11/01/2008

Guerre aux pauvres!!!!!!!

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Dans une France versaillaise, plus encore que les 35 heures légales de travail hebdomadaire, le RMI (revenu minimum d’insertion) est, faut-il s’en étonner, un scandale.
Comment l’actionnaire, ce Titan qui porte notre système économique sur ses grassouillettes épaules, pourrait-il admettre que la collectivité donne de l’argent à celui qui lui coûte sans rien produire en échange ?Certes, l’actionnaire lui non plus ne fiche rien, mais au lieu d’attendre l’aumône de l’Etat – 440€ pour un célibataire, ça ne rembourse même pas la traite mensuelle de la Béhème-, il se paye sur la bête, l’entreprise, donc sur le salarié de celle-ci.
Le érémiste, n’étant pas exploitable, n’est pas rentable ou, si vous préférez, il ne sert à rien, sinon à consommer un peu, heureusement encore.Le plus simple serait de l’abattre illico, mais une société badgée démocratique ne peut pas se permettre d’ouvrir des chambres à gaz, sinon vous pensez bien qu’il y a longtemps qu’on ne verrait plus de SDF dans les rues et nous nous réjouirions tous d’une mécanique économique et sociale qui aurait éradiqué la misère sans nous soucier excessivement de la méthode employée pour ce faire.
Puisqu’on ne peut pas exterminer brutalement la bouche inutile, reste la solution de l’éliminer en douce. C’est ce que se propose de mettre en œuvre « un décret conditionnant le bénéfice du RMI au train de vie » (Le Monde.fr du 9 janvier).Le maillage du filet est suffisamment complexe pour que personne d’autre qu’un technocrate spécialisé n’y pige quelque chose*, mais le profane comprendra au décryptage laborieux dudit filet que pour toucher encore un embryon de revenu de source publique, il faudra vraiment être pauvre comme Job ou, si possible, un peu plus.Les actuels allocataires du RMI l’ignoraient, mais, résidant dans une masure prêtée par une vieille tante, portant au poignet la tocante en or de feu leur grand-père, gâcheurs de peinture pour occuper leur trop plein de temps libre et membres d’un club de foot, ils ont « un train de vie », mais oui, autrement dit, ils sont en fait d’outrecuidants bourgeois oisifs qui devront rendre des comptes pour piller sans vergogne les finances nationales.
Attention ! on est civilisé, hein ! "la suppression des prestations ne sera pas automatique, le directeur de la Caisse d'allocations familiales conservant une marge de manœuvre en cas de 'circonstances exceptionnelles' liées à la situation économique et sociale du foyer".On comprendra que lorsque les pouvoirs publics n’auront vraiment aucun moyen de prouver que les prestataires ne sont pas de parfaits crève-la-faim, le bureaucrate en chef de la Caisse d’allocs pourra, dans sa magnanimité de grand seigneur, continuer à leur donner un petit quelque chose afin qu’ils meurent dans la dignité.
A petit feu.*Le décret, dont le journal (La Tribune) dit avoir obtenu une copie, instaure une liste "très précise" pour l'évaluation du train de vie : "un quart de valeur locative annuelle de logement détenu ou occupé par l'allocataire, 80 % du montant des dépenses de travaux, charges et frais d'entretien des immeubles, 80 % des dépenses en personnels et services domestiques, 6,25 % de la valeur vénale d'une voiture si elle dépasse 10 000 euros, 0,75 % de la valeur des objets d'art, bijoux et métaux précieux, 80 % des dépenses de voyages ou de clubs de sport".
Mathias Delfe


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