11/03/2008

Parents et enseignants inquiets du "fichage" des enfants en primaire et maternelle

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MARSEILLE (AFP) - La mise en place d'une base de données informatisée, baptisée "base élèves", dans des écoles maternelles et primaires inquiète enseignants, parents et associations de défense des droits de l'homme qui y voient une dérive vers le "fichage" des enfants.







MARSEILLE (AFP) - La mise en place d'une base de données informatisée, baptisée "base élèves", dans des écoles maternelles et primaires inquiète enseignants, parents et associations de défense des droits de l'homme qui y voient une dérive vers le "fichage" des enfants.

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En cours d'expérimentation dans plusieurs écoles dans toute la France, "base élèves", alimentée par les maires et directeurs d'écoles, doit être opérationnelle à la rentrée scolaire 2009.

Selon le ministère de l'Education nationale, ce fichier va permettre une meilleure gestion des effectifs et le suivi du parcours scolaire des élèves. Pourtant la Ligue des droits de l'homme (LDH) qui a lancé une pétition pour demander sa suspension, y voit un "danger pour les libertés publiques".

"Les informations enregistrées vont bien au-delà des informations nécessaires pour gérer la scolarité", juge Jean-Claude Aparicio, de la LDH des Bouches-du-Rhône.

Outre l'âge et le nom de l'écolier, qui reçoit un numéro identifiant qui le suit toute sa scolarité dans le primaire, ce fichier doit contenir des éléments sur ses aptitudes, son absentéisme, son éventuel suivi psychologique ou social.

"Pourquoi personnaliser ces éléments ?", s'interroge Sylvie Anselme, directrice d'une école maternelle marseillaise, émue de voir "une étiquette accolée" aux bambins.

L'inquiétude est d'autant plus forte que dans un premier temps, le ministère avait demandé à ce que la nationalité, la langue parlée à la maison, la culture d'origine... figurent dans ce fichier, avant de faire marche arrière devant un avis défavorable de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).

Le secrétaire général de l'inspection académique d'Aix/Marseille, Michel Ricard, s'étonne de ces craintes. "Cet outil ne va pas servir à porter préjudice à l'enfant mais à adapter l'enseignement à sa situation", dit-il.

Il réaffirme que seuls les directeurs d'école, les maires et les inspections académiques y auront accès grâce à un code ne leur permettant de consulter que les éléments les intéressant directement. Les maires ne pourront par exemple accéder qu'aux données relatives à l'identité de l'enfant mais pas à ses besoins éducatifs.

"Mais, dénonce Alain Barlatier, du syndicat enseignant FSU, avec la loi de prévention de la délinquance de 2007, qui préconise le partage des fichiers entre maires, professionnels de santé, policiers, magistrats..., rien n'empêchera d'aller y puiser pour détecter les délinquants précoces ou faire la chasse aux sans-papiers".

Pour Claire Lemonnier, mère d'un enfant en maternelle, "ce fichier n'est pas constructif car rien n'est mis en place à côté pour aider les enfants en difficulté".

"Quand on remplit une fiche pour l'école, on le fait pour le directeur et pas pour la planète", s'emporte Nadine Gressin, une autre maman qui juge que ce fichier a été mis en place en "catimini". "Il n'y a eu ni réunion ni affichage".

Mme Anselme, la directrice d'école, se plaint aussi d'avoir été prise au dépourvu: "On m'a convoquée à une formation sans me dire de quoi il s'agissait. Et maintenant je suis tenue de remplir ce fichier".

"Nous ne sommes pas opposés à l'évolution technologique mais il faudrait remettre à plat l'expérimentation et avoir une vraie concertation", renchérit M. Barlatier de la FSU.

Philippe Dieudonné (LDH) réclame "un fichier sans nom", "comme à l'Insee".




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