03/07/2007

Prisons: sur le terrain, l'inquiétude

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Sans grâce présidentielle, les matons craignent la surchauffe
Depuis que Rachida Dati a annoncé que le champ des grâces présidentielles serait «extrêmement réduit» cette année, le personnel des établissements pénitentiaires, surpeuplés, craint une montée des tensions.
Par Liberation.fr
LIBERATION.FR : mardi 3 juillet 2007
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«S'il n'y a pas de grâce, ça va chauffer.» Jean-François Forget, secrétaire général de l'Union fédérale autonome pénitentiaire, le principal syndicat de surveillants, craint «des remous» parmi les détenus dans l'hypothèse où les traditionnelles grâces présidentielles du 14 juillet ne seraient pas de mise cette année.
La ministre de la Justice Rachida Dati a annoncé, le 13 juin, que leur champ serait «extrêmement réduit». Ne seront pas concernés les auteurs des «délits les plus graves, des atteintes aux personnes», a ajouté la ministre. Ces dernières années, le champ des grâces n'a cessé de se réduire (en 2005, les récidivistes, en 2006 les auteurs de violences conjugales).

De quoi faire craindre une montée des tensions dans les établissements pénitentiaires, déjà surpeuplés. «La nuit dernière encore, il y a eu un début d'émeute à la maison d'arrêt de Dunkerque, poursuit Jean-François Forget, sans pour autant établir un lien de cause à effet avec la question des grâces. Et l'administration pénitentiaire a déjà passé des consignes non-écrites pour demander aux chefs d'établissement de mettre un peu de mou dans leur gestion: donner un quart d'heure de promenade en plus, davantage de douches...».

A la maison d'arrêt d'Osny, dans le Val-d'Oise, les surveillants appellent à se rassembler jeudi devant la prison, à Osny, pour protester contre la recrudescence des agressions dont ils sont victimes de la part des détenus. Pour Samuel Dehondt, du syndicat FO pénitentiaire, la nervosité des détenus pourrait s'expliquer en partie par la réduction annoncée des grâces présidentielles.

Quant à savoir si moins de grâces signifie un moindre désengorgement des prisons, le calcul n'est pas si simple. «Les années précédentes, il y avait 3000 grâces environ. Ça libérait des places pour l'été, mais elles étaient de nouveau remplies à l'automne, il n'y a aucun bénéfice», souligne Christophe Marquès, secrétaire général FO pénitentiaire.

Ainsi, en juillet 2006, le nombre de détenus s'établissait à 59.488, selon les chiffres de l'administration pénitentiaire. Il tombait à 56.806 en août, pour remonter à 59.015 en décembre.
Au 1er juin 2007, on comptait 60.870 détenus, toujours selon l'administration pénitentiaire, qui se refuse à communiquer le chiffre des places disponibles. Un chiffre qui s'établirait, selon Pierre Tournier, directeur de recherches au CNRS, à 50.329. On en arriverait donc à 121 détenus pour 100 places.

Le programme pénitentiaire lancé en 2002 prévoit la création de 13.200 places sur une trentaine d'établissements d'ici à 2012. Mais les syndicats craignent une augmentation en parallèle des incarcérations, notamment avec le projet de loi sur la récidive. Examiné au Sénat à partir de jeudi, il prévoit d'instaurer des peines plancher dès le second passage devant le juge et dès les infractions passibles de trois ans de prison ou plus

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