05/02/2009

Sur le front des facs

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Gérald Guillaumet, président de l'université d'Orléans: «il faut que la ministre retire ce texte»
http://www.libeorleans.fr/libe/2009/02/grald-guillaume.html

AG à Bordeaux 4 contre les «master Conforama avec option vente de canapés cuir»
http://www.libebordeaux.fr/libe/2009/02/ag-bordeaux-4-c.html


Les élèves de l'ENS Ulm soutiennent le mouvement de grève
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/02/les-lve-de-lens.html



05/02/2009
Gérald Guillaumet, président de l'université d'Orléans: «il faut que la ministre retire ce texte»

Img_8737 ÉDUCATION. Gérald Guillaumet, président de l’université d’Orléans et Youssouffi Touré, vice-président du conseil d’administration ont profité de la forte mobilisation qui touche leur campus pour préciser leurs positions. Ils l’ont fait mercredi, la veille de la manifestation locale (LibéOrléans du 3 février 2009), à l’occasion d’une conférence de presse. «Je sentais bien cette exaspération monter chez les enseignants», précise le président. «Il faut que la ministre retire ce texte sur les enseignants chercheurs et qu’il soit de nouveau débattu». Gérald Guillaumet et Youssouffi Touré reconnaissent qu’il «fallait donner de la souplesse au texte» régissant le statut des enseignants chercheurs, «des règles vieilles de 24 ans qu’il était nécessaire d’adapter aux réalités d’aujourd’hui», mais ils estiment que les propositions ministérielles sont «maladroites». Pour autant, les personnels et étudiants en grève ne peuvent se prévaloir d’un soutien officiel de leur présidence. Celle-ci «comprend» le mouvement sans en être explicitement solidaire. (Lire la suite...)

Img_8738 «La pression des personnels est légitime, mais nous avons, de notre côté une mission de gestion», ont indiqué les élus. «Même si ce mouvement n’est pas une saute d’humeur, mais bien un mouvement réfléchi, nous ne pouvons pas nous tirer une balle dans le pied». Comme exemple de ce potentiel suicide, ils mettent en avant les maquettes de masterisation. Alors qu’une précédente assemblée générale s’était prononcée pour une possible participation à la journée du 15 février 2009, dite «cérémonie de non remise des maquettes de masterisation» devant le ministère de l’éducation nationale à Paris, les deux élus plaident une forme de réalisme gestionnaire: «On ne veut pas s‘autodétruire. Notre IUFM est en danger et si nous ne faisons pas remonter les maquettes dans les délais, d’autres universités le feront et nous serons gravement pénalisés. Celles qui s’abstiendront n’auront pas les formations».

Mourad Guichard
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04/02/2009
AG à Bordeaux 4 contre les «master Conforama avec option vente de canapés cuir»

UNIVERSITE - L’amphi Aula Magna plein comme un oeuf, 1200 étudiants de la très sage Bordeaux 4 réunis en assemblée générale, et une soixantaine de leurs professeurs présents dans les travées : le fait est suffisamment rare pour constituer à lui seul un événement. Mais lorsqu’en plus le mouvement est initié par les enseignants eux-mêmes, avant d’être suivi et amplifié avec un blocus étudiant, c’est quasiment un message d’alerte. «Quand vous voyez la population de la fac de droit, qui n’est pas la plus progressiste en matière sociale se mettre en grève, c’est qu’il y a un vrai problème», résume avec humour et réalisme un professeur à la tribune.

Les enseignants chercheurs ont donc de quoi se frotter les mains. Eux qui, depuis lundi avaient quitté leurs labos, refusaient de faire cours, et de transmettre les notes d’examen, viennent d’être rejoints cet après-midi par leurs élèves. Au cours d’un vote à main levée, les étudiants ont en effet décidé d’appliquer à leur tour le débrayage, de décréter la fermeture administrative de la fac jeudi 5 février pour aller manifester, et de bloquer l’un des amphis afin d’y créer un espace de débat. La jonction vient ainsi d’être établie, et devrait fournir aux professeurs la caisse de résonance espérée.

Au cours de l’AG, les discussions ont cependant parfois été houleuses. Elles reflètent un malaise général qui va bien au-delà de la réforme du statut des enseignants chercheurs, déclencheur du mouvement. L’inquiétude vise pèle mêle un risque de dérive vers une université «à l’américaine», où les frais d’inscription se chiffreraient en «milliers ou dizaines de milliers de dollars», le manque de liberté d’enseignants pris dans «un management au mérite», l’accroissement des inégalités côté étudiant, avec «une sélection par l’argent», la concurrence entre établissements, et en bout de course, une «marchandisation» et une «dévalorisation» de la recherche, «soumise aux intérêts politiques et économiques».

«On va bientôt nous proposer un master Conforama avec option vente de canapés en cuir», ironise un orateur. Pourtant plusieurs étudiants ont aussi fait valoir leur préoccupation de ne pas pouvoir suivre les cours, d’hypothéquer leur année et de mettre en jeu leur orientation. «L’université française est malade, rétorque un autre. Pour une fois que nous pouvons avoir une certaine unité, nous devons tendre la main aux professeurs et réfléchir tous ensemble à une université meilleure».

