La gauche allemande se réveille
Le nouveau parti Die Linke crédité de 24% des intentions de vote.
Par Nathalie Versieux/Libération
QUOTIDIEN : lundi 18 juin 2007
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Berlin
de notre correspondante
La gauche de la gauche a le vent en poupe outre-Rhin. Le parti de gauche (l’héritier du parti communiste est-allemand) et la WASG (l’aile gauche sécessionniste du Parti social-démocrate), réunis ce week-end en congrès à Berlin, ont entériné leur fusion au sein d’une nouvelle force qui s’appelle tout simplement Die Linke, «la Gauche». C’est un mariage de raison. Les ex-communistes s’ouvrent la porte de la cour des grands alors que jusqu’ici ils n’étaient jamais parvenus à percer à l’Ouest.
Offensifs. Cantonné au statut de parti régional, l’héritier de la SED de Honecker craignait à chaque élection de ne pas atteindre la barre fatidique des 5 % des suffrages exprimés au-dessous de laquelle aucun parti n’est représenté au Bundestag, le Parlement national. De son côté, la WASG, née en 2005 autour du très populaire ministre démissionnaire du gouvernement Schröder Oskar Lafontaine, profite de l’implantation militante de son allié est-allemand : 60 000 des 83 000 adhérents de la Gauche viennent de l’ex-RDA.
En Allemagne, le mariage est loin de faire l’unanimité d’autant que le nouveau parti bouleverse l’ensemble de l’échiquier politique. Crédité de 24 % des intentions de vote dans les sondages, il pourrait devenir la troisième force politique juste derrière la CDU d’Angela Merkel et le Parti social-démocrate (SPD), en perte de vitesse. Particulièrement offensifs et ratissant large, les dirigeants de Die Linke s’adressent aussi bien aux nostalgiques de la dictature communiste qu’aux déçus de la social-démocratie. Leur discours fustige la politique de réformes du gouvernement Schröder, poursuivie par Angela Merkel, et l’alliance du SPD avec la CDU, au pouvoir à Berlin depuis fin 2005. La Gauche tire aussi à boulets rouges sur la politique étrangère de l’Allemagne, critique les choix environnementaux du gouvernement et surtout les choix économiques de Berlin. Et ça marche.
Alliance. Aux élections régionales de Brême, le mois dernier, la Gauche a pour la première fois réussi à percer dans un parlement régional ouest-allemand. Aujourd’hui, la Gauche est représentée dans tous les parlements régionaux est-allemands, a exercé le pouvoir au niveau régional dans le Mecklembourg (nord de l’ex-RDA) entre 1998 et 2006 et se partage le pouvoir avec le SPD au parlement régional de Berlin. Cela obligera le SPD à se poser la question d’une alliance de gauche au niveau fédéral. La proportionnelle empêchant toute majorité absolue au Bundestag, CDU et SPD étaient jusqu’alors condamnés à s’allier aux Verts ou aux libéraux pour accéder au pouvoir. Mais la Gauche perturbe ce jeu bien rodé. Gerhard Schröder serait aujourd’hui toujours au pouvoir s’il avait accepté en 2005 de gouverner avec les Verts et les néocommunistes.
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