31/03/2009

Quand les manifestants réussissent leur coup (2 dépèches)

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Les lycées d'Albi et de Toulouse renvoient chez lui l'envoyé de Sarkozy
Libération.fr

La police inaugure la Cité de l’immigration

Mémoire . Le ministre Eric Besson a été conspué, hier, malgré la présence massive des forces de l’ordre.

LIBERATION.FR

CATHERINE COROLLER


Eric Besson savait qu’il allait être chahuté. La preuve, le nombre inhabituel de policiers, non seulement à l’extérieur de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI), dans le XIIe arrondissement de Paris, mais, plus étonnant, à l’intérieur, alors que les invités avaient été strictement filtrés à l’entrée. Hier matin, le ministre de l’Immigration était censé inaugurer la médiathèque flambant neuve de la CNHI. Egalement annoncés, trois de ses collègues : Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale, Christine Albanel, ministre de la Culture, et Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur. Les deux dernières s’étant décommandées, restaient Besson et Darcos.






Les lycées d'Albi et de Toulouse renvoient chez lui l'envoyé de Sarkozy

Hier, 21h51
Libération.fr

RÉFORME DES LYCÉES. Tout directeur de Sciences-Po Paris qu'il est, il y aura des trous dans la copie que Richard Descoings doit remettre au

président Sarkozy au mois d'octobre prochain. Ce lundi matin déjà, les professeurs du lycée Bellevue à Albi ont boycotté sa réunion. Cette après-midi, c'est une trentaine de lycéens et étudiants qui ont empêché la rencontre qu'il devait avoir avec 120 chefs d'établissement de l'Académie au lycée Rive Gauche à Toulouse Si Sarkozy n'est pas tout à fait Charlemagne inventeur de l'école, Richard Descoings est en tout cas son missi dominici. Il parcourt le pays de France pour y préparer la réforme du lycée concoctée par le gouvernement. La tâche peut s'avérer ingrate. La banderole barrant l'entrée du lieu de réunion laissait peu de place à la négociation : Vous n'êtes pas le bienvenu. De bonne composition, l'homme est tout de même venu à la rencontre des manifestants pour tenter d'engager le dialogue. Sauf que personne, dans la chaîne humaine interdisant l'entrée du lycée Rive gauche, ne semblait disposé à faire causette. «On est là pour montrer à M. Descoings que sa réforme, on n'en veut pas», déclare Florian Gély, porte-parole de la coordination des lycéens de Toulouse. «Cela fait un an et demi que le gouvernement ne veut pas entendre nos revendications. Ce qu'on veut, c'est plus de moyens pour le lycée, 25 élèves par classe, pas de concurrence entre les lycées et pas de suppression de postes», ajoute-t-il. Il y a les Sciences politiques et la pratique politique. Le rapport de forces n'était peut-être pas du côté de Richard Descoings, ce lundi. En sciences politiques appliquées, cela s'appelle ne pas insister. La réunion a été tout bonnement annulée. LAb. et GLv.
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L’inauguration était fixée à 11 h 30. Le quartier bouclé, les collectifs de sans-papiers et leurs soutiens cantonnés de l’autre côté de la place derrière des barrières. Arrivée avant tout le monde, Marisa Bruni-Tedeschi, la mère de Carla. «Je suis aussi une immigrée», susurre-t-elle . L’occasion, il est vrai, est solennelle. Alors que la cité a ouvert ses portes en octobre 2007, elle n’a toujours pas été officiellement inaugurée. Nicolas Sarkozy et le Premier ministre François Fillon n’y ont jamais mis les pieds, même pas à titre privé. Brice Hortefeux, le prédécesseur d’Eric Besson, y est venu deux fois en catimini. Ce manque ostensible d’intérêt est étonnant car la cité a le statut de musée national.

L’ouverture de la médiathèque faisait donc figure d’inauguration officielle. Premier temps, Besson et Darcos visitent la médiathèque qui porte le nom d’Abdelmalek Sayad, sociologue franco-algérien. Second temps, ils reviennent dans le forum, situé au cœur du musée, et grimpent sur une estrade pour prononcer un discours. Des voix s’élèvent alors. «Arrêts des rafles, arrêt des expulsions !» «Solidarité avec les sans-papiers». Les policiers bondissent. On comprend le pourquoi de leur présence en nombre. Les cris reprennent. La plupart des slogans visent Eric Besson : «ministre de la honte», «ministre des rafles»,«fasciste». Xavier Darcos, aussi, est interpellé : «Est-il indispensable de salir l’Education nationale en l’associant au ministère des expulsions ?» Parmi les manifestants, des intermittents du spectacle et des étudiants.

Sur la scène, Jacques Toubon, le président de la CNHI, tente en vain de ramener le calme. Eric Besson affiche un petit sourire. Xavier Darcos a fait un pas en arrière comme s’il se désolidarisait de ce qui se passe. Un manifestant tente de monter sur l’estrade. Il est plaqué au sol et emmené dehors. Les deux ministres sont prudemment exfiltrés. Certains invités sont furieux contre les manifestants. «La veuve d’Abdelmalek Ayad était là, et cela m’a fait de la peine qu’ils empêchent qu’hommage lui soit rendu», explique Fatima Besnaci-Lancou, présidente de l’association Harkis et droits de l’homme.

Xavier Darcos monte dans sa voiture et disparaît. Réfugié dans la médiathèque dont la porte est gardée par la police, Eric Besson fait venir quelques journalistes. S’attendait-il à un tel accueil ? «On avait compris que les invitations avaient été distribuées généreusement et largement, et étaient passées de main en main», affirme-t-il. A-t-il hésité à venir ? «Fallait-il annuler ou pas ? Je me suis dit : "J’y vais."» Son prédécesseur n’a pas mis publiquement les pieds à la cité, par peur sans doute des manifestations hostiles. Eric Besson adopte la posture inverse. «Le peuple français dans sa très grande majorité adhère à ma politique. Il pense qu’il faut maîtriser les flux migratoires», assure-t-il. Quant aux associations, «elles n’ont aucune légitimité». Droit dans ses bottes, le ministre de l’Immigration. D’ailleurs, si Jacques Toubon le réinvite, il reviendra, assure-t-il. Petit sourire aux lèvres, il persiste et signe : «Personnellement je suis partisan de recommencer cette inauguration.»





http://torapamavoa.blogspot.com

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