une partie de la suite de cette conférence de presse. La partie ou il paraît avoir retrouvé un peu de maintien (ce qui n'est pas si honnête). Mais les quarante premières secondes, véritable pièce à conviction, niet, rien, nada ! France3, elle, s'est contenté de diffuser le passage sur le climat. Pas trop compromettant !
Et la presse, dans tout ça ? Le Parisien, lui, a mis en une sur son site web la fameuse vidéo en question. Le Monde s'est contenté d'évoquer l'affaire en la minimisant, comme une mauvaise blague faite au président. Libération en dit un peu plus et émet une hypothèse grandiose : "… Nicolas Sarkozy ne semble pas éméché mais plutôt essoufflé, pas préparé, hoquetant (un problème de digestion?), peut-être grisé tout simplement par sa propre prestance et son rang de puissant au milieu des puissants de ce monde."
Bien sûr, l'ensemble de la presse et notamment nos journalistes hexagonaux, dont on connaît globalement la pauvreté de pensée récurrente, se sont empressés de rappeler que Sarkozy ne boit jamais d'alcool et qu'il est un adepte du sport (le jogging en particulier). Pourtant, qui n'a pas vu le candidat Sarko au salon de l'agriculture boire d'un trait un verre de vin blanc qui lui était tendu ? Cette image m'avait frappé et j'ai pensé sur le coup qu'il était peut-être un ancien buveur (dans sa jeunesse ?).
Mais revenons à la conférence de presse. Nous avons appris que l'entretien avait duré une heure (soit une demi-heure de plus que prévue, expliquant son retard à la conférence de presse). Apparemment les deux hommes se seraient plutôt bien entendus et, selon le TimesOnline, les deux hommes auraient échangé leurs numéros de portable. Quand on se souvient de Nicolas Sarkozy qui affirmait qu'il ne serrerait jamais la main de Poutine ! Mais en politique, il ne faut peut-être jamais dire jamais.
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