12/09/2007

L'accident de scooter de Jean Sarkozy au tribunal

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L'accident de scooter de Jean Sarkozy au tribunal


STÉPHANE DURAND-SOUFFLAND.
Publié le 12 septembre 2007


Actualisé le 12 septembre 2007 : 08h20


Il y avait foule, hier, pour une audience très brève opposant un conducteur de BMW au fils du président de la République.

C'EST LA RAYURE de pare-chocs la plus courue des annales judiciaires : le tribunal correctionnel de Paris est officiellement saisi, depuis hier, d'une plainte visant le pilote d'un scooter. Lequel aurait, en octobre 2005, place de la Concorde, détérioré l'arrière gauche d'une BMW flambant neuve, avant de s'enfuir en adressant un « geste offensant » au conducteur de l'auto, qui a toutefois eu le temps de relever sa plaque minéralogique. L'accrochage occasionne 260,13 euros de réparations, somme qui permet de mesurer l'ampleur de cette tragédie routière.
Seulement voilà : le cyclomotoriste, rappelle la présidente de la Xe chambre assiégée par la presse internationale - on note la présence de reporters italien et basque -, se nomme « Jean Sarkozy de Nagy-Bocsa ». En dépit de cette frénésie médiatique, l'audience est limitée à la fixation du montant de la consignation que devra verser le plaignant, M'Hamed Bellouti, 36 ans, « employé à temps partiel » par son frère, pour que sa demande (260,13 eur plus 4 000 eur de dommages et intérêts) prospère.
« Les huissiers avaient peur »
L'avocat de Jean Sarkozy, Me Thierry Herzog, représente son client. À son confrère, Me Christophe Launay, qui déplore de ne pouvoir fournir au tribunal un état civil complet du fils cadet du chef de l'État (ministre de l'Intérieur à l'époque), Me Herzog concède, en versant la photocopie d'un passeport : « Ce doit être, en effet, très difficile à trouver. Je crois savoir que son père se prénomme Nicolas » (rires). Puis : « Je souhaiterais consulter l'acte de vente de la voiture qui, selon la carte grise, a été mise en circulation le 18 octobre 2005, alors que l'accident aurait eu lieu le 14. »
L'audience est fixée au 4 décembre. Le tout aura duré moins de cinq minutes. À l'extérieur, malgré la foire d'empoigne, M. Bellouti s'explique : « Je ne comprends pas comment fonctionne la démocratie. Je n'ai connu l'identité de Jean Sarkozy qu'un an après les faits, on ne peut donc pas me reprocher de le poursuivre parce qu'il est le fils du président de la République. » Selon lui, le jeune homme n'a donné suite à aucun des courriers recommandés qui lui étaient adressés. Pire : le commissariat du XVIe arrondissement n'a jamais organisé la confrontation qui aurait été promise. « Quand le scooter de Jean Sarkozy a été volé, on a mobilisé le FBI, ironise le plaignant, en allusion aux grands moyens déployés pour retrouver l'engin. Moi, je n'ai droit à rien ! Les huissiers avaient peur de délivrer les actes, trois avocats ont refusé de me défendre, l'un d'eux avec ces mots : « Je ne vais pas risquer ma carrière ».»
M. Bellouti comprend d'autant moins la situation que son père, affirme-t-il, harki, est « gaulliste depuis 1958 », et que son frère est proche de l'UMP : « Il était allé au QG de campagne de Nicolas Sarkozy, dont le secrétariat avait répondu que l'affaire serait réglée très vite. » Et d'ajouter : « Un arrangement à l'amiable reste possible ». C'est ce qu'on appelle entretenir le suspense

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