A LA UNE
21/04/2009
Révolte !!
Des salariés de Continental saccagent une sous-préfecture
il y a 2 heures 20 min
Reuters
Des salariés de l'usine Continental de Clairoix (Oise) ont saccagé mardi la sous-préfecture de Compiègne après la décision de la justice française qui les a déboutés de leur demande de suspension du plan de fermeture du site.
Dans la soirée, le gouvernement, tout en condamnant "des actes injustifiables", a proposé une médiation.
"Les salariés ont saccagé la sous-préfecture de Compiègne où ils attendaient la décision", a déclaré à Reuters Ralph Blindauer. Un bâtiment de l'usine a été également endommagé, a-t-on précisé de source syndicale.
Xavier Mathieu, délégué syndical CGT, qui était présent sur place, a confirmé que des salariés de cette usine de la filiale française du fabricant allemand de pneumatiques avaient mis à sac en un temps éclair le bâtiment public à l'annonce du jugement, ainsi que le pavillon d'accueil de l'usine de Clairoix.
"Ce sont des gens en colère, pas du tout des voyous", a-t-il dit à Reuters.
Selon Xavier Mathieu, les salariés s'attendaient à obtenir gain de cause devant le tribunal et s'étaient rendus à la sous-préfecture de Compiègne dans l'attente du jugement.
"Aujourd'hui, les gens ont voulu montrer qu'on ne se laissera pas faire, les gentils 'Conti' sont devenus des lions", a-t-il dit par la suite sur LCI.
Le secrétaire d'Etat à l'Industrie, Luc Chatel, a dénoncé "avec la plus grande fermeté le saccage de la sous-préfecture de Compiègne", pour laquelle, a-t-il dit, le préfet de l'Oise a déposé plainte.
LES "CONTIS" JEUDI À HANOVRE
Sur le dossier de Continental, Luc Chatel a offert la médiation des pouvoirs publics pour le retour du dialogue entre les salariés et la direction.
"Ce soir, j'ai proposé que l'Etat, que le gouvernement se mette à la disposition des deux parties pour organiser une médiation sur un accord de méthode", a-t-il dit. Il propose que des représentants des deux parties soient reçus à Bercy par son directeur de cabinet adjoint à partir de mercredi.
"Sur les questions de restructuration industrielle, le rôle de l'Etat, c'est d'être un médiateur, un facilitateur", a-t-il souligné.
Le fabricant allemand de pneumatiques a annoncé le 11 mars son intention de fermer les sites français de Clairoix et allemand de Hanovre qui emploient respectivement 1.120 et 780 personnes, pour réduire sa production de pneus en Europe.
Les salariés de Clairoix ont prévu de se rendre jeudi à Hanovre au moment où se déroulera une assemblée générale des actionnaires du groupe pour manifester en compagnie de leurs collègues allemands.
Ils ont réservé 1.100 places de train mercredi soir, a-t-on précisé de source syndicale.
Les syndicats contestent l'argumentation de la direction qui argue de la crise et de la chute des marchés qui entraîne une surcapacité de production et donc de compétitivité.
"On est face à un problème d'effondrement du marché qui place Continental dans une situation de surcapacité de production", a précisé un porte-parole du groupe à Reuters.
"En Europe, on est passé de 7,5 millions à 15 millions de pneus en surcapacité entre décembre et mars", a-t-il ajouté.
Gilbert Reilhac et Elizabeth Pineau, édité par Jean-Loup Fiévet
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21/10/2008
"Pas de chiffres, pas de crise" la casse de la statistique publique
il y a 1 heure 9 mins
AFP
Plusieurs centaines d'agents de la statistique publique (Insee, Drees, Dares, etc), ont manifesté mardi à Paris contre la délocalisation programmée de leurs services en Moselle, synonyme selon eux de "désorganisation" et de "démantèlement".
Aux cris de "Les chiffres du chômage, le niveau des prix, et hop tout ça, à la poubelle", et "T'iras en TGV à L'Elysée, délocalisons Matignon", plus de 1.000 agents selon l'intersyndicale de la statistique publique (rassemblant plus de 20 syndicats), 750 selon la police, ont défilé sous la pluie, derrière une banderole "Sauvons la statistique publique".
Les manifestants arboraient de nombreuses affiches sur lesquelles on pouvait lire "La Metz n'est pas dite", "Pas de chiffres, pas de crise", "Agents exilés, statistiques au rabais", "Statistiques en caserne, les chiffres au pas", ou encore "Non à la casse-stistique".
Les agents ont défilé de la Place Saint-Sulpice (6e) jusqu'à la rue de Varenne (6e), où une délégation devait être reçue à Matignon.
Ils protestaient contre la décision du gouvernement de délocaliser à l'horizon 2011 un millier d'agents de la statistique publique à Metz pour compenser la fermeture de casernes et le départs des militaires et de leurs familles.
"C'est une décision arbitraire pour compenser une autre décision arbitraire. On nous prend pour des bouches-trous", a souligné Julie Herviant, porte-parole de l'intersyndicale.
Selon elle, une délocalisation "privera les statisticiens de nombreux contacts professionnels extérieurs nécessaires pour la connaissance des dossiers".
"Les implantations actuelles de la statistique - dont deux tiers sont déjà en province - ont un sens. Elles sont proches des producteurs de chiffres et des organismes avec lesquels on travaille quotidiennement (ANPE, Unedic, caisses d'assurance maladie, conseils généraux, ministères, associations, grandes entreprises, etc)", a-t-elle précisé.
La statistique publique compte environ 8.300 agents. A l'Insee, qui compte quelque 6.000 agents, seulement 1.500 travaillent à Paris, les autres étant répartis dans des directions régionales de l'Institut.
Bernard, agent de l'Insee, voit dans cette décision "un lien avec les polémiques sur les chiffres du chômage, et les mises en cause par plusieurs membres du gouvernement".
"Il y a des risques de démissions et de perte d'expériences", ajoute une manifestante travaillant à la Drees (Ministère de la Santé). "Si le projet aboutit, J'ai des collègues qui partiront vers le privé".


14/05/2008
2,37 milliards de dollars de bénéfices et 595 emplois supprimés.
Grève à l'aciérie d'ArcelorMittal à Gandrange
Le mouvement a été déclenché à la suite du refus de la direction d'ouvrir avant la fin du mois des négociations sur les conditions de reclassement des salariés qui vont être licenciés.
La tension monte chez ArcelorMittal à Gandrange en Moselle, aciérie destinée à la fermeture partielle qui doit entraîner la suppression de 575 emplois d'ici à 2009. La production du site est arrêtée depuis mardi matin 00 heure et des piquets de grève ont été mis en place aux différentes entrées de l'usine, selon la CGT.
"L'usine de Gandrange est stoppée par 30 à 40 personnes qui empêchent les autres travailleurs d'exercer leur liberté de travail", a affirmé Gonzalo Urquijo, membre de la direction générale, interrogé au cours de l'assemblée générale du groupe à Luxembourg.
Le mouvement de grève a été décidé après le refus de la direction d'ouvrir avant le 30 mai des négociations sur les conditions de reclassement des salariés dont les postes vont être supprimés. Ces salariés doivent être reclassés dans les usines d'ArcelorMittal à Schifflange au Luxembourg et Florange en Moselle, selon la direction.
La grève est déclenchée le jour où est rendue publique la décision de la cour d'appel de Metz concernant la régularité de la consultation du personnel sur la fermeture partielle de l'usine.
Le malheur des uns faisant souvent le bonheur des autres, le marché a apprécié les résultats et perspectives d'ArcelorMittal (source ici). Le titre prenait en effet 2.12% à 63.49 euros. Le chiffre d'affaires du numéro de l'acier a enregistré une forte croissance, de 22% sur la période, à 29,8 milliards de dollars. De son côté, le bénéfice net s'affiche en progression de 5%, à 2,37 milliards de dollars.
Qui peut croire encore que l'Etat peut agir sur la conduite des entreprises mondialisées.
Le discours de Gandrange par Nicolas Sarkozy aux salariés de Mittal en témoigne :
"Soit nous arrivons à convaincre Lakshmi Mittal (le président du groupe) et nous investirons avec lui, soit nous trouvons un repreneur et nous investirons avec lui."
Trois mois plus tard, le résultat est sans appel.


