"Les choses ont commencé à changer, ce n'est que le début", estime le chef de l'Etat, dont la cote de popularité a baissé depuis cet été.
"Les choses ont commencé à changer, ce n'est que le début", estime le chef de l'Etat, dont la cote de popularité a baissé depuis cet été.
Les choses ont commencé à changer, ce n'est que le début": Nicolas Sarkozy, qui fête mardi 6 novembre ses six mois à l'Elysée sur fond de grèves annoncées contre la réforme des régimes spéciaux, a prévenu lundi qu'il ne plierait devant "aucun conservatisme". "Je ne me laisserai arrêter par aucun conservatisme, et dieu sait s'ils sont nombreux!", a de nouveau averti le président lors d'un discours à l'occasion du bicentenaire de la Cour des comptes.
"Je n'ai pas été élu cinq ans pour demeurer immobile. Les choses ont commencé à changer, ce n'est que le début", a-t-il martelé. "Il est temps que ça change""De ce point de vue, au moins, vous ne serez pas déçus", a-t-il promis, refusant tout "immobilisme" et tout "conservatisme" et invitant une nouvelle fois à la "rupture" et à l"'audace". A cet égard, Nicolas Sarkozy a évoqué une pique que lui avait lancée un jeune employé de la SNCF lors de sa visite surprise aux cheminots en Seine-Saint-Denis, le 26 octobre, pour les convaincre du bien-fondé de la réforme des régimes spéciaux de retraite.
"Comme elle est révélatrice cette remarque -je ne lui en veux nullement- de cet agent de la SNCF me disant avec beaucoup de sincérité, sincérité touchante: 'mais vous reculerez, parce que tous avant vous ont reculé'.
Eh bien il est temps que ça change!" EffritementC'en est fini de l'état de grâce. Alors qu'il flirtait cet été avec la barre des 70% de satisfaits, sa cote de popularité s'établit autour d'un certes confortable 55%. "Il y a eu un effritement", explique à l'Associated Stéphane Rozès, directeur du département opinion de l'institut CSA.
Cela "provient plus des classes moyennes que des catégories populaires", dit-il, les premières commençant à s'interroger sur la "cohérence" et la "lisibilité" de l'action du chef de l'Etat. "Viendra un moment -on n'y est pas- où les Français s'interrogeront sur l'efficacité de son action" et la "justice" des mesures, poursuit-il. Mais, pour l'heure, "la force du sarkozysme", c'est que "son activisme, sa façon d'ouvrir les dossiers, de brouiller les lignes au travers de l'ouverture fait que les Français semblent se dire qu'il n'y a qu'une seule voie" possible.
Des réformes "à moitié"Au nom de la "rupture", "l'hyperprésident" a mis en oeuvre ses premières promesses au pas de charge (paquet fiscal, service minimum, universités, peines planchers, immigration, Grenelle de l'environnement). Mais il est confronté aux "aigreurs" de sa majorité sur le déficit, les tests ADN, les institutions ou l'ampleur des réformes. "La stratégie est forte, claire, le rythme est bon", mais "un certain nombre de réformes se font à moitié", gronde le député UMP Hervé Mariton, qui cite le service minimum. Et épingle: "Son faire-savoir est meilleur que son savoir-faire"...
"Le rythme du gouvernement est très lent en réalité", analyse le politologue Dominique Reynié, joint par l'AP. "Les six mois auraient dû être, comme il l'avait annoncé lui-même, à l'origine d'un choc psychologique, un peu comme un chiropracteur débloque" son patient, mais "le résultat, je trouve, n'est pas là". Faux, rétorque le porte-parole de l'UMP Yves Jego, pour qui Nicolas Sarkozy n'est pas dans "la réforme cathédrale qui change tout profondément et définitivement" mais dans la réforme "par petits pas, par poussées successives".
"Tout ne va pas se faire d'un coup de baguette magique!", assène François Sauvadet, patron des députés du Nouveau centre, allié de l'UMP. Epreuve de force avec les syndicatsReste que l'hôte de l'Elysée affronte sa première grande épreuve de force avec les syndicats sur la réforme des régimes spéciaux. Après un baptême du feu social le 18 octobre, qui s'est soldé par une grève historique, le mois qui s'ouvre s'annonce comme un "novembre noir". Dans la majorité, on ne croit pas à un enlisement du conflit.
"Les Français rejetteront ceux qui veulent bloquer le pays", veut croire Yves Jego. "Le chantage à la rue, ça ne marchera pas", a prévenu Nicolas Sarkozy, qui entend allier fermeté et main tendue. "S'il y avait blocage, si les Français se disent que le débat est entre le conservatisme et le mouvement, alors Nicolas Sarkozy a le pays avec lui", analyse Stéphane Rozès, qui ne croit pas à un remake des grèves de 1995.
Autre point noir:
le pouvoir d'achat, pourtant décrété "priorité nationale". Alors que le prix du carburant et le panier de la ménagère flambent sur fond de conjoncture maussade, la conférence sur l'emploi et le pouvoir d'achat du 23 octobre n'a débouché sur aucune mesure concrète, et le projet de loi qui réforme les marges arrières dans la distribution sera soumis au Parlement mi-novembre. La défiscalisation des heures supplémentaires, traduction du "travailler plus pour gagner plus", entrée en vigueur le 1er octobre, est critiquée pour sa complexité. A l'étranger"On a mis en terre les graines qui doivent permettre de régler ces questions", défend Yves Jego. Dominique Reynié, lui, voit dans la revalorisation de 140% du salaire du président une "prise de risque", alors que les mauvaises nouvelles s'accumulent pour les Français entre le coût de la vie, les franchises et l'allongement à venir de la durée de cotisation à 41 ans.
Autant d'éléments qui pourraient peser lors des municipales de mars, premier vrai test électoral. Sur le plan diplomatique, c'est un quasi sans-faute. Après l'accord européen du 19 octobre à Lisbonne, le traité simplifié devrait être ratifié par la France dès février. Les relations se sont réchauffées avec les Etats-Unis et Israël.
Les soignants bulgares ont été libérés, non sans questions sur les contreparties accordées au régime libyen, tandis qu'il a lui-même été chercher au Tchad trois journalistes français et quatre hôtesses de l'air espagnoles empêtrés dans l'affaire Arche de Zoé. Bref, ne manque plus au tableau de chasse du président que la libération de la Franco-colombienne Ingrid Betancourt. (avec AP)
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