LE pays est peut-être « en faillite », comme l'a dit Fillon, mais il parvient encore à offrir le gîte à son infortuné Premier ministre. Après sa fracassante déclaration devant des agriculteurs corses, Fillon est allé se refaire une santé à l'hôtel Cala Rossa, près de Porto-Vecchio, un des plus beaux établissements de l'ile. En cette « moyenne saison ", il faut tout de même compter entre.600 et 850 euros la chambre. Le Premier ministre et sa suite (famille, collaborateurs, sécurité) en ont occupé une dizaine, vendredi 21 et samedi 22 septembre.
Pour préparer cette petite halte, Fillon avait envoyé, le 14 septembre, son chef de cabinet, Franck Robine. Lequel est arrivé en compagnie d'officiers de sécurité à bord d'un Falcon sur l'aéroport de Figari, après une étape à Calvi et une autre à Ajaccio.
Il est exceptionnel de voir un chef de cabinet se déplacer pour organiser le voyage du patron.Mais Matignonjustifie cette entorse par les mesures de sécurité spéciales mises en œuvre en Corse. En réalité, Robine était surtout investi d'une mission de la plus haute importance: préparer le week-end, qui s'annonçait compliqué car le Cala Rossa était complet. Or le Premier ministre tenait absolument à son week-end dans cet hôtel que fréquente également Sarko. Il a donc fallu négocier (avec l'aide du sous-préfet de Sartène) et trouver quelques clients qui acceptent de s'installer dans des villas voisines. Mission accomplie, Robine est remonté dans son Falcon.
Il aura pu,hureux hasard, enchaîner sur une intéressante réunion qui s'est tenue le 20 septembre à Matignon.
Ce jour-là, les chefs de cabinet de l'ensemble du gouvernement se sont fait tancer par le même Franck Robine. En cause : l'utilisation abusive par les ministres des aéronefs (hélicos et Falcon) du gouvernement. « Lorsque vos ministres vont à Lyon ou à Bruxelles, il estînutile de me demander désormais de pouvoir prendre l'avion! », a prévenu Robine, qui a vanté les délices du TGV. Les présents ont tous plongé leur regard dans celui du voisin. Genre: c'est pas moi, c'est l'autre. Pour être plus clair et plus précis, Robine a désigné directement Martin Hirsch comme fautif. Le haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté a prévu de célébrer, le 17 octobre, la Journée mondiale contre la pauvreté... aux Açores.
Et pour l'occase a réservé non pas un pédalo, mais un Falcon gouvernemental. Hors de question, a tranché Matignon.
On peut être ministre des pauvres et avoir des goûts de riche, comme le chef du gouvernement...
© Le Canard enchaîné»
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