La présidence a repris (si elle l’avait jamais délaissé...) son rythme médiatique frénétique. Une flopée de réunions par-ci pour afficher la réactivité dans l’action, un enterrement par là pour la teinte d’humanité et d’émotion transpirante, quelques déclarations fracassantes, enfin, pour ne perdre ni la main, ni la parole.
Rendre compte de chaque battement de cil de l’« hyperprésident », pour reprendre le néologisme du Sert-à-rien général du PS, est devenu la spécialité de Big Média. Le Big Brother d’OrWell a donc tourné tous les feux de la rampe vers lui, au risque d’une saturation.
Pourtant, Big Sarkozy satisfait encore plus de 60 % de Français et cette base ne s’étiolera pas facilement pour l’analyste Pierre Giacometti : pas du soutien de dernière heure qui s’évapore au premier coup dur politique, à la première grogne sociale.
Son talon compensé d’Achille ne doit pourtant pas être minoré : la surmédiatisation en fait la première cible pour une opposition qui se cherche encore.
Même l ‘agité fringuant Chirac, en 1995, savait se ménager des retraits et laisser son Juppé de Premier ministre assumer le charbon de la politique gouvernementale. Ici, dans cette neuvième mandature présidentielle, l’Elysée préserve de fait Matignon qui accomplit dans la discrétion les projets claironnés avant le six mai.
Comment juger, alors, le traitement médiatique des actions et prises de position du nouveau président ? Sans aller jusqu’à la complaisance, peut-on évoquer une prédisposition favorable du corps majeur de Big Média qui ne laisse émerger que de rares appendices hérissés contre ce réflexe pavlovien ?
L’esprit féru de liens, de parallèles à établir, pourrait tenter de lancer une passerelle vers les années Balladur, 1993-1995, alors puissant Premier ministre cohabitationniste, soutenu par l’ambitieux Nicolas Sarkozy, qui s’accordait une lune de miel prolongée avec les journalistes, au point de croire (grâce aussi au fortifiant sondagier, convenons-en) à son destin présidentiel. Le diapason peuple-média ne résistera pas à l’échéance électorale, l’Edouard majestueux, gélifié dans sans convenances désuètes, ne collant plus à l’aspiration populaire d’un renouveau dynamique au revigorant goût de pomme verte.
Big Sarkozy a donc surpassé son maître d’alors, Sage de Matignon, en offrant son activisme à cette caisse de résonance jusqu’à présent bienveillante et en phase avec l’attente majoritaire.
L’onde néfaste, marquant le retournement de l’opinion, devrait se renforcer si le dynamisme déployé est en décalage avec les résultats ou le sentiment de résultats obtenus. Un agacement se propagera chez le peuple amnésique, friand de têtes de Turc déresponsabilisantes, et Big Média emboîtera le pas face à l’incontournable vague désapprobatrice. A moins qu’un scandale, une affaire impliquant l’Elysée ne ragaillardisse le microcosme médiatique enclin à brûler ses idoles.
La France anti Big Sarko tiendra alors sa revanche, se cherchant pourtant toujours un leader naturel crédible.
Scénette ordinaire de la vie politique française qui masque les pôles réels d’influence sur la conjoncture nationale, sujet ô combien moins sexy que le bourrelet du chef d’Etat effacé en exclusivité pour Paris Match.
par Loïc Decrauze (Lyon)
Rendre compte de chaque battement de cil de l’« hyperprésident », pour reprendre le néologisme du Sert-à-rien général du PS, est devenu la spécialité de Big Média. Le Big Brother d’OrWell a donc tourné tous les feux de la rampe vers lui, au risque d’une saturation.
Pourtant, Big Sarkozy satisfait encore plus de 60 % de Français et cette base ne s’étiolera pas facilement pour l’analyste Pierre Giacometti : pas du soutien de dernière heure qui s’évapore au premier coup dur politique, à la première grogne sociale.
Son talon compensé d’Achille ne doit pourtant pas être minoré : la surmédiatisation en fait la première cible pour une opposition qui se cherche encore.
Même l ‘agité fringuant Chirac, en 1995, savait se ménager des retraits et laisser son Juppé de Premier ministre assumer le charbon de la politique gouvernementale. Ici, dans cette neuvième mandature présidentielle, l’Elysée préserve de fait Matignon qui accomplit dans la discrétion les projets claironnés avant le six mai.
Comment juger, alors, le traitement médiatique des actions et prises de position du nouveau président ? Sans aller jusqu’à la complaisance, peut-on évoquer une prédisposition favorable du corps majeur de Big Média qui ne laisse émerger que de rares appendices hérissés contre ce réflexe pavlovien ?
L’esprit féru de liens, de parallèles à établir, pourrait tenter de lancer une passerelle vers les années Balladur, 1993-1995, alors puissant Premier ministre cohabitationniste, soutenu par l’ambitieux Nicolas Sarkozy, qui s’accordait une lune de miel prolongée avec les journalistes, au point de croire (grâce aussi au fortifiant sondagier, convenons-en) à son destin présidentiel. Le diapason peuple-média ne résistera pas à l’échéance électorale, l’Edouard majestueux, gélifié dans sans convenances désuètes, ne collant plus à l’aspiration populaire d’un renouveau dynamique au revigorant goût de pomme verte.
Big Sarkozy a donc surpassé son maître d’alors, Sage de Matignon, en offrant son activisme à cette caisse de résonance jusqu’à présent bienveillante et en phase avec l’attente majoritaire.
L’onde néfaste, marquant le retournement de l’opinion, devrait se renforcer si le dynamisme déployé est en décalage avec les résultats ou le sentiment de résultats obtenus. Un agacement se propagera chez le peuple amnésique, friand de têtes de Turc déresponsabilisantes, et Big Média emboîtera le pas face à l’incontournable vague désapprobatrice. A moins qu’un scandale, une affaire impliquant l’Elysée ne ragaillardisse le microcosme médiatique enclin à brûler ses idoles.
La France anti Big Sarko tiendra alors sa revanche, se cherchant pourtant toujours un leader naturel crédible.
Scénette ordinaire de la vie politique française qui masque les pôles réels d’influence sur la conjoncture nationale, sujet ô combien moins sexy que le bourrelet du chef d’Etat effacé en exclusivité pour Paris Match.
par Loïc Decrauze (Lyon)
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