LE MONDE | 25.07.07 | 14h02 • Mis à jour le 25.07.07 | 14h02
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Jusqu'ici les attaques frontales et médiatiques sont venues de la droite. Le 26 juin, Nicolas Sarkozy a tiré, le premier, contre le schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif). Elaboré par le conseil régional présidé par le socialiste Jean-Paul Huchon, ce document - encore au stade de projet - a pour ambition de planifier l'aménagement du territoire à l'horizon 2030.
Objectifs
Le Schéma directeur de la région Ile-de-France vise à rapprocher logements, emplois et transports en commun pour lutter contre l'étalement urbain. D'ici 2030, le Sdrif prévoit la création de 60 000 logements par an soit 1,5 million en vingt-cinq ans. La construction annuelle moyenne entre 1990 et 2005 a été de 40 800. Elle chute depuis 2000. Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne devront construire 29 400 logements par an contre 20 800 en moyenne depuis 1990.
Agenda
Du 15 octobre au 8 décembre. Enquête publique.
A l'été 2008, au plus tôt, adoption du texte définitif par la région. Pour entrer en application, il devra être validé par le Conseil d'Etat. La décision de le transmettre relève du gouvernement.
Le 18 juillet, le premier ministre, François Fillon, a prévenu M. Huchon que le gouvernement ne donnerait pas son feu vert si la copie définitive du Sdrif n'intégrait pas certaines demandes de l'Etat, à l'issue de l'enquête publique prévue d'octobre à décembre.
Plus discrètes jusque-là, les critiques commencent aussi à se faire entendre à gauche. Certains élus socialistes franciliens reprochent au Sdrif, en imposant un programme trop lourd de logements sociaux à l'est, de tourner le dos à son objectif affiché : permettre aux départements les plus pauvres de rattraper leur retard économique par rapport à l'ouest.
Pour répondre à la demande de logements et enrayer l'étalement urbain, le Sdrif, élaboré sous la houlette de Mireille Ferri, vice-présidente (Verts) à la région, prévoit que, sur les 60 000 logements à construire chaque année à l'échelle régionale, près de 30 000 le soient à Paris et dans les trois départements limitrophes. La Seine-Saint-Denis devra ainsi augmenter de 109 % sa construction totale de logements, le Val-de-Marne de 60 %, les Hauts-de-Seine de 21 %.
Ces trois départements devraient créer environ 5 000 logements sociaux par an chacun, ce qui suppose un effort de rattrapage plus important pour les Hauts-de-Seine que pour le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis. Mais, si les objectifs du Sdrif sont respectés, ce dernier département verra, au final, sa proportion de logements sociaux passer de 36 % en 2005 à 44 % en 2030 : un niveau toujours nettement plus élevé que la moyenne régionale (33 %).
"La concentration de logements continue d'être imposée aux mêmes, s'insurge Gilbert Roger, le maire PS de Bondy (Seine-Saint-Denis). C'est bien en Seine-Saint-Denis que les pouvoirs publics veulent construire toujours plus et rien dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines. Pourquoi ?"
Les conseils généraux (PCF) de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne ont donné un avis favorable au Sdrif. M. Roger reproche aux élus communistes de son département "une erreur de stratégie". "Ils veulent engranger des logements sociaux pour se constituer un stock électoral, dit-il. Les mauvais résultats des dernières législatives du PCF montrent que ce n'est plus payant. Face aux problèmes sociaux, une partie de l'électorat de gauche finit au contraire par quitte le département." Le maire de Bondy entend faire du logement un thème de la campagne du PS local pour la conquête du conseil général aux cantonales de 2008.
"La Seine-Saint-Denis, dirigée par le PCF, ne doit pas continuer à supporter seule la demande croissante de logements sociaux dans la région, estime Bertrand Kern, le maire PS de Pantin (Seine-Saint-Denis). Il nous faut sortir du partage historique de la région entre les gaullistes à l'ouest et les communistes à l'est." Pour Olivier Galiana, conseiller régional PS, "le Sdrif a prévu beaucoup de logements sociaux en Seine-Saint-Denis parce que le pouvoir régional n'a pas voulu en imposer suffisamment à Paris. L'exécutif de la région s'est autocensuré pour ne pas fragiliser Delanoë".
"Un mauvais procès", réplique Pierre Mansat, adjoint PCF de Bertrand Delanoë chargé des relations avec les collectivités territoriales. Le Sdrif assigne à la capitale l'objectif de création de 20 % de logements sociaux d'ici à 2030 contre 15 % aujourd'hui. Un effort très important compte tenu "des contraintes foncières de l'espace parisien", a rappelé Bertrand Delanoë, le 16 juillet. Le maire de Paris s'est toutefois engagé à dépasser l'objectif du Sdrif pour atteindre la barre des 25 % d'ici à 2030. Confronté à la montée des réticences des élus de la gauche francilienne, M. Huchon n'entend pas, du coup, transiger avec les exigences du Sdrif en matière de logement dans les Hauts-de-Seine. "Je continuerai à plaider notamment auprès de l'Etat pour que le plan de renouveau du quartier d'affaires de La Défense - avec à la clé 150 000 m2 de nouveaux bureaux - inclue davantage de logements", affirme le président de la région.
Inscrite dans le Sdrif, cette recommandation est "impossible à réaliser", prévient d'emblée Roger Karoutchi, président du groupe UMP au conseil régional. "Les derniers terrains disponibles pour construire des logements près de La Défense ont été transférés à la ville voisine communiste de Nanterre, par le gouvernement de Lionel Jospin", affirme-t-il. Egalement secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, il aimerait lui aussi que le Sdrif revoie à la baisse ses exigences en matière de logement dans l'agglomération parisienne.
Béatrice Jérôme
Article paru dans l'édition du 26.07.07.
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