15/06/2007

Sans papiers/ RESF

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«Un an de circulaire et toujours dans la misère»
Manifestation des sans papiers sur le parvis de l'Hôtel de Ville, le 13 juin. DR
REPORTAGE • Un an après la circulaire Sarkozy sur la régularisation des parents d'enfants scolarisés, les expulsions continuent. Les sans-papiers ont manifesté cet après-midi devant l'Hôtel de Ville.
Par Elodie BOUGOIN
LIBERATION.FR : mercredi 13 juin 2007

«Laissez-les grandir ici». La banderolle est déployée sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris ce mercredi après-midi. Des centaines d’hommes et de femmes accompagnés de leurs enfants - chinois pour la plupart - ont répondu présent à l’appel du Réseau Education Sans Frontières, à l’origine de la manifestation.

La plupart d’entre eux ont déjà présenté, en vain, une demande de régularisation dans le cadre de la circulaire Sarkozy. A leur côté, des parents, professeurs et militants. «Les familles vivent dans la peur, le désarroi et l’inquiétude d’être séparés de leurs enfants, s’indigne Pierre Cordelier, un des porte-paroles du Réseau. Les enfants sont pourchassés par Sarkozy et ses sbires!»

Le 13 juin 2006, le ministère de l’Intérieur publie la circulaire Sarkozy. Objectif affiché: régulariser de façon «exceptionnelle» et sous conditions des étrangers en situation irrégulière dont au moins un enfant était scolarisé. Un an plus tard, le locataire de la place Beauvau est devenu chef de l’Etat et le sort des enfants sans papiers scolarisés reste toujours aussi sensible. C’est pour maintenir la pression sur ce dossier que des centaines de familles en situation irrégulière sont réunies ici, un an jour pour jour après la signature de cette circulaire.

Une jeune lycéenne asiatique, timide, prend le micro, tête baissée: «La France est mon pays. Je suis à l’école et j’ai envie de vivre avec ma famille». Isatou, jeune femme sénégalaise, est amère: «Nous sommes venus en France pour vivre mieux mais au lieu de ça, aujourd’hui, on est en danger. Mon mari a ses papiers et travaille mais moi aussi je veux les miens. Mes enfants sont nés ici et ils ne connaissent pas leur pays d’origine.»

R., un algérien d’une cinquantaine d’année, est un cas un peu atypique: «J’ai deux enfants français et cinq algériens. Je vis dans le 16e arrondissement et toute ma famille est ici. Il y a un mois, ma femme et moi avons reçu une obligation de quitter le territoire alors que nous remplissons les critères demandés pour être régularisés.» Un coup dur pour quelqu’un qui a travaillé six ans, dit-il, pour l’administration française.

Plusieurs adjoints au Maire viennent apporter leur soutien aux manifestants. Un mûrier est planté, symbole de la «résistance», selon une élue. Les manifestants remplissent de nouvelles demandes de régularisation que les militants de RESF se chargent d’apporter à la préfecture.

Une dame seule, à l’écart, hurle. Elle est Haïtienne: «Le cas par cas on en veut pas!» Elle est en France depuis 7 ans et a fait une demande de régularisation il y a un an déjà. Sans succès. Aujourd’hui elle veut obtenir un rendez-vous: «Un an de circulaire et toujours dans la misère. Voilà ma vie aujourd’hui! C’est hypocrite d’avoir instauré des critères puisque je connais des gens dans la même situation que moi qui ont pu être régularisés et pas moi. C’est injuste.»

Quelqu’un derrière glisse: «Il y a des flics partout madame vous allez vous faire emmener, ils n’attendent que ça. Rejoignez la foule». D’après quelques militants ce cas s’est déjà produit.

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