Un jeune homme hospitalisé après avoir reçu un tir policier de Flash-Ball dans la tête à Neuilly-sur-Marne
LE MONDE | 06.05.09 | 13h51 •
Depuis la soirée du 1er mai, Samir Ait Amara, 18 ans, atteint par un tir policier de Flash-Ball à la tête, est hospitalisé dans la banlieue parisienne. La direction de l'établissement se borne à indiquer que le jeune homme, dont les jours ne sont pas en danger, est "sous surveillance" et que de nouveaux examens doivent être pratiqués. Il ne peut pas mettre le pied à terre sans être pris d'étourdissements et de nausées.
Le tribunal de grande instance de Bobigny a ouvert une enquête de flagrance sur les circonstances de l'altercation survenue vendredi 1er mai dans la cité des Fauvettes à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), mais n'a pas jugé nécessaire de saisir l'inspection générale des services (IGS), la police des polices. Le tir de Flash-Ball (un lanceur de grosses balles en caoutchouc) contre le jeune homme n'est pas contesté mais deux versions s'opposent sur les faits.
Samir Ait Amara, qui devrait être entendu par la police locale, dit ne pas comprendre pourquoi il a été visé par un homme identifié par des témoins comme l'un des trois fonctionnaires de la brigade anticriminalité (BAC) canine départementale qui circulaient à bord d'un "break Peugeot banalisé vert pomme".
"C'était entre 20 heures et 21 heures, en tout cas, il faisait encore jour. Il y avait beaucoup de monde dehors, raconte le jeune homme, élève dans une école hôtelière. On jouait à la "chasse à l'homme" entre deux groupes, on devait s'attraper. Je devais courir. J'ai descendu des escaliers. Au passage piéton j'ai vu une voiture avec la portière ouverte, j'ai continué à courir."
Il s'écroule subitement, mais reste conscient. "Ils m'ont mis à plat ventre, menotté et embarqué. Dans la voiture, je leur ai demandé pourquoi ils m'avaient visé, ils m'ont répondu que c'était de la légitime défense." Emmené au commissariat de Neuilly-sur-Marne, fouillé, "menotté à un banc", Samir Ait Amara n'y reste pas longtemps. "Je vomissais beaucoup alors ils ont appelé les pompiers."
Ses propos sont confirmés par un animateur de quartier, Aboubakar Traoré. "J'étais à ma fenêtre, au cinquième étage, et j'ai tout vu. Il y avait beaucoup de monde, des enfants. A un moment, j'ai vu deux jeunes courir dont Samir. Il est passé devant la voiture, il continuait à courir. Je n'ai pas entendu "police" ou quelque chose comme ça, rien. Ils ont tiré, à une très faible distance, un ou deux mètres peut-être."
La version de la police est toute autre. La BAC canine a été appelée en renfort par une autre équipe, inquiète de voir autant de jeunes dehors, et après qu'un système d'alarme se soit déclenché au centre social d'aide à l'enfance. Les policiers, qui disent ne pas être restés plus de trois ou quatre minutes sur les lieux, évoquent même un guet-apens. Ils ont utilisé les Flash-Ball et des grenades de désencerclement, ont-ils consigné dans leurs rapports, alors que leur véhicule a été "caillassé" par des pierres de "10 centimètres de diamètre". Mais pour les jeunes du quartier, les jets de projectile ont eu lieu après l'arrestation de Samir Ait Amara, et non avant.
La famille, indignée, incite le jeune homme à déposer plainte. Elle a été longuement reçue lundi 4 mai par la commissaire de Neuilly-sur-Marne, et par le maire (PS), Jacques Mahéas. Ce dernier ne connaissait pas le blessé. Embarrassé, il dit craindre que la situation puisse "dégénérer comme à Clichy-sous-Bois" (en 2005, des émeutes avaient éclaté après la mort de deux jeunes, poursuivis par des policiers et qui s'étaient réfugiés dans un transformateur électrique). Pour l'heure, quelques incendies de poubelles et d'épaves ont été signalés.
Le Flash-Ball équipe la police depuis 2002 qui ne doit, selon les règles d'utilisation, en aucun cas, viser la tête. Le 19 mars, lors d'une manifestation à Toulouse, un étudiant de 25 ans, touché par un tir de Flash-Ball, a perdu un oeil et a, depuis, porté plainte.
Isabelle Mandraud
Article paru dans l'édition du 07.05.09.
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