14/08/2007

La croissance n'obeit pas a Sarkozy...

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Croissance française décevante au 2e trimestre, la tâche du gouvernement se complique
AFP
Par Marie WOLFROM AFP - il y a 2 heures 9 minutes

PARIS (AFP) - La croissance de l'économie française, déjà timide en début d'année, a marqué le pas au printemps, compliquant la tâche du gouvernement qui tablait sur une progression supérieure à 2,25% en 2007 pour contenir les déficits.

Après 0,5% de hausse au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,3% au deuxième, a annoncé mardi l'Institut national de la statistique (Insee).

"+L'effet Sarkozy+ sur l'économie française a fait pschitt", commente Alexander Law, du cabinet d'études Xerfi. Le chiffre est "décevant", pour Mathieu Kaiser (BNP Paribas), puisque inférieur de moitié aux prévisions de l'Insee et de la Banque de France. Sur la même période, l'Allemagne n'a certes pas fait mieux (0,3% également), mais l'Espagne a affiché une croissance de 0,8%.

Pour la France, cela signifie à ce stade un niveau garanti de croissance d'au moins 1,3% en 2007, sauf récession, ce qui n'est pas énorme.

Du coup il n'y a plus guère d'économistes pour parier, comme le gouvernement, sur une croissance comprise entre 2,25 et 2,5% sur l'ensemble de l'année.

"L'idée d'atteindre une croissance de 2,5% cette année relève du fantasme", assène Nicolas Bouzou, du cabinet d'études Asterès, jugeant que même un niveau de 2% "semble quasi inatteignable". Il est rejoint par Alexander Law, pour qui la croissance "tournera, au mieux, autour de 1,75% cette année". Plus optimiste, Mathieu Kaiser espère 2%.

A Bercy, on tente de relativiser. Certes, le chiffre trimestriel "est moins bon que prévu", a-t-on concédé. Mais "le deuxième trimestre 2007 correspond à la période électorale, qui est traditionnellement une période d'attente", a-t-on fait valoir.

"Ce qui nous importe maintenant, c'est la croissance à venir", a-t-on ajouté, assurant que "les indicateurs du climat des affaires de l'Insee sont au plus haut". Après avoir progressé en juin, le moral des industriels français est toutefois demeuré stable en juillet.

Les économistes se montrent beaucoup plus soucieux. Profitant d'une inflation toujours sage (+1,1% sur un an en juillet), les ménages "continuent à faire de la résistance", avec des dépenses toujours en hausse, note Alexander Law. Mais les entreprises, elles, "sont sur la défensive", s'inquiète-t-il.

"C'est gênant, d'autant que les turbulences actuelles sur les marchés financiers pourraient conduire certains chefs d'entreprise à geler provisoirement des décisions d'investissement en attendant d'y voir plus clair", estime cet économiste.

Au deuxième trimestre, ces investissements, "composante la plus importante pour la croissance à long terme de l'économie" n'ont "même pas progressé", s'alarme Nicolas Bouzou, pour qui, "dans ce contexte, notre système productif ne peut que perdre en compétitivité". Et cet économiste de souligner la mauvaise performance du commerce extérieur français, qui a amputé la croissance trimestrielle de 0,3 point.

Dans ces conditions, la tâche du gouvernement, qui s'est engagé à ramener fin 2007 à 2,4% du PIB le déficit public de la France (qui comprend celui de l'Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités locales), s'annonce compliquée.

Car une croissance nettement plus faible que prévu en 2007 pourrait se solder par de moindres rentrées fiscales, et un déficit budgétaire accru. Le ministre du Budget et des Comptes publics, Eric Woerth, a déclaré à l'AFP n'avoir "aucune inquiétude" à ce sujet. "On a des recettes fiscales qui se tiennent bien et des dépenses qu'on maîtrise bien", a-t-il assuré.

On "pourrait bien reparler de la TVA sociale", glisse Nicolas Bouzou, en plaidant pour un "électrochoc qui aille au delà du sympathique mais limité +paquet fiscal+".

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