24/09/2007

Les jeunes n'aiment pas l 'entreprise, la faute aux bouquins d'éco , attention la Droite est revenue et elle est pas contente

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L'école accusée de manquer d'esprit d'entreprise
Par Julien Martin (Rue89) 00H24 24/09/2007

Une association proche du Medef dénonce des manuels orientés à gauche. Les professeurs d'économie réfutent tout parti-pris.

"Les manuels de sciences économiques et sociales donnent une image de l'entreprise pessimiste, incomplète, réductrice et idéologiquement orientée." Le constat de Positive Entreprise est sans appel. Dans une étude publiée en cette rentrée scolaire, l'association entend dénoncer le programme scolaire des classes de seconde SES.

Une étude partiale? Le premier coup de téléphone en dit long. "Bonjour, je voulais tout d'abord savoir si Positive Entreprise était marquée politiquement." Réponse: "Oui, c'est une association proche du Medef." La franchise est appréciée. Mais de courte durée. Rappel de la même interlocutrice dix minutes plus tard: "Excusez-moi, je me suis trompée, l'association est nullement marquée politiquement..."

Vérification faite, Thibault Laxande est par ailleurs le PDG de Gazinox, une société membre du Medef, et il participe aux travaux de l'organisation patronale. La première version était la bonne.

Toujours est-il que Positive Entreprise n'en démord pas: "L’entreprenariat et la réussite ne sont jamais valorisés." Sur la forme, la sémantique utilisée serait entièrement empruntée à Marx, avec notamment l’utilisation de termes tels que "patron" pour dire "chef d’entreprise". Et, sur le fond, le programme serait davantage axé sur la macroéconomie (emploi, consommation, redistribution...) que sur la vie de l'entreprise.

Sondage à l'appui, l'association avance que 55% des jeunes âgés de 18 à 25 ans "pensent que le décalage entre les jeunes et l’entreprise est lié au fossé qui existe entre l’école et l’entreprise" (étude Positive Entreprise/Opinion Way réalisée en juin 2007). Ce que Thibault Lanxade affirme constater chaque jour au sein de sa société:

Pour oeuvrer au "rapprochement entre les jeunes et les métiers de l'entreprise" -c'est ainsi que l'association définit son action-, Positive Entreprise propose d'introduire des représentants de l'entreprise dans les commissions pédagogiques et les comités de validation des manuels, d'intensifier les stages en entreprise pour les élèves et les étudiants, ou encore "de promouvoir davantage une vision positive du monde de l’entreprenariat".

Des mesures que ne rejette pas en bloc l'Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses). Si son président, Sylvain David, se refuse à imaginer qu'un entrepreneur fasse partie des commissions d'élaboration des programmes scolaires, il se dit en revanche "toujours partant pour emmener des élèves visiter des entreprises":

Quant aux chiffres avancés par Positive Entreprise, l'Apses les estime tronqués: "D’après le ministère de l'Education nationale, nous savons que 71,4% des élèves ne suivent pas l’enseignement de SES, difficile dès lors d’en faire le responsable du désamour des jeunes pour l’entreprise…" Sans compter que l'examen du programme des élèves en seconde SES démontre que "la place de l'entreprise y est importante puisqu'elle occupe neuf à dix semaines sur environ trente-deux semaines de cours".

Les manuels scolaires, eux, sont édités sous la responsabilité éditoriale de grands groupes d’édition (Hachette, Nathan, Hatier...) et ne constituent qu'un support documentaire parmi d'autres pour les enseignants de SES. Les autres supports sont généralement des articles de la presse écrite: Le Monde, Le Figaro, Les Echos, et surtout Alternatives Economiques.

L'influence de cette dernière revue est souvent montrée du doigt en raison d'éditoriaux qui sont tout sauf libéraux. Philippe Frémeaux, directeur de la rédaction d'Alternatives économiques, réfute toutefois l'accusation de dispenser "l'enseignement militant". Pour lui, son magazine "est là pour apprendre aux élèves à avoir l'esprit critique":

Xavier Darcos demeure pour l'heure muet sur le sujet. "Le ministre de l'Education nationale a déjà fort à faire avec ses récentes déclarations laissant à penser qu'il fallait supprimer le bac ES", explique Thibault Lanxade. Fin août, Xavier Darcos a déclaré que la filière ES n'offrait pas de "débouchés évidents" et attirait "beaucoup d'élèves qui occupent ensuite de grands amphis mais se retrouvent avec des diplômes de droit, psychologie, sociologie... sans toujours un emploi à la clé".
Lien pour le contenu audio
http://www.rue89.com/2007/09/24/lecole-accusee-de-manquer-desprit-dentreprise

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pauvres écoliers, le bourrage de crane va s'intensifer dans "l'éducation"!!

cat a dit…

c'est le début du grand travail de réformes, de sarko, faut tout chambouler, qu'on ne puisse avoir aucun repère historique..ça s'appelle du fachisme ..

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