Vous demandez dans le désert.
Claude-Yves Robin, directeur général de France 5, n’a pas réfléchi longtemps. Ma lettre de licenciement est arrivée samedi matin. Je suis licencié pour "faute grave", pour tout ce que je vous ai écrit ici, sur le BBB, depuis le 13 juin.
La lettre fait trois feuillets. J’ai "tenu des propos inadmissibles", alors que "la chaine ne s’était pas encore prononcée" sur le devenir de l’émission. J’ai laissé entendre que l’arrêt de l’émission était lié à des "pressions politiques". Ces "graves accusations" mettent non seulement en cause "l’indépendance de la direction du groupe France Télévisions et de la chaine, mais aussi l’indépendance et et la qualité du travail de certains journalistes d’autres chaines du groupe".
J’ai organisé "de façon délibérée une campagne de dénigrement à l’encontre des dirigeants de la chaine et du Groupe allant jusqu’à des attaques personnelles envers son président Monsieur Patrick de Carolis dans le but de faire pression".
J’ai "insinué que la décision de l’arrêt de l’émission résultait d’une volonté de vengeance". J’ai écrit "quel effet ça fait, Carolis, de porter si longtemps votre vengeance ?"
Etc, etc.
Le tempo de toute cette opération n’échappera à personne. Le film est le suivant : Carolis ne voulait plus de cette émission incontrôlable et récidiviste, qui avait osé dénoncer, voici dix ans, un bidonnage de son émission de France 3, et avait récidivé en traitant le cas Schoenberg. Vilamitjana et Robin ne voulaient plus d’un animateur qui osait leur dire non au téléphone. Tous savaient que cette décision ne leur vaudrait pas d’ennuis avec leur nouvel actionnaire, celui du 6 mai et du 17 juin. Peut-être même, allez savoir, ont-ils cru devancer ses désirs. Pour éviter les vagues, ils reportent l’annonce au 18 juin, lendemain de la dernière. Je dénonce publiquement cette grossièreté vis à vis de vous. Et donc, admirez la figure, je suis licencié pour faute grave.
Mon licenciement n’a qu’une importance secondaire dans l’histoire. Je le contesterai évidemment aux prudhommes, et je ne suis pas trop pessimiste.
La décision importante, c’est celle de la suppression de l’émission. C’est celle de ces hommes, qui imposent la raison d’Etat, la raison de l’entreprise, à cent quarante deux mille télespectateurs.
La conséquence de cette décision, c’est que la télévision referme autour d’elle le voile d’opacité et d’intimidation, que nous avions entrouvert depuis douze ans. C’est dans la presse écrite, dans les livres, au cinéma, sur Internet, sur une chaine étrangère peut-être, qu’il faudra aller chercher des informations sur la grosse machine à rendre les cerveaux disponibles, poussive et essoufflée, mais qui a encore de beaux restes.
Ma faute grave, c’est de n’avoir pas eu peur.
Ma faute grave, c’est de vous avoir tout dit.
Mais n’ayez aucune inquiétude, je continuerai.
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