10/08/2007

RESF dénonce l'accélération des arrestations durant le mois d'août

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RESF dénonce une accélération des interpellations de sans-papiers
LEMONDE.FR | 09.08.07 | 20h26 • Mis à jour le 09.08.07 | 20h33

Un enfant russe de 12 ans de parents sans papiers a été hospitalisé dans un état grave après une chute accidentelle du quatrième étage d'un immeuble à Amiens, jeudi 9 août. Il voulait fuir avec son père la police qui s'apprêtait à les interpeller. L'enfant est dans le coma, et son pronostic vital "est engagé", selon le procureur d'Amiens, Patrick Beau.

Selon M. Beau, le garçon a tenté de descendre derrière son père le long des balcons de l'immeuble pour échapper à la police venue demander à la famille de répondre à une "convocation pour audition". Une enquête a été confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), car pour le procureur, "les conditions de l'accident restaient incertaines".

Cet accident survient alors que le Réseau éducation sans frontières dit observer une accélération des interpellations de sans-papiers. A l'initiative du réseau associatif qui regroupe cent quatre-vingt-cinq organisations, une centaine de personnes ont manifesté sur le parvis de l'Hôtel de Ville à Paris, aux cris de "Arrêts des rafles, arrêt des expulsions".

UN "PARTICULARISME DU MOIS D'AOÛT" ?

Pour RESF, le mois d'août est une période propice à la multiplication des contrôles. Le réseau, qui tient un compte journalier des sans-papiers poursuivis, relève qu'à Paris, au moins six parents d'enfants scolarisés ont été placés en rétention mardi.

Dans un communiqué, RESF s'inquiète également du fait que la police s'en prenne à des parents. "Jusqu'ici, les parents d'enfants scolarisés qui passaient au tribunal administratif voyaient le plus souvent leur arrêté préfectoral de reconduite à la frontière cassé par le juge au titre du respect de leur vie personnelle installée en France. Beaucoup de parents étaient libérés du commissariat avant la fin de leur garde à vue", précise le texte.

En marge d'une réunion avec le ministre de l'intérieur italien, Brice Hortefeux, le ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement a contesté l'augmentation des interpellations, assurant "qu'il n'y a pas de particularisme du mois d'août".

COMMUNIQUE RESF

Pendant le mois d’août, la fabrique à orphelins accélère ses cadences !
A Paris, le mardi 7 août, au moins 6 parents d’enfants scolarisés ont été placés en rétention :

- M. DONG Zuoliang, père de Zewei, 11 ans, scolarisé en CM2 à l’école élémentaire 77 bd de Belleville (11°), arrêté lundi 6 août, placé au centre de rétention de Vincennes mardi 7 août.

- M. ZHENG Lin Min, père de Xin, scolarisé en CM1 à l’école élémentaire de la rue de l’Ourcq (19°), sa femme est enceinte (grossesse pathologique). Il a été arrêté lundi 6 août, placé au centre de rétention de Vincennes mardi 7 août.

- M. CAÏ Renuyi père d’un enfant de 6ans et demi, scolarisé à l’école élémentaire avenue de St Ouen (17°), arrêté lundi 6 août, placé au centre de rétention de Vincennes mardi 7 août.

- Mme ZHENG Ling Wei, mère de Lucinne, 3 ans, scolarisée à l’école maternelle Maurice Genevoix (18°), arrêtée lundi 6 août, placée au centre de rétention mardi 7 août.

- M. YANG Hui, père d’un enfant de 3 ans, qui sera scolarisé à la maternelle Boy Zelenski (10°) à la rentrée 2007 et d’un bébé né en 2007. Il a été arrêté lundi 6 août, placé au centre de rétention de Vincennes mardi 7 août.

- Mme LI Aizhu, grand-mère d’Eric (les parents d’Eric sont en situation régulière) scolarisé à l’école maternelle Pierre Bullet (10°), arrêtée lundi 6 août 2007, placée au centre de rétention de Cité mardi 7 août.

… Cette liste a été faite sur une durée de 24 heures. D’autres arrêtés dans les jours précédents sont dans les centres de rétention.

Il est clair que la brutalité monte d’un cran. Jusqu’ici, les parents d’enfants scolarisés qui passaient au Tribunal Administratif voyaient le plus souvent leur APRF (Arrêté préfectoral de reconduite à la frontière) cassé par le juge au titre du respect de leur vie personnelle installée en France. Beaucoup de parents étaient libérés du commissariat avant la fin de leur garde à vue. Il y a eu du côté de la police des moments d’exaspération (l’affaire Rampal en a été une illustration), mais il y a aujourd’hui la volonté évidente de profiter du mois d’août pour « se rattraper » des frustrations d’alors : les écoles sont fermées, et la mobilisation sans faille, comme rebondissante d’un établissement à l’autre, qui a marqué ces deux dernières années est plus difficile en ce moment. Alors, c’est la chasse, fébrile.

La Préfecture de Police espère sans doute que ses mauvais coups perpétrés au cœur de l’été, passent inaperçus mais chaque tentative d’expulsion suscitera la même indignation.

Notre vigilance et notre réactivité toutefois ne faiblissent pas : ni celles des familles, qui appellent leurs voisins du Réseau éducation sans frontières à chaque retard suspect (hélas, elles ont rarement tort d’être inquiètes), ni celle des militants qui sont présents pour rendre visibles ces cruautés gratuites. Se taire ferait de nous des complices !

Car ce sont bien de pures et simples cruautés, parfaitement inutiles. A quoi sert de renvoyer une grand-mère loin de ses enfants et petits enfants ? Quelle est l’utilité de casser des couples, de risquer de détruire psychologiquement des enfants ? Quel est le but ? Il n’y a pas de bénéfice financier (ça coûte très cher, au contraire) et le seul gain politique est de renforcer les idéologies nauséabondes qui utilisent le vieux mécanisme de l’étranger bouc émissaire. Tout cela au mépris de quelques familles malheureuses ?

C’est pour cela que nous continuerons en quelque saison que ce soit de révéler et dénoncer la traque honteuse dont sont victimes des familles déjà fragilisées par leurs migrations.

Des militants du Réseau Éducation Sans Frontières seront Jeudi 9 août entre 12h00 et 13h00, entre le Parvis de l’Hôtel de Ville et l’annexe de la Préfecture de Police 12 quai de Gesvres pour informer les citoyens et faire en sorte que tout cela ne se fasse pas dans le silence souhaité par la préfecture de police.

Contacts : Anne-Laure Barbe (06 07 79 79 65) - Isabelle Benoît (06 73 02 14 10) - Jean Pierre Fournier ( 06 13 26 33 42) - Brigitte Wieser (06 88 89 09 29)
jeudi 9 août 2007.

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