Sarko partout, info nulle part
Chronique | lundi, 24 septembre 2007 | par Paul Litzer
Sarkozy, l’économie, la grande presse…De belles histoires pour enfants
Mais, il n’a pas hésité à remontrer les biscottos, qu’il a moins saillants que son homologue russe, en première page du Monde de samedi dernier : « Je veux 3 % de croissance ». De telles sorties sont-elles destinées à faire se gondoler l’Europe entière ? On ne le sait pas mais toujours est-il que nos voisins se tiennent toujours les côtes. Même le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui méchamment taclé par le timonier de l’Élysée, n’a pas hésité à dire qu’il ne commentait pas « les propos tenus en l’air » au prétexte que Super Sarko s’était exprimé devant quelques journalistes dans l’avion le ramenant de Hongrie.
Riez, bonnes gens. Ce n’est pas ce qui va perturber les journalistes français. Eux ont compris que le timonier de l’Élysée était le plus grand, le plus beau et le plus fort de tous les dirigeants de la planète. D’ailleurs, ils ont traité avec un souverain mépris l’initiative d’une association demandant une « journée sans Sarko ». Il faut dire que les médias français sont encore sous le charme. Prenez Philippe Ridet, certainement le plus zélé de la bande. Dans Le Monde (15/09), celui qui se vante de tutoyer Super Sarko nous offre une page entière sur son idole.
Pour dire quoi ? Pour nous expliquer que « tous les matins, Nicolas Sarkozy réaménage son emploi du temps du jour. De l’art et de la manière d’être partout et de monopoliser les médias ». Le tout sous le titre accrocheur : « Le président tout-info ». Tout occupé à cirer les chaussures de Super Sarko, Ridet, dont on se demandait ici même il y a quelques mois s’il ne postulait pas au poste de porte-parole de l’Élysée, se déchaîne. Premier scoop : « Loin de la France, il (Sarko évidemment) a le sentiment que les choses lui échappent ». On comprend tout. Ce n’est pas notre tonitruant président qui a décidé de se faire offrir des vacances de milliardaire (22 000 euros par semaine la location d’une villa gigantesque) aux États-Unis. Il y a été contraint. Par qui ? L’intrépide Ridet ne nous le dit pas.
Dans ce récit à la gloire du grand homme, il nous livre un deuxième scoop : « Pour décrypter, analyser, expertiser, il faut du temps. Et quand celui-ci se présente enfin, le président est passé à un autre sujet et la presse à une autre polémique ». Et là, on comprend tout. Si les journalistes ne font pas leur travail, ce n’est pas parce qu’ils sont serviles ou paresseux ou fascinés par Super Sarko (ou les trois à la fois ?). Non. Si nos vaillants reporters politiques n’arrivent pas à « décrypter, analyser et expertiser », c’est tout simplement parce qu’ils n’ont pas le temps. Peut-être pouvons nous leur suggérer une solution : transformer les quotidiens en mensuels, les hebdos en trimestriels, les journaux de radio et de télé en magazines. Mais après tout, ils peuvent continuer à cirer les chaussures de notre président bien-aimé. Cela donne une occasion de rigoler à ceux, de moins en moins nombreux, à s’intéresser encore à ce que rapportent nos médias.
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