08/06/2007

Le gentil monsieur te dit de ne plus venir...

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vendredi 8 juin 2007, 15h30
Au Mali, Bernard Kouchner insiste sur l'aide au développement

BERNARD KOUCHNER AU MALI
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BAMAKO (Reuters) - L'aide au développement de l'Afrique est essentielle pour enrayer l'émigration qui, sur ce continent, relève d'une "tradition" plus que d'un choix, a déclaré Bernard Kouchner à l'occasion de sa première visite dans un pays africain en tant que chef de la diplomatie française.

L'ancien champion de l'action humanitaire a déclaré à Bamako, la capitale malienne, que dans certaines communautés rurales le fait d'envoyer des gens travailler en France afin d'en recevoir de l'argent était devenu une habitude qu'il fallait remettre en cause.

"Les immigrés ne viennent pas chez nous parce que ça leur fait plaisir, (mais) parce que c'est la tradition", a-t-il dit jeudi soir au cours d'une réception.

"C'est une tradition qu'ensemble on doit balancer, attendrir, si je peux me permettre cette expression, rendre plus tendre les uns et les autres, les Maliens et les Français, les Français et les Maliens, c'est notre espérance."

"Le codéveloppement (...) est un apport très efficace à ce problème. Je pense qu'il faut aller dans ce sens", a ajouté le ministre français.

APPRÉHENSIONS

Dans beaucoup de régions d'Afrique de l'Ouest, l'émigration vers l'Europe, quel qu'en soit le moyen, est une source de prestige. Plus de 30.000 habitants de cette partie du continent ont gagné l'an dernier l'archipel espagnol des Canaries au terme de voyages périlleux à bord de simples bateaux de pêche.

Des centaines de milliers d'immigrés originaires du Mali et d'autres pays africains vivent en France, dont un grand nombre illégalement.

L'élection de Nicolas Sarkozy à la tête de l'Etat français le 6 mai dernier a fait craindre en Afrique que sa politique en matière d'immigration n'affecte les liens traditionnellement forts de la France avec la région.

La nomination de Kouchner, "franc-tireur" de la politique plutôt situé à gauche, a quelque peu atténué cette appréhension. Le nouveau ministre des Affaires étrangères ayant été cofondateur de Médecins sans frontières (MSF), ONG humanitaire qui s'active dans certaines des zones les plus inhospitalières et dangereuses du continent africain.

Il a été l'un des principaux avocats du "droit d'ingérence" dans les pays où sont bafoués les droits de l'homme.

Kouchner devait assister vendredi à la prise de fonctions du président malien Amadou Toumani Touré, qui a obtenu sa réélection cette année, avant de se rendre au Tchad - pays de plus en plus affecté par les violences agitant la province soudanaise du Darfour. Selon MSF, plus de 150.000 Tchadiens ont été déplacés du fait de l'instabilité qui en résulte.

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