13/07/2008

Le pouvoir d’achat est-il caché derrière l’écran publicitaire ?

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L’un des plus ardents combats de notre président de la république Tsarkozy est incontestablement la suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publique. Nul ne songerait à s’en étonner ou à le discuter tant il est évident que ce combat est primordial et supplante naturellement la lutte contre certains maux comme par exemple les méfaits causés par l’alcoolisme au volant ou les problèmes écologiques.
Il est bien entendu que la publicité est un chancre qui vole la place d’émissions culturelles. De même la publicité est un attrape-nigauds. En résumé, la publicité, c’est « beurk » !







L’un des plus ardents combats de notre président de la république Tsarkozy est incontestablement la suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publique. Nul ne songerait à s’en étonner ou à le discuter tant il est évident que ce combat est primordial et supplante naturellement la lutte contre certains maux comme par exemple les méfaits causés par l’alcoolisme au volant ou les problèmes écologiques.
Il est bien entendu que la publicité est un chancre qui vole la place d’émissions culturelles. De même la publicité est un attrape-nigauds. En résumé, la publicité, c’est « beurk » !

Quand je vois celle qui a été concoctée par le site Rue du Commerce.com : « Les 1 euros », je suis assez tentée d’être d’accord avec le président de la république. Il y a, en effet, matière à s’interroger sur le quotient intellectuel de gens qui paient une publicité imaginée par des ignares et sur la probité des producteurs de chaînes de télévision qui se rendent complices de sa diffusion.

Pourtant, si l’on omet son but incontestablement mercantile, la publicité pourrait être considérée comme un art mineur et il est tout aussi indéniable qu’il faut un réel talent créatif pour inciter les consommateurs à acheter tel produit plutôt que tel autre vu la richesse du choix qui leur est proposé.
Mais pour en revenir au sujet de cette chronique, ce qui, donc, avait été un projet du candidat Sarkozy au trône présidentiel devenait une décision qu’il convenait de mettre en œuvre du président Tsarkozy. Ne restait plus qu’à trouver le budget pour pallier au manque à gagner que représentait la publicité éjectée. Ça représentait quoi ce manque à gagner ? Environ 800 millions d’euros ? Autant dire, “une bagatelle” !

Après quelques tâtonnements, après quelques terreurs infligées aux contribuables, la solution a été trouvée et le gouvernement s’est empressé de rassurer les français déjà si déprimés que seule la perspective des vacances d’été retarde un raz-de-marée collectif de hara-kiri. C’est décidé, dans un avenir proche, la publicité ne polluera plus les chaînes de télévision publique et les quelques 800 millions d’euros qui étaient obtenus grâce à sa diffusion seront désormais payés par les FAI (fournisseurs d’accès Internet) ; ainsi les consommateurs ne seront pas mis à contribution.

Là, on est en droit de s’interroger : le gouvernement est il composé de grands naïfs ou d’êtres cyniques qui nous prennent vraiment pour des débiles profonds ? Parce que fournir l’accès à Internet est bien un acte de commerce que je sache ? La vocation première des commerçants n’est pas la philanthropie, n’est-ce-pas ? Par ailleurs, pour être commerçant, il faut bien avoir des clients, non ? Et que sont les clients sinon des consommateurs ?
On peut donc se poser la question de savoir si le gouvernement est composé d’ingénus ou d’impudents mais depuis ce mois de juin on peut avoir la certitude qu’il est constitué de personnes dotées du sens de l’humour.

Il faut en effet posséder une sacrée dose d’humour pour dépenser l’argent de l’État en publicité programmée sur une période de 3 semaines alors que le chef de ce même État s’apprête à mettre son veto à ce mode d’expression lorsqu’il s’agit des chaînes de télévision publique.
N’en doutons pas, c’est uniquement par goût pour la facétie que depuis le 23 juin, et sur une période qui va perdurer jusqu’au 11 juillet, le gouvernement fait SA pub pour glorifier SA lutte pour le pouvoir d’achat :
- avec des bandeaux sur neuf sites commerciaux utilisant Internet,
- avec trois annonces thématiques dans la presse quotidienne écrite, payante et gratuite, nationale et régionale,
et….
- à la télévision sur les grandes chaînes nationales, vingt chaînes de la TNT, du câble et du satellite !

Non, non, pas à la radio ; la diffusion de spots à la radio coûtait trop cher et le gouvernement (c’est tout à son honneur) se refuse à galvauder l’argent que lui confient les français sous forme d’oboles diverses connues plus généralement sous le nom d’impôts et taxes. À la télévision, la durée de chaque spot thématique est prévu pour une durée de 20 secondes mais il est complété par un spot « générique » de 45 secondes. Un total fort raisonnable de 1630 spots est prévu entre le 23 juin et le 11 juillet pour nous persuader que le gouvernement est bien décidé à garantir notre pouvoir d’achat ainsi que l’a promis le président Tsarkozy lors de la campagne présidentielle du candidat Sarkozy.


Les slogans sont très convaincants qui commencent chaque spot par le rappel d’un but commun aux Français et à ceux qui les gouvernent : « Vous êtes impatients. Nous aussi » pour se terminer par une promesse qui, personnellement, m’enchante par la qualité soigneusement élaborée de son imprécision : «C’est mois après mois que nous gagnerons la bataille du pouvoir d’achat ». Mois après mois, hein ?

C’est ce que devait promettre Bertrand du Guesclin à ses troupes pour les motiver : «mois après mois nous gagnerons la bataille contre les anglois.» Il faut rendre cette justice au gouvernement qu’il a su marchander auprès de l’agence Young & Rubicam chargée d’orchestrer cette campagne publicitaire puisqu’elle ne coûte que 4,33 millions d’euros.

Chacun jugera selon l’enseignement qu’il retirera de ce matraquage. Pour ma part, cette propagande me rappelle trop une phrase reprise dans un sketch de l’un de mes maîtres à penser, le regretté Michel Colucci : « Écrivez-nous de quoi vous avez besoin, on vous expliquera comment vous en passer.» et je trouve que 4,33 millions d’euros dépensés pour ce résultat, c’est cher payé.

lu sur:http://www.leflambeau.com/

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