Avatar|
Par tian , le 30/09/2007/ Le Post
On sonne à la porte ... On ne comprend pas ... Des coups, des coups de plus en plus forts, on ouvre, "Police" ... on fait tomber sa haise, on bouscule la table, on ouvre la fenêtre, on glisse, on tombe, on est dans le comas ... on meurt... On est chinoise, algerienne, malienne, rom... être humain.
La cloche sonne, dans la cour de l'école on se dirige en riant vers la cantine... C'est l'heure du repas, l'heure tant attendu quand on a faim ... Les chaises se bousculent, on va manger, on ... non pas toi, ni toi, ni toi ... vous êtes des enfants de sans papiers, vous êtes des hors-la-loi, vous n'êtes pas dignes de manger avec les autres petits qui eux ont des papiers ... allez ouste, pas de repas, vous êtes des enfants ... mais des enfants a qui un maire refuse ce simple geste de solidarité humaine, parce que ... parce que nous vivons dans un pays où les "sans" ne doivent plus vivre...
Allez ouste les "sans" !!!
Vous les "sans" travail, logement, papiers, soins, ... vous n'avez plus le droit à notre considération, vous êtes des étrangers, vous n'êtes même plus des êtres humains, vous êtes moins que des bêtes, allez ouste ... dégagez...
Nous étions autrefois le pays de la Révolution Française, de la déclaration des droits de l'homme, de la liberté, de la fraternité, de l'égalité ...
Oui mais c'était autrefois ... Il y a bien longtemps ...
Maintenant nous voilà devenu un pays moderne, un pays libéral...
Pourtant j'ai l'impression d'être revenu un peu en arrière, vous savez à cette époque, oh, pas si lointaine que ça, où des êtres humains, qui vivaient en France, qui étaient français ou pas, devaient porter un signe distinctif sur la poitrine parce qu'ils n'étaient pas très catholiques ... parce qu'ils avaient "le tort" d'être juifs... et pour d'autres encore parce qu'ils avaient "le tort" d'être communistes, républicains espagnols, homosexuels, roms ... où que sais-je encore ... Eux aussi, souvent n'avaient pas de papiers, eux aussi tremblaient quand ils entendaient des coups à la porte, quand ils entendaient les pas das la cage d'escalier, eux aussi de temps en temps bousculaient des chaises, faisaient tomber la table de la cuisine, ouvraient la fenêtre, glissaient sur la goutière et mouraient sur le pavé ...
J'ai passé mon enfance à entendre dans ma famille des histoires d'êtres humains livrés à la gestapo, aux collaborateurs parce qu'ils avaioent le tort d'être juifs, communistes ...
J'ai cru que ces temps étaient révolus ...
Hélas je crois que je me suis trompé ...
Dans ces moments-là, je pense à ce grand père maternel, répubicain espagnol, fusillé par les franquistes, à ce grand père paternel entré dans la résistance pour ne pas porter un signe distinctif, à ce père risquant sa vie pour aider l'autre, l'étranger ...
Parce que dans notre famille, l'étranger n'a jamais été un étranger, il a toujours été considéré comme un être humain ...
Alors, reprenant ce superbe slogan de Mai 68 qui proclamait "nous sommes tous des juifs allemands", je pense qu'il serait temps que nous descendions dans la rue pour affirmer que nous sommes tous des étrangers, que nous sommes tous des sans papiers...
1 commentaire:
Oui, joli et pertinent.
Enregistrer un commentaire