Paris, le 26 novembre – Selon le Procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, une « générosité mal placée » vaut bien une interpellation à domicile au petit matin, une perquisition, un transfert, menottes aux poignets vers Calais et 24 heures de garde à vue.
C’est la mésaventure qui est arrivée à deux intervenantes sociales salariées de France Terre d’Asile (voir le communiqué du 22 novembre 2007).
Si nous prenons acte de ce qu’aucune poursuite ne soit retenue contre nos salariées interpellées au petit matin à leur domicile parisien le lundi 19 novembre 2007 et finalement libérées après 12 et 24 heures de garde à vue, ce qui était évident au vue du dossier, nous restons tout de même stupéfaits de la méthode employée, démesurée et inacceptable. Il serait bon qu’enfin le doute s’instille chez Monsieur Lesigne.
Ainsi, selon les critères du Procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, une « générosité mal placée » peut conduire à l’arrestation de n’importe quel travailleur social (déclaration AFP vendredi 23 novembre 2007, 17h32).
Il est encore plus préoccupant de constater que ce même procureur fait semblant d’ignorer les lois de protection de l’Enfance, qui, rappelons le, en France s’étendent jusqu’à 21 ans pour des jeunes en difficulté, ou privés temporairement ou définitivement, de leur environnement familial.
France Terre d’Asile est mandatée par l’Etat pour mettre à l’abri des jeunes mineurs étrangers ou des personnes en état d’extrême précarité originaires d’Afghanistan, d’Irak, d’Iran, rencontrés dans la rue à Paris lors de maraudes nocturnes. Notre association n’a pas le pouvoir réglementaire de dire qui est mineur et qui ne l’est pas. Ce pouvoir appartient au Parquet à l’issue d’une procédure lourde et controversée d’expertise osseuse. Simplement, les intervenants sociaux doivent signaler au Parquet et à l’Aide sociale à l’Enfance toute personne lui semblant en état de minorité. C’est la tâche difficile dont nous nous acquittons avec une allocation de moyens chichement comptée.
A la demande des différentes institutions, nos services établissent alors une attestation (et non une carte, comme la nomme le procureur) de suivi comportant le nom, le prénom et l’âge allégué par le jeune.
Cette première attestation contractuelle témoigne que ces jeunes, en errance depuis de nombreux mois, ont bien une existence. Et c’est bien de cela dont il s’agit.
A Calais, cette population est systématiquement traquée par les services de police. Leur prise en charge sociale est inexistante, ce qui n’est pas tout à fait le cas à Paris et c’est heureux !
Qu’il reste encore un peu d’Etat social dans la capitale ne devrait pas surprendre le Procureur de la République et si nous concédons une faiblesse c’est bien de ne pas être présent à Calais.
France Terre d’Asile donnera à cette affaire toutes les suites juridiques qui lui sembleront nécessaires. France Terre d’Asile remercie toutes les associations, organisations, et responsables politiques (PS, PC, Verts) qui lui ont manifesté leur amitié et leur soutien.Nous les appelons à une mobilisation coordonnée pour empêcher une pénalisation croissante du travail social.
http://www.france-terre-asile.org/index.php?option=com_content&task=view&id=447&Itemid=9
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