La soirée de solidarité avec le cirque Romanès, lundi soir à Paris, a dépassé toutes les espérances. Au point de faire perdre son sang-froid au ministre de l’Identité nationale.
La petite Rose fend la foule qui s’entasse dans le plus grand désordre jusqu’à réduire la piste à un petit cercle magique. Du haut de ses dix ans, elle lève les bras et s’enroule autour de deux, puis trois, enfin quatre cerceaux pour un numéro de quelques minutes. Derrière son regard vert de braise, on la sent concentrée. Elle salue. Les applaudissements éclatent à tout rompre, faisant vibrer le chapiteau du Cirque Romanès, réchauffant les cœurs et les âmes.
Combien étaient-ils, lundi soir, à se presser dans un joyeux désordre à l’entrée du cirque ? Impossible à dire. 1 500, 2 000, 3500, plus ? Qu’importe les chiffres, la préfecture ne les a pas communiqués. Il y avait là des amis, des habitués, des artistes, des jeunes, des moins jeunes, beaucoup d’enfants qui n’ont pas hésité à veiller tard dans la nuit avec leurs parents, des mères-grand et des grands-pères. Il s’est passé quelque chose, l’autre soir qui tient à la fois du rêve, de la solidarité, de la poésie.
« Nous n’allons pas voler le travail des avocats, des informaticiens »
« Que nous reproche-t-on, au juste ? s’interroge Alexandre Romanès. Le mot lendemain n’existe pas dans la langue des Gitans. Nous ne sommes en rien une menace, nous n’allons pas voler le travail des avocats, des informaticiens. On se fout de la mode. On veut juste pouvoir vivre de nos petits métiers. » Dans la fièvre de la soirée, la troupe a dû faire trois représentations les unes à la suite des autres. Les uns allaient, d’autres venaient tandis qu’Alexandre Romanès, maître de cérémonie, présentait les artistes, les numéros, distribuait la parole, appelait sa femme, Délia, à la rescousse. Sandrine Bonnaire, Clémentine Célarié, Jane Birkin, Jean-Claude Dreyfus, Yvan Le Bolloc’h, Josiane Balasko, André Glucksmann, Jacques Blanc, Christophe Girard, Pierre Laurent, Noël Mamère… Artistes et public, tous ont eu le sentiment de vivre quelque chose d’unique, d’assister à la réconciliation d’une humanité que d’aucuns voudraient compartimenter, diviser. Le Cirque Romanès est menacé. Et c’est grave. Le ministère du Travail accuse la troupe de « travail dissimulé » et « s’indigne » du travail des enfants, faisant mine d’ignorer l’école familiale du cirque. Dans la foulée, le ministère a retiré les permis de travail des musiciens, accordés dans un premier temps (lire notre édition du lundi 4 octobre). Les raisons invoquées par le ministère du Travail se révèlent des prétextes. Après le succès de la soirée de solidarité, les autorités ne nous auront pas fait attendre longtemps.
Dans un communiqué publié dans la nuit de lundi à mardi, c’est Éric Besson et non le ministre du Travail qui, à propos du Cirque Romanès (qu’il dénomme, on ne sait pourquoi « ex-Bouglione ») dénonce « une manipulation » et indique que « cette affaire n’a aucun lien avec la lutte contre l’immigration irrégulière en provenance de Roumanie et de Bulgarie ». Toujours dans la même missive, Éric Besson estime qu’il s’agit là d’une « infraction aux règles relatives à l’emploi d’enfants dans le spectacle et aux dispositions concernant le travail dissimulé ». L’aveu du ministre de l’Identité nationale témoigne d’une grande fébrilité et d’une immaturité politique incroyable. De fait, en se positionnant comme il le fait, il confirme ce que d’aucuns soupçonnaient : le fond de l’affaire, c’est bien la politique ségrégationniste à l’encontre des gens du voyage, des Gitans, des Tsiganes.
Marie-José Sirach
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