07/12/2007
Airbus et Dassault : L’alibi du dollar pour délocaliser
En confirmant lundi la décision de délocaliser en zone dollar ou à plus bas prix une partie de la production du constructeur aéronautique européen, Louis Gallois, le président de la maison mère EADS a jeté un pavé dans la mare. Une annonce qui ajoute encore à l’inquiétude et au désarroi des personnels, des PME-PMI sous-traitantes et plus largement de tous ceux qui, après le textile, l’automobile, la vente ces derniers jours des deux tiers des sites ex-Pechiney, assistent à l’hémorragie des activités industrielles.
s’installer en zone dollar
« Nous n’avons pas le choix », a martelé sur Europe 1 Louis Gallois pour qui « le principal problème » est devenu celui de la faiblesse du dollar face à l’euro. Rappelant que les avions sont payés en dollars mais les coûts et les salaires en euros. « Le seul moyen de préparer l’entreprise à un dollar que plus personne ne maîtrise, a-t-il poursuivi, c’est de s’installer malheureusement en zone dollar. » Le président de Dassault Aviation, Charles Edelstenne, également président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS), avait la veille abondé dans le même sens en parlant d’un prochain plan de délocalisation de l’avion Falcon.
Cela fait plusieurs mois que les principaux dirigeants de EADS et d’Airbus multiplient des mises en garde alarmistes allant jusqu’à affirmer que l’avenir du groupe était en jeu. Personne ne nie que le décrochage du dollar par rapport à l’euro pose de sérieux problèmes. Mais beaucoup de monde s’interroge tout autant sur le but effectivement poursuivi par une telle dramatisation. S’agit-il de faire pression sur les gouvernants français et européens qui se refusent ou se déclarent incompétents à intervenir en direction de la Banque centrale européenne (BCE) et de sa politique de l’euro fort ? Ou de plus, comme l’analysent la plupart des syndicats, le problème monétaire ne sert-il pas d’alibi pour durcir le plan Power 8, accentuer brutalement l’externalisation des activités et modifier en profondeur les structures industrielles d’Airbus ?
Le quotidien économique la Tribune, estime dans son édition de mardi que les deux principaux dirigeants « en font trop » alors que les comptes pour Airbus et EADS sont bien meilleurs que prévus. Airbus connaît un bond en avant exceptionnel de commandes. En cette fin novembre le chiffre record de 1 111 avions en 2005 est déjà dépassé. Au 31 décembre, les commandes devraient avoisiner le chiffre de 1 500. Les plannings des chaînes de production sont au complet pour les quatre à cinq ans à venir.
Toutes les gammes d’avions seront concernées par les délocalisations, et en premier les sous-traitants et les fournisseurs, a averti Louis Gallois. Il a précisé que des parties d’avions comme les portes, des éléments de fuselage, d’aile, seront fabriquées à l’extérieur de l’Europe. Une première chaîne d’assemblage A 320 ouvrira ses portes l’an prochain en Chine. La direction assurait récemment aux syndicalistes qu’il n’y aurait pas de transfert de technologie. Or, un centre de fabrication d’éléments en composite verra le jour en 2009 dans l’empire du Milieu. Airbus pourrait également ouvrir des chaînes d’assemblage aux USA pour fournir des avions ravitailleurs à l’armée US, en Russie, ainsi qu’une autre usine de composites à Abu Dhabi. Des discussions sont en cours pour produire au Japon 5 % du futur A350.
Délégué syndical central Force ouvrière à Airbus Toulouse, Jean-François Knepper, considère que les dirigeants du groupe européen exagèrent l’impact du déséquilibre euro-dollar. Il rappelle que le coût en euros des salaires ne représenterait que 19 % du prix d’un avion et que les mécanismes de couverture de change auxquels Airbus est assuré courent jusqu’en 2010 pour un euro à 1,35 dollar. « Depuis dix-huit mois, ce ne sont pas ces problèmes monétaires qui nous ont fait perdre le plus d’argent, les erreurs d’organisation et de management nous ont coûté 5 milliards d’euros. » Il s’insurge tout à la fois contre l’absence de réaction des dirigeants politiques vis-à-vis de la politique de la BCE et contre les désengagements industriels chez le constructeur européen. « Quelle est cette stratégie qui consiste à conduire la politique d’un groupe non pas en fonction du produit, des marchés et programmes à venir mais des fluctuations monétaires ? » Et d’ajouter qu’avec cette politique là, jamais Airbus n’aurait vu le jour en 1970.
Recours massif aux pays à bas coûts
La dramatisation à l’extrême de la faiblesse du dollar est aussi un prétexte, selon le responsable CGT, Xavier Petrachi, pour justifier les délocalisations, réduire les coûts et imposer un nouveau schéma industriel. « L’impact sur le carnet de commande n’est que de 6 %, il est plus fort sur la rentabilité financière attendue des actionnaires, il ne met pas en cause la pérennité de l’entreprise. » Xavier Petrachi dénonce le refus d’investissement d’Airbus dans l’usine de Méaulte prochainement cédée, alors que des usines de pièces en composite verront le jour en Chine et dans l’émirat d’Abu Dhabi. Recours massif aux délocalisations vers les pays à bas coûts, mise en concurrence exacerbée des salariés… Autant de pratiques qu’il n’hésite pas à qualifier de « colonialistes ». Que restera-t-il demain d’Airbus, questionne-t-il ? « Il y a peu, ils faisaient encore référence au maintien du coeur de métier, maintenant ils veulent même externaliser du coeur de métier. » L’un comme l’autre assurent que les annonces de Louis Gallois déboussolent fortement les personnels.
Alain Raynal
03/07/2007
Rumeurs de vente de LU (Danone), inquiétude des salariés avant une réunion

PARIS (AFP) - Les salariés de LU, filiale de biscuits du groupe agroalimentaire français Danone, craignent que la direction ne leur annonce ce mardi en réunion la cession à un concurrent de leur entreprise de près de 3.000 salariés.
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"Nous sommes conviés mardi matin pour une remise de documents --peut-être une convocation à un comité central d'entreprise-- sur un +projet d'évolution et d'organisation du pôle biscuits+ de Danone", a indiqué vendredi à l'AFP Yves Savoyat, secrétaire (FO) du CCE.
Une porte-parole de la direction de LU France a confirmé l'organisation de cette réunion, sans davantage de précisions.
La cotation du titre Danone a été suspendue mardi matin "à la demande de la société et dans l'attente d'un communiqué", a indiqué à l'AFP un porte-parole d'Euronext, la société gestionnaire de la Bourse de Paris.
L'hebdomadaire économique Challenges a affirmé jeudi que "Danone est prêt à vendre LU si le prix lui convient", l'information étant relayée par plusieurs maisons de courtage dans des notes à leurs clients.
Selon le Financial Times lundi, le géant américain Kraft Foods serait sur les rangs pour reprendre LU. Kraft Foods a refusé de faire le moindre commentaire de même que Danone, contacté lundi par l'AFP.
La division biscuits de Danone, qui a réalisé 14% de marge opérationnelle en 2006, "vaudrait 3,5 milliards d'euros si elle était restructurée" d'après Challenges.
Le secrétaire du CCE a précisé n'avoir aucune information sur le périmètre possible de la vente --France, Europe ou monde-- mais a fait part des "grosses interrogations" et du "malaise" actuel des salariés.
"Nous avons de très bons résultats, nous ignorons la stratégie de Danone", a ajouté M. Savoyat.
Certains analystes ont jugé crédible une vente de LU, soulignant que Danone cherche surtout à développer ses deux autres métiers, les produits laitiers et les eaux en bouteille, pour lesquels il occupe les rangs de numéro 1 et 2 dans le monde.
Le pôle biscuits et produits céréaliers, redevenu profitable depuis quelques années après avoir connu d'importants problèmes, ne représente que 16% du chiffre d'affaires total de Danone (14,073 milliards d'euros en 2006).
"Il est clair qu’alors que la stratégie du groupe est focalisée sur la santé, le pôle biscuits a plus de mal à convaincre (de sa cohérence avec cette stratégie, ndlr) que le pôle produits laitiers frais", a commenté la maison de courtage Fideuram Wargny, jugeant qu'une cession de cette branche n'est "pas impossible".
