Think tank libéral jusqu'alors assez discret, l'institut Thomas More a mis au point un baromètre des réformes de Sarkozy qui plait beaucoup au Figaro Magazine. Le président y décroche presque la moyenne…
« C'est un document qui, pour être d'inspiration clairement libérale, ne saurait être suspecté de complaisance envers le pouvoir ». Nul ne se permettrait d'en douter. Surtout quand cette rassurante prévention est l'œuvre d'Alexis Brézet, éditorialiste du Figaro Magazine. Mais de quel «document» s'agit-il donc ? Du bilan des réformes effectué par l'Institut Thomas More et publié en exclusivité cette semaine dans Le Figaro Magazine.
Un problème de perception
Et à en croire ce baromètre tout en nuances, Nicolas Sarkozy aurait déjà engagé 244 promesses sur 490. Les quelques ratés ne seraient qu'un problème de perception qui « pourrait s'estomper lors des trois mois à venir » d'après Le Figaro, optimiste comme jamais. Raison de plus pour s'intéresser de près à l'étrange «Institut» dont émanent toutes ces bonnes nouvelles.
Charles Millon au conseil d'administration
Basé à Bruxelles et à Paris, l'institut Thomas More est un think tank libéral qui défend «i[ les valeurs […] de notre culture occidentale […] inscrites dans l'histoire et dans la culture de l'Occident où plongent nos racines». ]iParmi les membres de son conseil d'administration, on retrouve Marwam Lahoud, directeur général d'EADS et frère d'Imad Lahoud, connu pour ses déboires dans l'affaire Clearstream. On y retrouve également Charles Millon, exfiltré de la scène politique lyonnaise.
Charles Millon, roi de la pompafrique
Siège également Christiane de Livonnière. Son nom ne vous dira rien. Agent associé de la société Intelstrat, elle est l'ex-directrice de Cabinet de…Charles Millon. Quant à Intelstrat, il s'agit d'une structure de conseil créée par…Charles Millon et largement orientée vers la conquête des marchés africains. Depuis sa démission de son poste d'ambassadeur auprès de la FAO (organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) à Rome, l'ancien ministre de la défense a de grosses ambitions en Afrique comme l'affirme La lettre du continent, généralement bien informée : ainsi Charles Millon « a présenté au président Laurent Gbagbo, le 10 avril à Abidjan, son fonds d'investissement Africa Plus (agro-business, TIC et tourisme) qu'il aimerait bien installer dans la capitale ivoirienne avec un statut diplomatique. Charles Millon a mille autres projets… »
Députés UMP, patrons etc.
Le comité France de l'Institut Thomas More accueille également un ancien vice-président du Medef (Victor SCHERRER), deux députés UMP (Etienne Blanc, Hervé Mariton), Christine Chauvet, ancienne secrétaire d'Etat du gouvernement Juppé, membre de démocratie libérale, reconvertie dans le lobbying et les affaires publiques depuis son embauche par la branche française du cabinet Apco Worldwide, ou encore un ancien député européen, directeur des relations avec les institutions européennes de Veolia Environnement, et divers patrons de sociétés.
Une machine à recycler des politiques
Auteur de l'édition annuelle du guide Les clubs de réflexion et d'influence, Pierre Emmanuel Moog relativise la fiabilité du baromètre de l'institut Thomas More : « Ce principe qui consiste à auditer les gouvernements en place et la tenue des promesses de campagne avait été élaboré par le club de la Boussole. Mais ça n'avait pas perduré. Ce sont des gens issus d'une majorité qui évaluent leurs propres candidats... Le baromètre de cet institut relève du même principe. C'est un institut qui se dit ouvertement libéral et prétend auditer la politique de Sarkozy. Quel crédit lui accorder ?». Assez discret, l'Institut Thomas More limite essentiellement ses activités à la publication de tribunes dans la presse et comme beaucoup de clubs du même genre, il recycle nombre d'hommes politiques : « Pour certains c'est même quasiment un métier, il y a des clubs de toutes sensibilités, chacun va vers sa sensibilité» poursuit Pierre Emmanuel Moog.
Indiscutable mais libéral
Jean Thomas Lesueur, le délégué général de l'institut, ne cache pas ses accointances politiques. Interrogé en début d'année par l'Hémicycle, Le journal français de suivi législatif et d'actualité parlementaire, il confessait : « politiquement, je dirais que nous sommes proches du centre droit et de la droite libérale, comme le montre notre collaboration avec le Parti populaire européen à Bruxelles ». Militant d'un lobbying des idées, il entend participer à la montée en puissance des think tanks au cœur de l'Etat. Sa méthode ? L'excellence, la rigueur et la pédagogie. Son objectif ? Etre indiscutable.
Thomas More : le dernier baromètre où Sarko décroche la moyenne
Le chemin sera long. Très long même. Surtout quand on commence par publier son baromètre du sarkozysme dans le Figaro Magazine dont chacun sait la capacité de critique vis-à-vis du pouvoir en place. Mais pour l'Institut Thomas More, le Fig Mag était le client idéal, sinon unique. Ce baromètre est, en effet, désormais le dernier indice politique où le chef de l'Etat passe la barre des 50%. Toujours aussi clairvoyant dans son décryptage, Alexis Brézet nous indique que 56,7% des 60 principales promesses de sa campagne sont engagées et 20% définitivement réalisées. Seul détail : sur les 490 promesses de campagne du candidat Sarkozy, l'éditorialiste en chef du Fig Mag ne précise pas par quel arbitraire il n'en a retenu que 60. Sans doute une question de méthode ou de perception…
source:http://www.marianne2.fr/Inespere-!-Le-barometre-du-Figaro-donne-la-moyenne-a-Sarkozy_a86717.html
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