Onze ans après Saint-Bernard, "soupçon et mépris" persistent
Par Rue89 14H11 26/08/2007
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Ils étaient près d'un millier à manifester samedi à Paris pour réclamer des papiers "pour tous" et commémorer le 11e anniversaire de l'évacuation des sans-papiers de l'église Saint-Bernard.
Le cortège, formé par des membres de la Lutte communiste révolutionnaire (LCR), de Lutte ouvrière, du Mrap (Mouvement contre le racisme et l'amitié des peuples), du Réseau éducation sans frontières (Resf) et de divers collectifs de sans-papiers, a quitté la place de la république vers 15h dans une ambiance festive. Trois heures plus tard, le groupe s'arrêtait face à l'église Saint-Bernard dans le XVIIIe arrondissement de la capitale.
C'est dans cette même église que 300 sans-papiers s'étaient enfermés il y a onze ans pour réclamer une régularisation de leur situation. C'est de cette Eglise qu'ils ont été évacués de force par les forces de l'ordre le 23 août 1996. Pour la première fois, 300 sans-papiers d'origine africaine faisaient savoir qu'ils ne voulaient plus travailler illégalement, ni vivre dans l'anonymat.
Leur combat commence au mois de mars 1996, lorsqu'ils occupent l'église Saint-Ambroise (dans le Xe arrondissement), et subissent une première évacuation par les forces de l'ordre. La metteur en scène Ariane Mnouchkine les accueille ensuite dans son théâtre, à la Cartoucherie de Vincennes, à l'ouest de Paris. Elle demande à une trentaine de ses amis d'agir en médiateurs avec gouvernement, afin d'obtenir l'examen de leur dossier de régularisation.
Ce "collège de médiateurs", après une réunion avec le groupe d'immigrés, établit une série de critères de régularisation et obtient la promesse de Jean-Louis Debré, alors ministre de l'Intérieur.
Mais le gouvernement Juppé ne donnera finalement de carte de séjour qu'à 22 sans-papiers. Un bras de fer entre les médiateurs et le gouvernement commence, dont le symbole fort devient l'évacuation des sans-papiers de l'Eglise Saint-Bernard.
Rue89 a contacté l'ancien porte-parole du collège des médiateurs de Saint-Bernard, Stéphane Hessel. Il déplore le traitement politique de la question des sans-papiers, qui "ne peut se régler que par l'Europe", appelle les autorités à faire preuve de "générosité" dans l'examen des dossiers, et demande la mise en place d'aides au retour pour ceux qui ne sont pas régularisables
Alors que beaucoup semblent considérer l'immigration comme un problème, Stéphane Hessel rappelle que la France s'enrichit, au contraire, de ses différents apports migratoires, et qu'elle a réussi, "pendant des décennies, l'intégration de très nombreux immigrés".
Enfin, interrogé sur la mise en place du Ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, Stéphane Hessel "regrette et condamne" un choix qui stigmatise les immigrés.
Maria Mancilla et Zineb Dryef
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