.http://www.cip-idf.org
Un ciné-tract de la Coordination des Intermittents et Précaires d'le-de-France en réponse à l'émission C dans l'Air du 29 janvier 2013, véritable intoxication une fois de plus sur les intermittents du spectacle.
En référence vous pourrez trouver l'audition (texte de l'intervention et vidéo) de la CIP-IDF à l'Assemblée Nationale dans le cadre d'une mission d'information commune (affaire culturelles/affaires sociales) sur les conditions d'emploi dans les métiers artistiques ici :
http://www.cip-idf.org/article.php3?i...
A l'heure où Le Point ose dire que les intermittents sont "une profession" (premiere erreur) qui se la coule douce (deuxième erreur..)
Il est temps de remettre en perspective les infos ..et l'intox !
Le Cip Idf dont nous relayons ici sur Torapamavoa régulièrement les newsletter, nous y aide !
Nous y ajoutons un coup de gueule de Philippe Brelot vu sur le forum de cinematographie.info ainsi que A l'attention de Monsieur le rédacteur en chef du magazine LE POINT" Jacques-Emmanuel Astor
Liste d'info de la Coordination des Intermittents et Précaires d'Ile de France
Site internet: http://www.cip-idf.org
Désintox : Auditions au Sénat sur l’intermittence et le déficit
Nous vous invitons à lire deux nouveaux rapports sur les droits sociaux, l’un sur l’intermittence de Patrice Rabine et l’autre plus général sur la précarité du CNLE présidé par Etienne Pinte.
Alors que les rares garanties concédées aux chômeurs subissent actuellement une dégradation sans précédent (aujourd'hui seuls 40,6% des chômeurs inscrits sont indemnisés), une prochaine « négociation entre partenaires sociaux » se prépare et les annexes 8 et 10 de la convention d’assurance-chômage sont à nouveau sur la sellette.
Suite à son audition au Sénat le 18 septembre par le groupe PS, dans le cadre d’une commission sur l’intermittence, Patrice Rabine a publié le rapport qu’il y a présenté. Ce texte riche de précisions nécessaires est précieux car il démonte pour les réduire à néant de sempiternels « arguments » à charge sur le « déficit » des caisses [1] dont seraient responsables les intermittents, balourdises hostiles récemment véhiculés à nouveau par un énième rapport de la Cour des comptes, rédigé cette fois sous la direction d’un responsable politique socialiste, Didier Migaud [2]. Ce texte et les données qu’il comporte pourra, c’est certain, faire de l’usage.
Pour le télécharger, Intermittence - Désintox, Patrice Rabine. : http://www.follepensee.com/ telecharger/audition-senat- intermittents-18-sept-2012.pdf
La Cip-idf, quant à elle, a été reçue par cette même commission (présidée par la Sénatrice du Finistère Maryvonne Blondin) le 10 octobre dernier.
Nous avons principalement insisté sur ce que nous attendons du pouvoir actuel : il est nécessaire d’inverser la logique de culpabilisation et de stigmatisation des usagers et ayants droits des institutions sociales. L’absurdité et l’iniquité de ces institutions est patente, comme le démontrent les faits concrets recueillis et analysés par les permanences CAP (Conséquences de l’application du protocole Unedic) et précarité [3] .
Nous avons rappelé par ailleurs l’exigence que soient prises en compte les propositions alternatives et égalitaires que comporte un tout autre "modèle" d’indemnisation du chômage des intermittents, élaboré collectivement par les premiers concernés dès 2003. ( http://www.cip-idf.org/ article.php3?id_article=437 )
A ce propos, un étonnant rapport gouvernemental dissone pour partie avec l’idéologie dominante. On y lit par exemple : “Lutter contre la pauvreté et l’exclusion consiste notamment à permettre l’accès de tous aux droits fondamentaux. Le CNLE estime que la posture stigmatisante porte préjudice à ces droits.”
Le Conseil Nationale des politiques de Lutte contre la pauvreté et l’Exclusion sociale est présidé par Etienne Pinte qui a été le principal animateur du comité de suivi sur l’intermittence à l’Assemblée nationale.
Télécharger le rapport : http://www.cnle.gouv.fr/IMG/ pdf/Rapport_CNLE_Reste_pour_ vivre_imprimable_aout_2012.pdf
Le CNLE : http://www.cnle.gouv.fr/ Publication-du-rapport-du- CNLE.html
Le pouvoir actuel aurait tort de penser que se gargariser de mots tels que « justice sociale » puisse remplacer la chose. Tort également d’imaginer que la rhétorique de « l’effort » dont il aime à user ne lui sera pas renvoyée en pleine figure si il persistait à n’imaginer paresseusement que l’austérité comme politique.
Notes :
[1] Sur l’utilisation répétée du thème du "déficit" et la logique politique qu’elle comporte, on lira éventuellement "Refondation sociale" patronale : Le gouvernement par l’individualisation, Maurizio Lazzarato. : http://www.cip-idf.org/ article.php3?id_article=3279
[2] Intermittents : Nous avons lu le rapport de la Cour des comptes : http://www.cip-idf.org/ article.php3?id_article=6113
[3] Par exemple : Outrage à Pôle emploi : Moi, personne quelconque de nationalité de hasard, déclare avoir été témoin des faits suivants : http://www.cip-idf.org/ article.php3?id_article=5903 ou CAF Nationale : 8 cars de CRS, 10 policiers en civil (im)mobilisés, 2000 euros de "trop perçu" RMi récupérés. : http://www.cip-idf.org/ article.php3?id_article=4570
Trop, c’est Trop,
Cette section du forum qui s’intitule « Débat, billets d'humeur... » portera bien son nom ce soir. Billet de ma mauvaise humeur même ! Quelle en est la cause ? Et bien tout simplement la une du magasine « Le Point » titrant :
« Il y a la France assommée d’impôts et il y a… La France des enfants gâtés. Régimes spéciaux. Comités Théodule. EDF. Intermittents. Intercommunalités. Ces professions qui se la coulent douce ! »
Et oui, pas moins que cela… Je n’ai, du coup, plus envie de lire l’article correspondant à ce titre, il est suffisamment insultant pour ne pas subir la prose poujadiste qui doit l’accompagner.
Comme s’il y avait plusieurs France qu’il fallait absolument opposer, une France de profiteurs qui vit aux dépens d’une vraie France qui elle seule subit la crise, elle seule paye des impôts et elle seule souffre.
Diviser pour mieux régner on connaît la chanson, mais là, la coupe est pleine. La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale (article 1er de la Constitution), c’est le socle même de notre nation. Et tous les citoyens concourent à leurs hauteurs et selon leurs possibilités à la vie et au profit de la nation.
Je ne connais pas assez les autres statuts et les autres professions pour m’exprimer en leurs noms, mais en ce qui concerne mon statut et mon métier, je peux déclarer sans rougir que je ne me sens pas être un enfant gâté qui se la coule douce sans participer ni à l’impôt ni à la solidarité avec mes concitoyens.
L’expérience que j’ai de mon métier est qu’il est rempli de passionnés qui ne comptent pas leur force de travail, leur courage, leur intelligence et leur temps au service d’une œuvre, d'un réalisateur, d'un auteur, d’un film, d’un documentaire ou d’une production audiovisuelle.
Je ne connais personne qui a comme profession « Intermittent » mais des électros, des machinos, des cadreurs, des assistants caméra, des scriptes des réalisateurs des ingés son qui ont le statut d’intermittent. Intermittent n’est pas une fin en soi ni un métier, c’est un statut particulier qui permet d’arrondir les angles, parfois aigus, de nos professions et dont les bénéficiaires ne sont pas exemptés de concourir à le financer.
Ce statut ne devrait pas être une honte mais une fierté, car il a permis de maintenir un niveau et une exigence à notre culture que bien des pays nous envient.
Bien sûr ce statut n’est pas sans défauts et si l’on peut s’inquiéter de l’inflation du nombre des intermittents et de la réalité de la précarité de certains contrats, doit on jeter le bébé avec l’eau du bain. Qui en est responsable ? Les intermittents ou les vrais bénéficiaires de ces contrats qui ont oublié que l’on pouvait aussi faire des contrats à durée indéterminée pour des types de postes dont la pratique ne relève pas de l’intermittence.
Non, messieurs et dames les journalistes du Point je n’ai pas l’impression de me la couler douce quand mon avenir dépend d’un coup de téléphone, de la chamaillerie et des jalousies de décideurs (qui eux touchent leurs salaires tous les mois) et ont droit de vie et de mort pour un film ou un programme.
Non je ne me la coule pas douce quand une de mes filles me dit qu’au cours des 15 dernières années je n’ai été présent que 4 fois à son anniversaire et que cerise sur le gâteau, jamais on a pu prévoir sereinement des vacances tous ensembles.
Non je ne me la coule pas douce quand je reviens éreinté ou plein de doutes d’un tournage très compliqué.
Non je ne me la coule pas douce quand mon téléphone n’a pas sonné pour un tournage depuis plus de quinze jours.
Non je ne me la coule pas douce quand on m’explique que pour mon travail on va me donner, au mieux, la moitié du salaire normal parce que c’est un film, fragile, compliqué, sous financé, ambitieux mais tellement beau.
