AP
Par Laurent Pirot AP - il y a 2 heures 5 minutes
PARIS - La Fédération des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), qui reste majoritairement favorable à la culture des OGM, exige des pouvoirs publics une loi sur la question avant le printemps et les prochains semis, a redit vendredi son président Jean-Michel Lemétayer, qui avait provoqué l'étonnement la veille en se disant "prêt à accepter le principe d'un gel" d'ici là.
Ce gel dans l'attente d'une loi semble être la proposition qui émergera des discussions sur les OGM dans le cadre du Grenelle de l'environnement. Cette nouvelle position de la FNSEA renforce en tout cas les tenants de cette vision et le sénateur Jean-François Le Grand, qui préside l'intergroupe OGM a affiché sa "satisfaction" après les déclarations du président de la FNSEA.
Mais le syndicat, majoritaire chez les agriculteurs, pose tout de même ses conditions: le "gel" proposé concerne une période pendant laquelle les agriculteurs français ne cultivent de toute façon pas de maïs OGM et prendra fin avec les semis si aucune loi n'a été adoptée d'ici là, a prévenu M. Lemétayer.
Il a aussi précisé qu'il restait opposé au "moratoire" demandé par les opposants aux cultures transgéniques, au motif qu'un moratoire "bloquerait tout le dossier". En pratique, "un agriculteur est en train de prévoir ses assolements et donc il va rapidement, au début de l'année, acheter des semences. Je lui dit d'attendre des décisions politiques pour faire ses achats", a expliqué le dirigeant syndicaliste, affirmant que ces achats peuvent se faire jusqu'en mars.
"Il n'est pas question de passer l'année 2008 sans qu'il y ait une loi et ses textes d'application", a-t-il lancé, rejetant les objections concernant le réalisme d'un calendrier aussi serré.
La FNSEA souligne que la culture du maïs MON810 (le seul OGM autorisé en France) est encadrée par un simple décret qui ne donne pas une légitimité suffisante aux cultivateurs, dont les champs ont été détruits à plusieurs reprises.
Elle demande que la loi précise donc plus clairement les conditions de culture des OGM, en prévoyant l'information des consommateurs, en créant une haute autorité et en organisant la coexistence avec les autres cultures. "Il me paraît urgent d'en finir avec la polémique constante des OGM", a justifié M. Lemétayer.
Face à cette nouvelle position de la FNSEA, le porte-parole de Greenpeace France et de l'Alliance pour la planète, Yannick Jadot, s'est montré sceptique. "Un gel des OGM pendant que les terres sont gelées, cela ne nous avance pas beaucoup", a-t-il prévenu, rejetant par avance "une loi a minima" qui serait suivie par une reprise des semailles au printemps.
Pour autant, Jean-Michel Lemétayer a estimé qu'il avait "donné un bon coup de main (au ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo) pour le Grenelle".
La question des OGM a en effet constitué l'un des désaccords importants. Fin septembre, la FNSEA avait quitté le groupe de travail consacré à ce sujet après la publication de propos tenus par Jean-Louis Borloo, selon lesquels le gouvernement préparait un gel de la commercialisation des semences OGM tout en autorisant la poursuite de recherches en laboratoire. Le ministre de l'Environnement avait ensuite assuré que rien n'était tranché.
Les participants au Grenelle doivent se réunir à nouveau mardi pour apporter leurs derniers commentaires au texte de synthèse en préparation. La table ronde présidée par Nicolas Sarkozy se tiendra ensuite autour du 25 octobre et Jean-Louis Borloo prévoit de présenter les quinze à vingt plans opérationnels retenus à la mi-décembre. Une loi d'orientation et de programmation doit ensuite être adoptée début 2008. AP
lp/cov/co/mw
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire