« La 'Sarkozytie aiguë' est-elle une injure · »
Dans un tract, un militant s'en était pris à un gérant de supermarché. Qui a porté plainte. Le tribunal rendra son jugement le 5 octobre.
DINAN. - Question étonnante débattue, hier, au tribunal correctionnel de Dinan (Côtes-d'Armor). À la barre, un homme de 68 ans, ancien syndicaliste et membre de la cellule communiste locale. En février 2006, il avait distribué des tracts dans des boîtes aux lettres, accusant ironiquement le gérant d'un supermarché de la région d'être « atteint de Sarkozytie aiguë » et « de traiter ses salariés au Kärcher social ». Le gérant est dépeint par plusieurs témoins comme un homme « autoritaire et continuellement sur le dos des employés ». Le patron se défend : « Je peux être perçu comme quelqu'un d'autoritaire, cela fait partie de mon rôle de dirigeant. »
À l'époque, le tract lui était resté en travers de la gorge. Alors, pour marquer le coup, il avait décidé de poursuivre devant la justice le sexagénaire pour injure caractérisée, en se constituant partie civile. Après examen du dossier, l'instruction a retenu comme injures « Sarkozytie aiguë » et « Kärcher social ». De son côté, le parquet s'est abstenu de toute poursuite.
« Pathologie inventée »
Au tribunal, hier, Me Durand, l'avocat du sexagénaire, s'est étonné. « Si le tribunal reconnaît que mon client est coupable, il reconnaîtra du même coup que 'Sarkozytie aiguë' est une injure », a-t-il lancé sans pouvoir réprimer un petit sourire. L'avocat du patron a soutenu que, dans le contexte social de l'époque et de la crise des banlieues - Nicolas Sarkozy était alors ministre de l'Intérieur -, les termes employés étaient bien une injure.
Pour sa part, la procureure de la République, Véronique Françoise Delpech, s'est demandée si « cette référence à une pathologie inventée est une injure. Je ne suis pas sûre que sur le plan du droit pénal l'effraction est constituée. » Elle n'a pas requis de peine pour le prévenu, laissant le tribunal « simplement appliquer la loi. » Le gérant réclame un euro symbolique en dédommagement. Jugement le 5 octobre.
Jean-Valéry HÉQUETTE.
Ouest-France
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