Non je ne me la coule pas douce quand je vois des collègues malades, légèrement trop vieux, ou plus à la mode à qui on ne propose plus de boulot.
Non je ne me la coule pas douce parce que je partage les angoisses et les doutes de mes réalisateurs tout au long d’un projet.
Non je ne me la coule pas douce parce qu’une boite « oublie » de me payer ou me fait un chèque en bois et que je ne sais pas comment je vais terminer le mois.
Non je ne me la coule pas douce et j’assume le choix de vie et de passion que j’ai fait, et si le régime d’intermittent me permet d’amortir une partie des aléas inhérents à un métier qui par essence ne peut être exercé à plein temps, pourquoi devrais-je passer pour un nanti qui vit aux dépens de la société et de ses concitoyens. Evidemment qu'il faudra se poser la question d'une vraie réforme juste de notre statut, pour que les plus précaires d'entre-nous ne soient pas exclus et que ce statut recouvre les seuls besoins des métiers relevant de l'intermittence.
Mais, moi, je ne m’attaque pas au statut des journalistes (non exempts d’avantages) ni à ceux de la fonction publique qui défendent des personnes auxquelles je donne toute ma confiance quand je vais à l’hôpital ou quand je les vois remettre, au mépris du danger, la haute tension après une tempête…
En période de crise on se doit de se serrer les coudes, chasser de tous bois toutes les gabegies et renforcer la solidarité, mais entre nous, si on commençait cette chasse aux sorcières par ceux qui nous ont plongés dans cette crise en jouant les apprentis sorciers de la finance, à taxer les revenus spéculatifs qui ne créent rien, cassent tant aux seuls profits de quelques-uns qui n’ont aucune ambition pour la nation ou les citoyens qui la composent.
Je ne suis pas journaliste, ni homme politique, ni délégué syndical mais simple technicien de l'image qui en plus de son travail habituel co-administre, sur son temps libre, ce site de partage de connaissances pour des professionnels relevant, assez souvent et quand ils le peuvent, du statut d’intermittent. Je vous demande donc à ce titre, chers collègues, de partager et commenter ce coup de gueule, contre cet article du Point qui semble bien être la première banderille d’un "combat à mort" qui nous vise tous.
un article propulsé par TORAPAMAVOA :
http://torapamavoa.blogspot.com Clikez "plus d'infos" ci dessous pour lire la suite de l'article...^^
Un ciné-tract de la Coordination des Intermittents et Précaires d'le-de-France en réponse à l'émission C dans l'Air du 29 janvier 2013, véritable intoxication une fois de plus sur les intermittents du spectacle.
En référence vous pourrez trouver l'audition (texte de l'intervention et vidéo) de la CIP-IDF à l'Assemblée Nationale dans le cadre d'une mission d'information commune (affaire culturelles/affaires sociales) sur les conditions d'emploi dans les métiers artistiques ici :
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A l'heure où Le Point ose dire que les intermittents sont "une profession" (premiere erreur) qui se la coule douce (deuxième erreur..)
Il est temps de remettre en perspective les infos ..et l'intox !
Le Cip Idf dont nous relayons ici sur Torapamavoa régulièrement les newsletter, nous y aide !
Nous y ajoutons un coup de gueule de Philippe Brelot vu sur le forum de cinematographie.info ainsi que A l'attention de Monsieur le rédacteur en chef du magazine LE POINT" Jacques-Emmanuel Astor
Liste d'info de la Coordination des Intermittents et Précaires d'Ile de France
Site internet: http://www.cip-idf.org
Désintox : Auditions au Sénat sur l’intermittence et le déficit
Nous vous invitons à lire deux nouveaux rapports sur les droits sociaux, l’un sur l’intermittence de Patrice Rabine et l’autre plus général sur la précarité du CNLE présidé par Etienne Pinte.
Alors que les rares garanties concédées aux chômeurs subissent actuellement une dégradation sans précédent (aujourd'hui seuls 40,6% des chômeurs inscrits sont indemnisés), une prochaine « négociation entre partenaires sociaux » se prépare et les annexes 8 et 10 de la convention d’assurance-chômage sont à nouveau sur la sellette.
Suite à son audition au Sénat le 18 septembre par le groupe PS, dans le cadre d’une commission sur l’intermittence, Patrice Rabine a publié le rapport qu’il y a présenté. Ce texte riche de précisions nécessaires est précieux car il démonte pour les réduire à néant de sempiternels « arguments » à charge sur le « déficit » des caisses [1] dont seraient responsables les intermittents, balourdises hostiles récemment véhiculés à nouveau par un énième rapport de la Cour des comptes, rédigé cette fois sous la direction d’un responsable politique socialiste, Didier Migaud [2]. Ce texte et les données qu’il comporte pourra, c’est certain, faire de l’usage.
