13/09/2007

La France dans les pas des Etats-Unis encore un lien avec LA GROSSE MAGOUILLE, voir infos du 12/O9

Partager
Paris cherche à convaincre l'Union européenne de sanctionner Téhéran
LE MONDE | 13.09.07 | 10h49 • Mis à jour le 13.09.07 | 11h07

Sur le dossier nucléaire iranien, sans le dire publiquement, la diplomatie française se positionne en pointe pour tenter de mettre en place un mécanisme de sanctions accrues contre Téhéran au niveau européen. La démarche se situe délibérément en dehors du cadre du Conseil de sécurité de l'ONU, ce qui constitue un tournant, impulsé depuis l'été par Nicolas Sarkozy, qui s'est entretenu le 11 août avec George Bush à Kennebunkport.

Il s'agit de la mise en place d'une politique plus proche de celle des Etats-Unis, qui depuis des années prennent des mesures coercitives financières contre l'Iran à titre unilatéral, et ont cherché par le passé à entrainer les Européens sur cette voie.

L'objectif des responsables français est de parvenir à des sanctions additionnelles contre l'Iran qui seraient, de préférence, agréées par l'ensemble des pays de l'Union européenne.

Mais si un consensus s'avérait impossible à dégager entre les Vingt-Sept, Paris chercherait aux côtés des Britanniques à constituer un groupe de "pays volontaires" en Europe pour accroître la pression sur le régime iranien - ce dernier refusant toujours de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium en dépit des demandes répétées de l'ONU.

L'initiative française sur des sanctions additionnelles européennes contre l'Iran figurera au menu des discussions que doit avoir le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, avec la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, la semaine prochaine à Washington. Mais c'est entre Européens que l'affaire se joue actuellement. Paris multiplie les démarches pour tenter de convaincre les responsables allemands, non sans difficultés.
L'idée de sanctions autonomes européennes contre l'Iran a été évoquée lors de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande, Angela Merkel, le 10 septembre à Meseberg, en Allemagne.

LES ALLEMANDS PARTAGÉS

Selon des sources diplomatiques, la chancelière allemande est favorable à l'initiative française, mais elle doit composer avec une coalition gouvernementale disparate. Le chef de la diplomatie allemande, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, serait, lui, réticent, ainsi que le ministre des finances, Peer Steinbrück. De nombreuses PME allemandes sont présentes en Iran. L'Allemagne est l'un des pays européens où les crédits à l'exportation vers la République islamique sont les plus élevés.

Les consentements de l'Italie – autre pays très actif économiquement en Iran – et de l'Espagne ne sont pas acquis non plus. Dans les différents pays européens, les milieux financiers et économiques veulent éviter d'avoir à payer seuls le prix de sanctions accrues, au cas où celles-ci ne seraient pas endossées par l'ensemble de l'UE. Les Britanniques sont partants, mais ils se méfient de l'impact que cela aurait sur la place forte financière qu'est la City.

Aucune proposition française détaillant le contenu de sanctions additionnelles contre l'Iran n'a été officiellement transmise à Bruxelles, à ce stade. Les consultations menées par Paris sont de nature bilatérale. Les mesures envisagées porteraient sur un rallongement des listes d'entreprises, de banques, d'institutions ou de personnalités iraniennes frappées de gel d'avoirs ou d'interdiction de transactions en Europe.

L'Union européenne a déjà adopté des sanctions autonomes contre l'Iran, certaines venant renforcer ce qui a été décidé dans la résolution 1747 de l'ONU, adoptée en mars. L'UE observe un embargo sur les ventes d'armes à l'Iran et a rendu obligatoires des interdictions de visas frappant certains officiels iraniens.

Le souhait français est d'aller plus loin désormais. Cela intervient au moment où le processus de négociation à l'ONU sur une nouvelle résolution de sanctions apparaît enlisé, et cela pour de longs mois, en raison d'un blocage russe. Moscou a en effet informé les Occidentaux qu'il était exclu de voter de nouvelles mesures tant qu'un "plan d'action" entre l'Iran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), conclu le 21 août, n'aurait pas été testé jusqu'au bout. Cela pourrait repousser le vote à l'ONU au début de l'année 2008.

Le durcissement de la diplomatie française à l'égard de l'Iran a été exprimé le 27 août par Nicolas Sarkozy dans un discours devant des ambassadeurs réunis à Paris. Le président français a appelé à des "sanctions croissantes" si l'Iran ne se conforme pas aux demandes qui lui sont faites. Il a aussi évoqué une "alternative catastrophique" si la diplomatie devait échouer : "La bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran".

Le 6 septembre, le porte-parole de l'Elysée, David Martinon, a évoqué des "sanctions additionnelles", en faisant remarquer qu'il existe déjà des sanctions contre l'Iran prises hors du Conseil de sécurité. Mais l'Elysée et le Quai d'Orsay se sont montrés d'une grande discrétion sur ce qui constitue une inflexion notable de la politique française dans la crise autour du nucléaire iranien. Outre l'enceinte européenne, les officiels français envisagent d'agir au sein d'un autre "format" pour exercer des pressions sur l'Iran : celui du G7.

En misant sur un mécanisme de sanctions accrues, M. Sarkozy montre qu'il a foi en leur efficacité, jugée susceptible d'infléchir le comportement des dirigeants iraniens et de décourager l'option militaire en cas d'escalade de la crise.

Pendant ce temps, le Congrès américain a commencé, cet été, à se pencher sur de nouveaux textes législatifs à caractère extra-territorial, frappant de sanctions des firmes étrangères traitant avec l'Iran. Les Européens pourraient, sur ce plan, être mis devant le fait accompli.
Natalie Nougaurède

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire