15/09/2011

Piqûre de rappel

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.Société Aujourd'hui à 0h00
Incendie du boulevard Auriol : procès après un faux départ

En mars, une première audience avait fortement choqué.


LIBERATION.FR
ParTONINO SERAFINI et FABRICE TASSEL


Rarement une audience aussi scandaleusement bâclée n’avait laissé autant d’images fortes. Nous sommes le mercredi 9 mars 2011. Les proches des 17 victimes - 14 enfants de moins de 10 ans et trois femmes - de l’incendie du boulevard Vincent-Auriol, à Paris, en 2005, dont le procès recommence aujourd’hui, s’entassent dans une salle exiguë, étouffante.

Malgré la dignité des parties civiles l’ambiance est tendue. Et pour cause : leurs avocats ont dû batailler pour obtenir une demi-journée d’audience supplémentaire car, à l’origine, une seule demi-journée avait été prévue ! Malgré cette minuscule prolongation, le temps est compté. L’urgence est d’écouter les familles afin de les aider à peut-être clore leur deuil. Six ans qu’elles attendent. Pourtant, à la stupéfaction générale, la présidente Jacqueline Rebeyrotte se lance dans une inutile lecture de l’intégralité de l’ordonnance de renvoi. Le micro reste muet, la voix sourde de la magistrate est inaudible. D’autant qu’il fait chaud dans cette petite salle : des fenêtres sont ouvertes, mais le bruit des véhicules filant sur les quais achève de couvrir le monologue de la juge. Le malaise est palpable, les avocats se regardent, accablés, y compris ceux de la défense.

Saturnisme. Assis dans les premiers rangs, un homme noir, assez âgé, n’ouvre pas les yeux pendant les deux heures du rappel des faits. A l’évidence, il n’a pas oublié une seconde de cette nuit du 26 août 2005, où tout est allé trop vite. Trois minutes après que le pyromane - qui n’a jamais été retrouvé - eut mis le feu dans des poussettes au rez-de-chaussée, il faisait 600 degrés. En cinq minutes la cage d’escalier était entièrement embrasée par une torche qui dévora les six étages, brûlant huit enfants dans une même chambre du 5e. La vitesse des flammes avait été accélérée par des plaques de contreplaqué posées sur les murs pour rendre inaccessibles aux enfants des peintures au plomb.

Aujourd’hui, l’association Freha (membre de la fédération Emmaüs), qui gérait l’immeuble, et la société Paris Banlieue Construction, qui a posé les contreplaqués, répondront seules de ces malfaçons. Car l’Etat est, avec le pyromane, l’autre Arlésienne de ce procès. Il faut revenir à juin 2003 pour comprendre : Freha obtient de la préfecture de police de Paris, qui avait relogé boulevard Vincent-Auriol 123 habitants après le campement du quai de la Gare, une note envisageant l’évacuation du bâtiment en raison des risques de saturnisme. Un an plus tard, une autre expertise conclut à l’absence de nécessité d’évacuation, d’où la pose des plaques de contreplaqué. Ultime volte-face lorsque le préfet signe un arrêté de péril interdisant l’occupation de l’immeuble :nous sommes le 31 août 2005, cinq jours après la mort de 17 personnes.

Retour en mars 2011. Le deuxième jour, le procès est déplacé dans une salle plus grande. L’homme qui a fermé les yeux la veille doit cette fois se boucher les oreilles, car pendant de longues minutes un terrible larsen empêche tout échange. «L’illustration de la misère de la justice», grince la présidente, alors que la magistrature vient de vivre, en février, la plus longue grève de son histoire. Nouveau déménagement dans la 1re chambre du tribunal, qui devait accueillir le procès Chirac - finalement ajourné - et où, pour l’occasion, 114 ampoules des lustres ont été changées. Mais rien n’éclaire le procès de l’incendie du boulevard Vincent-Auriol, qui n’a pas commencé alors qu’il ne reste d’après le calendrier qu’une poignée d’heures pour le juger. Les familles demandent le report, rejointes par des avocats de la défense. Dix minutes suffisent aux trois magistrats pour se rendre à l’évidence : «Le tribunal baisse les bras», lâche la présidente.

Quelques leçons semblent avoir été tirées de ce fiasco. «Les petits plats ont été mis dans les grands», promet une source judiciaire. Six demi-journées d’audience ont été programmées (jusqu’au 30 septembre) dans une salle assez spacieuse, et du temps a été prévu pour que les parties civiles puissent s’exprimer.

Série macabre. Bien juger l’affaire du boulevard Vincent-Auriol, c’est aussi un peu solder les comptes judiciaires avec deux autres incendies meurtriers qui ont marqué l’année 2005 dans la capitale. Une terrible série qui commence par l’hôtel Paris-Opéra (dans le IXe arrondissement) dans lequel sont hébergées des familles sans logement et souvent sans papiers, prises en charge par le Samu social. Le feu se déclare dans la nuit du 14 au 15 avril vers 2 heures, surprenant les occupants dans leur sommeil. Pris de panique, certains sautent par les fenêtres. Les secours compteront 25 morts, dont 11 enfants. Une dispute entre le fils de l’hôtelier et sa petite amie, dans une salle du 1er étage, serait à l’origine du sinistre : une bougie serait tombée pendant la querelle sans qu’ils ne s’en rendent compte. L’instruction judiciaire de ce dossier n’est pas encore totalement close. Mais le gros a été fait. Les expertises ont été rendues et les proches des victimes auditionnées. «Les familles attendent à présent la fixation de la date du procès, affirme Pauline Véron, adjointe (PS) au maire du IXe arrondissement. Elles espèrent qu’il se déroulera dans des conditions dignes.»

La série macabre s’achèvera par l’incendie d’un immeuble rue du Roi-Doré (Paris IIIe), faisant sept morts, dont quatre enfants, le 29 août. Les enquêteurs ont suivi tantôt la piste criminelle, tantôt celle de l’accident, sans jamais parvenir à faire la lumière dans cette affaire. Une ordonnance de non-lieu a été rendue.

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