Pour le télécharger, Intermittence - Désintox, Patrice Rabine. : http://www.follepensee.com/
La Cip-idf, quant à elle, a été reçue par cette même commission (présidée par la Sénatrice du Finistère Maryvonne Blondin) le 10 octobre dernier.
Nous avons principalement insisté sur ce que nous attendons du pouvoir actuel : il est nécessaire d’inverser la logique de culpabilisation et de stigmatisation des usagers et ayants droits des institutions sociales. L’absurdité et l’iniquité de ces institutions est patente, comme le démontrent les faits concrets recueillis et analysés par les permanences CAP (Conséquences de l’application du protocole Unedic) et précarité [3] .
Nous avons rappelé par ailleurs l’exigence que soient prises en compte les propositions alternatives et égalitaires que comporte un tout autre "modèle" d’indemnisation du chômage des intermittents, élaboré collectivement par les premiers concernés dès 2003. ( http://www.cip-idf.org/
A ce propos, un étonnant rapport gouvernemental dissone pour partie avec l’idéologie dominante. On y lit par exemple : “Lutter contre la pauvreté et l’exclusion consiste notamment à permettre l’accès de tous aux droits fondamentaux. Le CNLE estime que la posture stigmatisante porte préjudice à ces droits.”
Le Conseil Nationale des politiques de Lutte contre la pauvreté et l’Exclusion sociale est présidé par Etienne Pinte qui a été le principal animateur du comité de suivi sur l’intermittence à l’Assemblée nationale.
Télécharger le rapport : http://www.cnle.gouv.fr/IMG/
Le CNLE : http://www.cnle.gouv.fr/
Le pouvoir actuel aurait tort de penser que se gargariser de mots tels que « justice sociale » puisse remplacer la chose. Tort également d’imaginer que la rhétorique de « l’effort » dont il aime à user ne lui sera pas renvoyée en pleine figure si il persistait à n’imaginer paresseusement que l’austérité comme politique.
Notes :
[1] Sur l’utilisation répétée du thème du "déficit" et la logique politique qu’elle comporte, on lira éventuellement "Refondation sociale" patronale : Le gouvernement par l’individualisation, Maurizio Lazzarato. : http://www.cip-idf.org/
[2] Intermittents : Nous avons lu le rapport de la Cour des comptes : http://www.cip-idf.org/
[3] Par exemple : Outrage à Pôle emploi : Moi, personne quelconque de nationalité de hasard, déclare avoir été témoin des faits suivants : http://www.cip-idf.org/
Posté 27 octobre 2012 - 23:05
Trop, c’est Trop,
Cette section du forum qui s’intitule « Débat, billets d'humeur... » portera bien son nom ce soir. Billet de ma mauvaise humeur même ! Quelle en est la cause ? Et bien tout simplement la une du magasine « Le Point » titrant :
« Il y a la France assommée d’impôts et il y a… La France des enfants gâtés. Régimes spéciaux. Comités Théodule. EDF. Intermittents. Intercommunalités. Ces professions qui se la coulent douce ! »
Et oui, pas moins que cela… Je n’ai, du coup, plus envie de lire l’article correspondant à ce titre, il est suffisamment insultant pour ne pas subir la prose poujadiste qui doit l’accompagner.
Comme s’il y avait plusieurs France qu’il fallait absolument opposer, une France de profiteurs qui vit aux dépens d’une vraie France qui elle seule subit la crise, elle seule paye des impôts et elle seule souffre.
Diviser pour mieux régner on connaît la chanson, mais là, la coupe est pleine. La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale (article 1er de la Constitution), c’est le socle même de notre nation. Et tous les citoyens concourent à leurs hauteurs et selon leurs possibilités à la vie et au profit de la nation.
Je ne connais pas assez les autres statuts et les autres professions pour m’exprimer en leurs noms, mais en ce qui concerne mon statut et mon métier, je peux déclarer sans rougir que je ne me sens pas être un enfant gâté qui se la coule douce sans participer ni à l’impôt ni à la solidarité avec mes concitoyens.
L’expérience que j’ai de mon métier est qu’il est rempli de passionnés qui ne comptent pas leur force de travail, leur courage, leur intelligence et leur temps au service d’une œuvre, d'un réalisateur, d'un auteur, d’un film, d’un documentaire ou d’une production audiovisuelle.
Je ne connais personne qui a comme profession « Intermittent » mais des électros, des machinos, des cadreurs, des assistants caméra, des scriptes des réalisateurs des ingés son qui ont le statut d’intermittent. Intermittent n’est pas une fin en soi ni un métier, c’est un statut particulier qui permet d’arrondir les angles, parfois aigus, de nos professions et dont les bénéficiaires ne sont pas exemptés de concourir à le financer.
Ce statut ne devrait pas être une honte mais une fierté, car il a permis de maintenir un niveau et une exigence à notre culture que bien des pays nous envient.
Bien sûr ce statut n’est pas sans défauts et si l’on peut s’inquiéter de l’inflation du nombre des intermittents et de la réalité de la précarité de certains contrats, doit on jeter le bébé avec l’eau du bain. Qui en est responsable ? Les intermittents ou les vrais bénéficiaires de ces contrats qui ont oublié que l’on pouvait aussi faire des contrats à durée indéterminée pour des types de postes dont la pratique ne relève pas de l’intermittence.
Non, messieurs et dames les journalistes du Point je n’ai pas l’impression de me la couler douce quand mon avenir dépend d’un coup de téléphone, de la chamaillerie et des jalousies de décideurs (qui eux touchent leurs salaires tous les mois) et ont droit de vie et de mort pour un film ou un programme.
Non je ne me la coule pas douce quand une de mes filles me dit qu’au cours des 15 dernières années je n’ai été présent que 4 fois à son anniversaire et que cerise sur le gâteau, jamais on a pu prévoir sereinement des vacances tous ensembles.
Non je ne me la coule pas douce quand je reviens éreinté ou plein de doutes d’un tournage très compliqué.
Non je ne me la coule pas douce quand mon téléphone n’a pas sonné pour un tournage depuis plus de quinze jours.
Non je ne me la coule pas douce quand on m’explique que pour mon travail on va me donner, au mieux, la moitié du salaire normal parce que c’est un film, fragile, compliqué, sous financé, ambitieux mais tellement beau.
Non je ne me la coule pas douce quand je vois des collègues malades, légèrement trop vieux, ou plus à la mode à qui on ne propose plus de boulot.
Non je ne me la coule pas douce parce que je partage les angoisses et les doutes de mes réalisateurs tout au long d’un projet.
Non je ne me la coule pas douce parce qu’une boite « oublie » de me payer ou me fait un chèque en bois et que je ne sais pas comment je vais terminer le mois.
Non je ne me la coule pas douce et j’assume le choix de vie et de passion que j’ai fait, et si le régime d’intermittent me permet d’amortir une partie des aléas inhérents à un métier qui par essence ne peut être exercé à plein temps, pourquoi devrais-je passer pour un nanti qui vit aux dépens de la société et de ses concitoyens. Evidemment qu'il faudra se poser la question d'une vraie réforme juste de notre statut, pour que les plus précaires d'entre-nous ne soient pas exclus et que ce statut recouvre les seuls besoins des métiers relevant de l'intermittence.
Mais, moi, je ne m’attaque pas au statut des journalistes (non exempts d’avantages) ni à ceux de la fonction publique qui défendent des personnes auxquelles je donne toute ma confiance quand je vais à l’hôpital ou quand je les vois remettre, au mépris du danger, la haute tension après une tempête…
En période de crise on se doit de se serrer les coudes, chasser de tous bois toutes les gabegies et renforcer la solidarité, mais entre nous, si on commençait cette chasse aux sorcières par ceux qui nous ont plongés dans cette crise en jouant les apprentis sorciers de la finance, à taxer les revenus spéculatifs qui ne créent rien, cassent tant aux seuls profits de quelques-uns qui n’ont aucune ambition pour la nation ou les citoyens qui la composent.
Je ne suis pas journaliste, ni homme politique, ni délégué syndical mais simple technicien de l'image qui en plus de son travail habituel co-administre, sur son temps libre, ce site de partage de connaissances pour des professionnels relevant, assez souvent et quand ils le peuvent, du statut d’intermittent. Je vous demande donc à ce titre, chers collègues, de partager et commenter ce coup de gueule, contre cet article du Point qui semble bien être la première banderille d’un "combat à mort" qui nous vise tous.
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La vie facile de l’intermittent : Il est temps de (se) faire le point.
Ce matin, comme tout bon intermittent gâté pourri qui se respecte, je me suis levé tard, je me suis fait un café et, conscient de ma vie facile, j’ai décidé de me la couler douce en glandant sur facebook.
Et là, oh surprise, je tombe sur le titre de votre journal. Nous sommes dimanche, on vient de passer à l’heure d’hiver, il pleut, ça sent la journée « Drucker » à plein nez alors oui, c’est bon de rire parfois.
Alors comme ça, pendant que la France trime et croule sous les impôts, l’intermittent du spectacle lui, se la joue tranquille et se la coule douce ? Si vous le dites, c’est que cela est sûrement vrai, je ne doute pas de vos qualités d’investigation à l’heure où vous avez ébauché cette couverture. Vous êtes journaliste, un métier noble, respecté, intègre, sans régime spécial, abattements professionnels intouchables et autres. Vous êtes la France qui travaille, qui informe, qui guide... Vous êtes à des milliers de kilomètres de la réalité du monde qui vous entoure et que vous ne croisez plus depuis longtemps dans les salons de vos rédactions.
Je suis intermittent du spectacle, oui, mais ce n’est pas mon métier, c’est un statut. Mon métier ? Technicien du cinéma, plus précisément assistant réalisateur chargé de la figuration. Je fais, je travaille dans le cinéma, cette activité qui occupe encore quelques pages dans votre hebdomadaire et dont certains de vos collègues se targuent de connaître, de comprendre et de juger en pages culture. Je suis en charge de recruter les figurants, les acteurs de compléments, ceux qu’on ne voit pas, ceux qu’on ne connaît pas, ceux qui viennent pour une journée de tournage, parfois deux, salariés en cdd pour des salaires qui ne dépassent pas vos notes de frais. Ceux sans qui une séquence de foule n’existerait pas, ceux sans qui la vie et l’ambiance du film serait bien démunies en leur absence. Ce sont donc des « acteurs de compléments », des hommes, des femmes anonymes qui cumulent 43 cachets en 10 mois et demi pour vivre de leur métier, à raison d’une brève apparition par film en attendant un rôle, une pièce de théâtre où ils ne seront pas rémunérés durant les mois de répétitions précédant les représentations. Ca n’a rien de pathétique, rien de glorieux, c’est leur métier avant d’être un statut.
J’emploie en moyenne 300 personnes par film, je reçois en moyenne 2000 candidatures. Je crée des foules, des « chorégraphies » de passants qui passent, je place, habille des gens comme un enfant déballe sa boite de playmobils. Avec envie, avec plaisir. Souvent je trouve le figurant idoine, parfois je sauve juste le statut d’un comédien en manque de travail. Ca n’a rien de confortable, rien de pathétique, rien de glorieux. Le seul point commun qui nous anime eux et moi est l’envie de faire le métier, ce métier, toujours, tout le temps, le plus souvent possible.
Je ne connais pas d’assistant réalisateur, d’assistant caméra, d’ingénieur du son ou autres professionnels de la profession, qui ont choisi ce métier par confort du statut, je ne connais que des techniciens, artistes qui, tout jeune, ont choisi par passion ce mode de vie, sans connaître pour la plupart, les tenants et les aboutissants des calculs unedics à leur encontre. Non messieurs, mesdames les journalistes, au même titre que le journalisme, on n’entre pas dans ce métier par hasard, par intérêt, on y entre uniquement par envie, par passion, quitte à tirer un trait sur une vie classique, facile, rangée, confortable. Mais on l’assume, on ne revendique rien, on ne se plaint pas, on aspire juste à un peu plus d’objectivité de votre part.
Oui, nous bénéficions d’un statut spécifique qui peut choquer en ces temps de crise, mais ce n’est pas nouveau, c’est le prix à payer pour qu’un semblant de culture subsiste aujourd’hui. Connaissez vous un autre moyen pour qu’une exception culturelle survive aujourd’hui ? Pour que certains réalisateurs, metteurs en scène continuent de créer des films, des spectacles, dans cet océan de médiocrité culturelle qui nous submerge aujourd’hui ?
De tout temps, la culture a eu besoin des élites et des états pour vivre. Le ménestrel mangeait grâce à la générosité du seigneur du château, qu’en serait il aujourd’hui des pièces de Molière sans l’aide de Louis XIV ? Un Michael Haneke existerait-il aujourd’hui sans subventions et sans des techniciens confirmés ?
Alors vous pouvez titrer sur les gabegies de l’état, sur les facilités des intermittents, oui vous pouvez, vous avez la chance de pouvoir profiter d’une liberté d’expression que vous ne cessez de revendiquer au même titre que nous pouvons revendiquer une aide à la création pour que cette dite création continue d’exister chaque jour que Dieu fait.
Au lieu de tirer sur des cibles faciles, d’aborder des sujets qui divisent les gens au lieu de les amener à se rencontrer, à se comprendre, posons nous ensemble la question que personne n’ose aborder aujourd’hui :
« Qu’est ce que la culture aujourd’hui ? Quelle est sa place dans notre société ? L’importance que nous lui accordons et le soutien que nous lui apportons ? »
Offusquez vous des facilités accordées à moins de 100 000 artistes et techniciens en France à condition de soulever cette hérésie, cette supercherie de notre société moderne qui se plaint de l’augmentation de l’essence, mais qui patiente en foule des heures durant devant des magasins, pour posséder des smart phone à plus de 600 euros ou le dernier jeu vidéo à la futilité indispensable. Qui crache sur des artistes intermittents mais qui s’extasie devant une miss météo ou une bimbo de bas étage enfermée dans un loft en prime time. Aujourd’hui un film de cinéma est vu par 100 000 spectateurs, soit 100 foins moins qu’une vidéo sur Youtube, d’un mannequin qui flatule dans un jacuzzi.
Oui, la culture mérite le soutien de la société, mais à vous lire et à voir ce qui nous entoure, la société mérite-t-elle encore qu’on la cultive et en a-t-elle encore envie?
Ce matin, comme tout bon intermittent qui se respecte, je me suis levé tard… Pour la première fois depuis deux mois. Je viens de finir un tournage auquel je suis heureux et fier d’avoir participé, un film avec peu de subvention où chacun a fait l’effort financier pour que ce film existe.
Je me suis fait un café et je suis tombé sur la première page de votre journal. Je suis déçu de voir que des hommes de lettres et d’écrit puissent tirer à boulets rouges sur une catégorie qui pourtant au départ, n’est pas loin de leur ressembler. J’ai lu votre couverture… Je lirais l’article au hasard d’une salle d’attente de médecin ou dans le hall de la CAF et du Pole emploi. Là où finissent fatalement vos œuvres.
Demain matin, lundi, je vais tenter de joindre mon pôle emploi pour renouveler mon statut. L’hiver approche ainsi que ma taxe d’habitation, je ne bénéficie pas d’allocation de rentrée scolaire pour mon fils et je compte bien lui apprendre à lire, à discerner l’écrit, les lettres, de la diatribe poujadiste. Plus tard, il aura un vrai métier à l’avenir assuré : Journaliste au Point ou footballeur, qu’en pensez vous ?
L’intermittent est plus fourmi que cigale par les temps qui courent.
Jacques-Emmanuel Astor
Ce matin, comme tout bon intermittent gâté pourri qui se respecte, je me suis levé tard, je me suis fait un café et, conscient de ma vie facile, j’ai décidé de me la couler douce en glandant sur facebook.
Et là, oh surprise, je tombe sur le titre de votre journal. Nous sommes dimanche, on vient de passer à l’heure d’hiver, il pleut, ça sent la journée « Drucker » à plein nez alors oui, c’est bon de rire parfois.
Alors comme ça, pendant que la France trime et croule sous les impôts, l’intermittent du spectacle lui, se la joue tranquille et se la coule douce ? Si vous le dites, c’est que cela est sûrement vrai, je ne doute pas de vos qualités d’investigation à l’heure où vous avez ébauché cette couverture. Vous êtes journaliste, un métier noble, respecté, intègre, sans régime spécial, abattements professionnels intouchables et autres. Vous êtes la France qui travaille, qui informe, qui guide... Vous êtes à des milliers de kilomètres de la réalité du monde qui vous entoure et que vous ne croisez plus depuis longtemps dans les salons de vos rédactions.
Je suis intermittent du spectacle, oui, mais ce n’est pas mon métier, c’est un statut. Mon métier ? Technicien du cinéma, plus précisément assistant réalisateur chargé de la figuration. Je fais, je travaille dans le cinéma, cette activité qui occupe encore quelques pages dans votre hebdomadaire et dont certains de vos collègues se targuent de connaître, de comprendre et de juger en pages culture. Je suis en charge de recruter les figurants, les acteurs de compléments, ceux qu’on ne voit pas, ceux qu’on ne connaît pas, ceux qui viennent pour une journée de tournage, parfois deux, salariés en cdd pour des salaires qui ne dépassent pas vos notes de frais. Ceux sans qui une séquence de foule n’existerait pas, ceux sans qui la vie et l’ambiance du film serait bien démunies en leur absence. Ce sont donc des « acteurs de compléments », des hommes, des femmes anonymes qui cumulent 43 cachets en 10 mois et demi pour vivre de leur métier, à raison d’une brève apparition par film en attendant un rôle, une pièce de théâtre où ils ne seront pas rémunérés durant les mois de répétitions précédant les représentations. Ca n’a rien de pathétique, rien de glorieux, c’est leur métier avant d’être un statut.
J’emploie en moyenne 300 personnes par film, je reçois en moyenne 2000 candidatures. Je crée des foules, des « chorégraphies » de passants qui passent, je place, habille des gens comme un enfant déballe sa boite de playmobils. Avec envie, avec plaisir. Souvent je trouve le figurant idoine, parfois je sauve juste le statut d’un comédien en manque de travail. Ca n’a rien de confortable, rien de pathétique, rien de glorieux. Le seul point commun qui nous anime eux et moi est l’envie de faire le métier, ce métier, toujours, tout le temps, le plus souvent possible.
