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Reuters - Mardi 6 novembre, 17h09
La veille, les salariés avaient déjà voté massivement en faveur de la non-parution, jugeant que la vente annoncée par le britannique Pearson risquait notamment de fragiliser l'indépendance éditoriale.
"Sur 344 votants mardi lors d'une assemblée générale, 241 se sont prononcés pour la non-parution et 96 contre. Il y a eu quatre nuls et trois abstentions", a déclaré un représentant du syndicat SNJ.
Les salariés avaient auparavant accueilli sous les huées David Bell, le représentant de leur propriétaire Pearson, venu assister à un comité d'entreprise consécutif à l'annonce de la vente du journal, a-t-il rapporté.
Tout au long de la journée, des sociétés de journalistes et des élus de gauche ont exprimé leurs inquiétudes sur l'avenir du titre et plus largement sur l'indépendance de la presse.
Lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le député PS Patrick Bloche a appelé le gouvernement à saisir le Conseil de la concurrence et des prix, soulignant que Bernard Arnault, "patron" de LVMH, était déjà propriétaire d'un quotidien économique, La Tribune.
"La liste des conflits d'intérêts s'allonge quand on voit les plus grands groupes industriels et financiers français, dont la plupart vivent des commandes de l'Etat, mettre la main sur les principaux médias de notre pays", a-t-il lancé.
La ministre de la Culture, Christine Albanel, lui a répondu que le droit de la concurrence serait préservé, estimant que des garanties avaient été d'ores et déjà données par LVMH.
Dans un communiqué, le groupe de Bernard Arnault a assuré lundi que l'accord entre LVMH et Pearson "comporte un ensemble de dispositions relatives à l'indépendance éditoriale ainsi que des engagements en matière d'emploi au sein du Groupe Les Echos."
Déjà propriétaire de La Tribune qu'il entend céder, LVMH propose 240 millions d'euros pour le groupe Les Echos.
Vincent de Féligonde, président de la société des rédacteurs des Echos, a appelé le président Nicolas Sarkozy à "prendre la mesure de la crise qui traverse la presse."
"Quand on voit que l'essentiel de la presse est détenu par des grands industriels, on peut dire que la démocratie française est bien malade", a-t-il dit sur i-télévision.
"Ce qui nous frappe, c'est le silence assourdissant du côté des politiques", a renchéri Jean-Michel Dumay, président du Forum permanent des sociétés des journalistes et de la société des journalistes du Monde.
"Il y a un vrai problème aujourd'hui en France sur le financement de la presse et il y a une crise de confiance entre les médias et le grand public et il serait temps de se préoccuper de ça", a-t-il dit.
Il a rappelé que Nicolas Sarkozy, garant constitutionnel du pluralisme de la presse, avait été saisi après son élection, en particulier sur le projet de rachat des Echos par LVMH, et qu'il n'y avait eu "absolument aucune réponse."
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