12/06/2007

Quand les soutiers du Figaro se rebellent contre leurs capitaines

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Après le groupe Lagardère, voici que les journalistes du Figaro (groupe Dassault) se révoltent contre leurs patrons. Ils accusent Nicolas Beytout et Jean-Michel Salvator, directeur du journal et son adjoint, de sarkophilie prononcée et de dérive éditoriale autoritaire. Voici l’histoire.

Mercredi dernier, comme chaque mois, le bureau de la Société des rédacteurs (SDR) rencontre la direction pour faire le point, de manière informelle, sur les affaires courantes. Dans un "climat inhabituellement tendu", relate la SDR dans un communiqué publié sur le réseau interne du Figaro, les deux chefs accueillent les questions avec "agacement, mépris ou dérision". Alors que le ton est habituellement fort courtois. Les cinq gérants de la SDR avaient simplement voulu éclaircir quelques points douteux.

► Premier point. Ils s’interrogent sur "la position que compte adopter à l’avenir le Figaro, par rapport au nouveau gouvernement, en demandant si le journal continuera de suivre la communication de l’Elysée sans tenter d’imposer ses propres choix d’actualité et une attitude plus distanciée".
La SDR s’interroge aussi sur "le rôle croissant des sondages à la une du journal et la transformation trop systématique du journal en support de ces enquêtes d’opinion, sans vraie plus-value éditoriale". Réponse de Nicolas Beytout: "Le Figaro adoptera la même attitude qu’auparavant" (avant la période électorale).

► Deuxième point. Les représentants de la Société des Rédacteurs s’étonnent que "seulement quelques lignes aient été consacrées à Arnaud Lagardère, soupçonné de délit d’initié dans le cadre d’EADS, alors que nos concurrents ont donné un large retentissement à cette affaire". Jean-Michel Salvator explique: "On a mal apprécié l’importance de cette information, il n’y avait aucune volonté de la dissimuler. D’ailleurs, nous lui avons consacré six colonnes le lendemain." Certes, reprend la SDR, mais six colonnes "consacrées à la défense d’Arnaud Lagardère"!

► Troisième point. Les révoltés (élus pour deux ans par la rédaction) relayent deux récriminations. D’abord, celle d’une consoeur affirmant qu’il lui a été "défendu d’évoquer la démission de huit (sur douze) historiens du comité scientifique de la Cité de l’immigration". Information donnée en primeur par Rue89. Pas au courant, répond Nicolas Beytout, oubliant que le 25 mai, l’éditorialiste Ivan Rioufol avait étrillé ces gauchistes d'historiens dans son bloc-notes.
Les protagonistes évoquent enfin le cas de Jean Dobritz, dessinateur du journal depuis vingt ans, "dont le travail est mis en cause par la direction de la rédaction". "Ses dessins seront désormais visés" par le directeur de la rédaction en personne. Depuis, le caricaturiste se fait rare dans les pages du Figaro.

Contacté par nos soins, le président de la Société des Rédacteurs, Jean-Christophe Papillon a opposé le "pas de commentaires" habituel, les élus de la SDR n’ayant pas pour usage de s’exprimer sur des affaires internes au journal.

Bizarrement, les journalistes ont pris soin d'oublier de citer le nom de leur actionnaire de référence. Il est vrai que Serge Dassault ne trompe pas son monde, lui qui appelait de ses voeux, dans un éditorial du 1er janvier 2007, une "rupture totale" pour les élections de mai.

Quant à Nicolas Beytout, peut-être agacé d’avoir raté un poste sur TF1 comme l’annonçait le site de nos amis du JDD.fr, il n’avait toujours pas répondu hier soir aux appels de Rue89.

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