Je ne connais pas d’assistant réalisateur, d’assistant caméra, d’ingénieur du son ou autres professionnels de la profession, qui ont choisi ce métier par confort du statut, je ne connais que des techniciens, artistes qui, tout jeune, ont choisi par passion ce mode de vie, sans connaître pour la plupart, les tenants et les aboutissants des calculs unedics à leur encontre. Non messieurs, mesdames les journalistes, au même titre que le journalisme, on n’entre pas dans ce métier par hasard, par intérêt, on y entre uniquement par envie, par passion, quitte à tirer un trait sur une vie classique, facile, rangée, confortable. Mais on l’assume, on ne revendique rien, on ne se plaint pas, on aspire juste à un peu plus d’objectivité de votre part.
Oui, nous bénéficions d’un statut spécifique qui peut choquer en ces temps de crise, mais ce n’est pas nouveau, c’est le prix à payer pour qu’un semblant de culture subsiste aujourd’hui. Connaissez vous un autre moyen pour qu’une exception culturelle survive aujourd’hui ? Pour que certains réalisateurs, metteurs en scène continuent de créer des films, des spectacles, dans cet océan de médiocrité culturelle qui nous submerge aujourd’hui ?
De tout temps, la culture a eu besoin des élites et des états pour vivre. Le ménestrel mangeait grâce à la générosité du seigneur du château, qu’en serait il aujourd’hui des pièces de Molière sans l’aide de Louis XIV ? Un Michael Haneke existerait-il aujourd’hui sans subventions et sans des techniciens confirmés ?
Alors vous pouvez titrer sur les gabegies de l’état, sur les facilités des intermittents, oui vous pouvez, vous avez la chance de pouvoir profiter d’une liberté d’expression que vous ne cessez de revendiquer au même titre que nous pouvons revendiquer une aide à la création pour que cette dite création continue d’exister chaque jour que Dieu fait.
Au lieu de tirer sur des cibles faciles, d’aborder des sujets qui divisent les gens au lieu de les amener à se rencontrer, à se comprendre, posons nous ensemble la question que personne n’ose aborder aujourd’hui :
« Qu’est ce que la culture aujourd’hui ? Quelle est sa place dans notre société ? L’importance que nous lui accordons et le soutien que nous lui apportons ? »
Offusquez vous des facilités accordées à moins de 100 000 artistes et techniciens en France à condition de soulever cette hérésie, cette supercherie de notre société moderne qui se plaint de l’augmentation de l’essence, mais qui patiente en foule des heures durant devant des magasins, pour posséder des smart phone à plus de 600 euros ou le dernier jeu vidéo à la futilité indispensable. Qui crache sur des artistes intermittents mais qui s’extasie devant une miss météo ou une bimbo de bas étage enfermée dans un loft en prime time. Aujourd’hui un film de cinéma est vu par 100 000 spectateurs, soit 100 foins moins qu’une vidéo sur Youtube, d’un mannequin qui flatule dans un jacuzzi.
Oui, la culture mérite le soutien de la société, mais à vous lire et à voir ce qui nous entoure, la société mérite-t-elle encore qu’on la cultive et en a-t-elle encore envie?
Ce matin, comme tout bon intermittent qui se respecte, je me suis levé tard… Pour la première fois depuis deux mois. Je viens de finir un tournage auquel je suis heureux et fier d’avoir participé, un film avec peu de subvention où chacun a fait l’effort financier pour que ce film existe.
Je me suis fait un café et je suis tombé sur la première page de votre journal. Je suis déçu de voir que des hommes de lettres et d’écrit puissent tirer à boulets rouges sur une catégorie qui pourtant au départ, n’est pas loin de leur ressembler. J’ai lu votre couverture… Je lirais l’article au hasard d’une salle d’attente de médecin ou dans le hall de la CAF et du Pole emploi. Là où finissent fatalement vos œuvres.
Demain matin, lundi, je vais tenter de joindre mon pôle emploi pour renouveler mon statut. L’hiver approche ainsi que ma taxe d’habitation, je ne bénéficie pas d’allocation de rentrée scolaire pour mon fils et je compte bien lui apprendre à lire, à discerner l’écrit, les lettres, de la diatribe poujadiste. Plus tard, il aura un vrai métier à l’avenir assuré : Journaliste au Point ou footballeur, qu’en pensez vous ?
L’intermittent est plus fourmi que cigale par les temps qui courent.
Jacques-Emmanuel Astor
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