30/07/2010

Le Conseil constitutionnel impose une réforme de la garde à vue

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.Le Conseil constitutionnel impose une réforme de la garde à vue

il y a 38 min
Reuters Thierry Lévêque


Le Conseil constitutionnel a déclaré contraire aux droits fondamentaux les principaux articles du Code pénal français régissant la garde à vue, procédure policière coercitive qui concerne plus de 900.000 personnes par an.

Il a ordonné une réforme globale avant le 1er juillet 2011.

Le Conseil constitutionnel statuait sur une requête des organisations d'avocats dans le cadre d'une "question prioritaire de constitutionnalité", procédure nouvelle issue de la réforme de 2008 permettant d'invalider des lois en vigueur.


Sont en cause les éléments-clefs de la garde à vue, forme de détention policière allant jusqu'à 48 heures.

Le régime des interrogatoires, la présence de l'avocat, les règles d'accès au dossier, les droits des suspects sont déclarés non conformes aux droits fondamentaux.

Seul est déclaré régulier le fait de disposer d'un régime de garde à vue dérogatoire, plus coercitif et pouvant aller jusqu'à quatre jours, pour les faits de terrorisme, trafic de drogue et criminalité ou délinquance organisée.

Le bâtonnier de l'ordre des avocats de Paris, Christian Charrière-Bournazel, s'est dit "très heureux" de la décision.

"La plus haute juridiction de notre pays rappelle des principes fondamentaux qui étaient totalement oubliés, en dépit de mensonges officiels désespérants", a-t-il dit à Reuters.

"Le Conseil constitutionnel vient de rappeler ce qui est notre héritage, les droits de l'homme, les garanties dues aux personnes dans un état démocratique", a-t-il ajouté.

Les dispositions actuelles restent en théorie en vigueur, mais le Conseil constitutionnel demande que les juges mettent dès maintenant "la pratique en accord avec l'arrêt".


PROBLÈME POUR LE GOUVERNEMENT

Le Conseil constitutionnel juge un changement nécessaire en soulignant que les interrogatoires en garde à vue sont devenus le fondement essentiel de la quasi-totalité des procès pénaux et que le nombre des officiers de police judiciaire a doublé par rapport à 1993 pour atteindre 53.000.

Il rappelle que le nombre de gardes à vue est passé depuis cette date de 319.880 à 792.093 en 2009, chiffre qui dépasse les 900.000 en comptant les cas d'infractions routières.

La banalisation de cette procédure policière, qui suppose fouille à nu, menottage, placement en cellule et interrogatoires sans avocat, a conduit à des affaires qui ont choqué l'opinion.

Une collégienne a ainsi été arrêtée et placée en garde à vue à Paris cette année après une bagarre à la sortie des cours.

L'avocat a un accès limité à son client au début de la garde à vue mais pas au dossier.

Les avocats, soutenus par une partie du monde politique et judiciaire, demandent que la garde à vue soit placée sous le contrôle d'un magistrat indépendant et non du procureur ou de la police, comme c'est le cas actuellement. Le défenseur, disent-ils, devrait avoir accès au dossier et pouvoir assister aux interrogatoires.

Le Conseil constitutionnel les soutient en estimant dans son communiqué: "L'intéressé ne bénéficie pas de l'assistance effective d'un avocat. Il ne reçoit pas même la notification de son droit à garder le silence".


Cet arrêt constitue une surprise pour le gouvernement, qui préparait une réforme de la garde à vue avec accès limité au dossier et aux interrogatoires et création d'un nouveau régime d'audition dit "libre".

Ce projet, ainsi que la réforme du code de procédure pénale plus globale, avec l'idée de supprimer le juge d'instruction, semble désormais compromis. La refonte globale du régime de la garde à vue est en effet, techniquement, une tâche délicate à mener compte tenu du délai d'un an.

Le ministère de la Justice n'a pas réagi dans l'immédiat.


Édité par Gilles Trequesser
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