C’est l’histoire d’un sans-papiers qui demande de l’aide à Nicolas Sarkozy, et qui, dix jours plus tard, manque de se jeter par la fenêtre pour échapper aux policiers.
C’est l’histoire d’un sans-papiers qui demande de l’aide à Nicolas Sarkozy, et qui, dix jours plus tard, manque de se jeter par la fenêtre pour échapper aux policiers.
Mohamed Lamjed Abdessalem est kiné de formation. Il naît à Lyon en 1978. A 11 ans, ses parents, naturalisés français, l’envoient poursuivre sa scolarité en Tunisie, de peur qu’il "tourne mal" en banlieue lyonnaise. Mohamed y fait ses études. A la majorité, il choisit la nationalité tunisienne. Puis, sur conseil de son patron, il part à Genève suivre une spécialité d’ostéopathie. Débouté de ses demandes de visa, il est expulsé de Suisse. Il revient sur le territoire français en 2003. "Je pensais être chez moi. Toute ma famille est ici. Mon erreur a été de ne pas repasser par la Tunisie. J’ai pris conseil auprès d’un consultant de Lyon, qui m’a trompé, et n’a jamais réussi à obtenir ma régularisation."
En août 2005, Mohamed reçoit un premier refus de titre de séjour. Il est invité à quitter le territoire. Il épuise bientôt tous ses recours. Puis en mars 2007, le Préfet du Rhône prononce une autorisation de reconduite à la frontière. La campagne présidentielle bat son plein. En avril, Nicolas Sarkozy est à Lyon, au parc des expositions. La sœur de Mohamed, qui soutient le candidat de l’UMP, est présente au meeting. Elle se fraye un chemin dans la foule. Elle évoque l’histoire de Mohamed. Nicolas Sarkozy lui promet d’étudier personnellement son cas s’il est élu. Depuis, toujours rien. Alors, le 27 décembre dernier, la jeune femme écrit une lettre au président de la République.
Dix jours plus tard, le 10 janvier, à 9 heures du matin, quatre policiers en civil frappent à la porte de l’appartement familial. Prudent, Mohamed refuse de les laisser entrer. Il ouvre la fenêtre, prêt à se jeter sur les pavés de Vénissieux si les hommes enfoncent la porte. Les policiers menacent, puis repartent. Deux heures plus tard, la sœur de Mohamed reçoit une lettre de l’Elysée. Dans ce courrier, le chef adjoint du cabinet de Nicolas Sarkozy répond que ses "services ne sont pas en mesures d’examiner la situation de votre frère", et qu’il "a fait part de (sa) démarche au Préfet de la région Rhône-Alpes, Préfet du Rhône, plus particulièrement compétent."
La lettre écrite à Nicolas Sarkozy a-t-elle accéléré la procédure d’interpellation de Mohammed ?A la Préfecture du Rhône, on assure qu’il n’y a aucun lien entre ce courrier et la venue des policiers. "Il y a très peu de temps entre la lettre et l’interpellation, explique-t-on Monsieur Mohammed Lamjed Abdessalem fait l’objet d’une autorisation de reconduite à la frontière. Il ne remplit pas les critères pour aucune des conditions d’obtention d’un titre de séjour." Aujourd’hui, Mohamed vit caché, la peur au ventre. Il n’assiste plus à ses cours d’ostéopathie, qu’ils payent 3000 euros l’année. "J’avais l’espoir de remplir les critères de Brice Hortefeux, regrette-t-il. Je suis né en France, diplômé, je fais un métier pour lequel il y a une pénurie. Que faut-il de plus pour être Français ?"
Léna Mauger
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