Le cortège, qui partira demain à 14 heures de la place de la Victoire et rassemblera l’ensemble du campus bordelais, devrait donc gagner en visibilité. Les étudiants ont désormais en ligne de mire l’ensemble de la loi Liberté et responsabilité de l’université (LRU, la fameuse loi sur l’autonomie des universités votée en août 2007) de Valérie Pécresse. Le risque pour les professeurs est maintenant de se trouver noyés dans cet effet tache d’huile. «On voudrait un mouvement très soft», déclaraient-ils cet après-midi. Pas sûr qu’ils puissent garder la main très longtemps.

Laure Espieu
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Politique (Recherche et Université)
Les élèves de l'ENS Ulm soutiennent le mouvement de grève
4 févr.
2009


Ens_ulm Des élèves de l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm viennent de me faire parvenir un texte expliquant leur participation au mouvement de protestation qui secoue l'Université. Le voici ci-dessous.

L'ENS MOBILISEE POUR LA SAUVEGARDE DE L'ENSEIGNEMENT ET DE LA RECHERCHE.

Un grand nombre d'universités votent la grève, des conseils d'administration adoptent des motions condamnant une réforme hâtive et dangereuse… Rarement le monde de l'enseignement supérieur aura été si uni dans le mécontentement. La multiplicité des mots d'ordre ne doit pas masquer leur convergence, de même que la diversité des projets gouvernementaux ne saurait dissimuler leur cohérence. L'Ecole Normale Supérieure, partie intégrante du système de l'éducation et de la recherche, ne peut rester à l'écart de ces combats.

L’origine de ces tensions est à chercher dans la réforme des concours: au terme de ce projet, les universités devraient proposer des masters d'enseignement distincts des masters de recherche. Ces masters réserveraient une large part à des contenus "pédagogiques" développés au détriment de la pratique de la discipline elle-même, pour justifier que les professeurs soient d'emblée affectés en horaires pleins, sans période de rodage !

L'agrégation non plus n'est pas épargnée: le gouvernement prévoit la fin de la possibilité de passer leEnseignant_dessin concours de l'agrégation après l'obtention d'un master 1. Or cette interruption d'un an entre les deux années de Master permettait à beaucoup de réfléchir attentivement au choix de leur sujet de mémoire, qui détermine déjà le thème de leur futur doctorat. Dorénavant, ce choix se ferait au cours de la quatrième année de scolarité, dans la foulée de la licence … En fait, ce que souhaite le gouvernement, c'est que le master recherche soit réservé à quelques mauvaises têtes.
En distinguant enseignement et recherche, il crée un fossé entre deux activités complémentaires. De fait, la réforme des concours est indissociable de celle du statut d'enseignant-chercheur. Selon cette réforme, l'évaluation des chercheurs déterminerait les crédits et la liberté dont ils disposeraient. Mais sur quels critères se ferait-elle ? Ceux de l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur et de ses classements de revues quelque peu opaques : plusieurs revues d'envergure internationale ont refusé d’y collaborer. Controverses coupées du monde ? Qu'adviendrait-il alors des étudiants ayant obtenu leur master enseignement mais échoué aux concours ? Ils iraient grossir les rangs des vacataires que l'Education Nationale recrute à tour de bras. Mais si le Ministère dispose de cohortes de vacataires, pourquoi se priverait-il de réduire le nombre de postes aux concours ? C'est bien à une stratégie raisonnée de sape des statuts que l'on est confronté. Au malthusianisme scolaire (moins de doctorants, moins de titulaires) s'ajoute le dumping professoral entre titulaires et vacataires.

Au terme de plusieurs assemblées et réunions d'information, une pétition a été mise en circulation à l'intérieur de l'ENS pour demander que l'Ecole refuse de proposer des masters d'enseignement, comme d'autres universités. Elle a recueilli plus de 300 signatures en deux semaines, ce qui est considérable pour un campus de seulement 2000 élèves et étudiants. Forts du soutien explicite de nombreux professeurs, nous nous déclarons solidaires des actions entreprises pour contester cette réforme dont la mise en œuvre montre autant de précipitation que d'entêtement idéologique. Nous considérons ces revendications comme indissociables du combat pour la sauvegarde de l'ENS. Dans la foulée du rapport Attali, la « réforme » de l'ENS est en effet à l'ordre du jour, tandis qu'un « comité d'orientation stratégique internationale » est chargé de travailler à la transformation de l'école - mais de quelles marges de manœuvre bénéficie-t-il ?Les pistes évoquées jusqu'à présent représentent une rupture dans la tradition qui est celle de l'Ecole et qui a été constamment réaffirmée depuis la Révolution jusqu'à la loi sur le statut des Normaliens de 1948. De fait, les attaques du gouvernement contre le système d'enseignement et de recherche s'inscrivent dans un cadre global de remise des traditions républicaines et sociales: après la retraite, la Sécurité Sociale, la Justice, le volet éducatif des réformes de la Libération. M. Sarkozy déclare volontiers vouloir liquider l'héritage de 1968 : ne s'en prend-il pas plutôt à celui de 1945?

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