Côté syndicats, le secrétaire (FO) du Comité central d'entreprise (CCE) de LU France, Yves Savoyat, a exprimé la crainte de voir l'entreprise partir aux Etats-Unis. "On sait de quoi sera fait notre avenir, car il ne fait aucun doute que socialement il y aura de la casse", a-t-il affirmé lundi sur Europe 1.
LU France, qui compte près de 3.000 employés, possède 3 entrepôts et 9 usines à Nantes, Granville (Manche), Vervins, Charleville (Ardennes), Jussy, Château-Thierry (Aisne), Cestas (Gironde), Besançon et Toulouse.
L'annonce en mars 2001 de la fermeture des usines de Calais et de Ris-Orangis (Essonne) avait fortement affecté l'image sociale du groupe Danone et du gouvernement socialiste de Lionel Jospin.
et ça continue.............
12/06/2007
LVMH
lundi 11 juin 2007 (23h07) :
tailler des costards, sur www.campuslille.com
CE MERCREDI 13 JUIN 2007 A 18H30 C’EST « L’HEURE DE L’METTRE » Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6 En direct et en archives sur : www.campuslille.com
On dit que l’habit ne fait pas le moine. Toutefois, ce qui distingue, disons, par hasard, le patron de l’ouvrier : c’est le costume. On remarque chez l’adhérent du MEDEF, une certaine classe… L’élégance des grands est d’autant plus ostentatoire que la mise des petits est modeste et même, laborieuse.
Cela ne serait rien, pur détail esthétique, si le costume du patron n’était le produit du travail des ouvriers. En effet, la vraie différence se situe là : l’élégance du patron, et même son assurance, le raffinement dont il fait preuve, ce côté chic dépendent strictement de l’humilité de l’accoutrement revêtu négligemment par l’ouvrier.
L’élégant, bien au fait de ce rapport social pour le moins gênant, parvient, au prix d’un effort relatif, à déguiser le rapport social en rapport de nature. Si les petites mains qui exécutent ses plans sont à ce point dépourvues de grâce, c’est qu’elles n’ont pas ce mérite qu’on trouve chez tout rentier qui se respecte. Dès lors, très vite, pour l’élégant, le costume revêt un prix plus élevé que ceux qui le produisent.
Pour s’offrir de plus jolis costumes, l’adhérent du MEDEF, qui place au cœur de son action l’abnégation comme vertu cardinale, s’affaire sans cesse, en quête d’un meilleur taux de profit et de dividendes plus élevés. C’est que le luxe, voyez-vous, ça se paie.
Pour réaliser ses rêves de dandy, qu’il a travestis en nécessité, l’élégant se heurte à un obstacle : malgré le manque de délicatesse proverbial de ses ouvriers, ceux-ci expriment des besoins, qui se matérialisent sous forme de salaires. Oh certes, d’abord, le patron sait bien qu’il ne peut s’agir là que de caprices… Mais rien n’y fait : son goût des belles choses se heurte inexorablement aux envies grossières et inélégantes de la force de travail.
Exaspéré par tant d’audace, le patron passe à l’action, l’actionnaire passe aux commandes. Pour réaliser les costumes qu’on verra fleurir dans les soirées mondaines l’été prochain, il est paraît-il, des terres oubliées donnant plus de profit que nos meilleurs ouvriers. Là-bas, en effet, le vulgaire porte encore les haillons du temps de nos mines et nos forges, et parfois, va nu-pieds. Ce qui, si l’on a suivi les mécanismes qui régissent la production de costumes en milieu civilisé, abaisse le coût de revient des marchandises. Qui sont les gagnants d’une telle opération ? Vous l’aurez compris, ce sont les valeurs de l’élégance.
Monsieur Bernard Arnault, dirigeant du premier groupe du luxe mondial, première fortune de France, est, comme de bien entendu, un homme fringant et coquet. C’est pourquoi il a décidé de priver de leur gagne-pain 147 salariées de Poix du Nord, celles-là mêmes qui produisent les costumes évoqués plus haut. Car ce n’est pas avec une fortune estimée à 15 petits milliards d’euros que Monsieur Arnault pourra renouveler décemment sa garde-robe.
N’ayant pu joindre ce monument du bon goût, à défaut, nous recevrons, dans nos studios, ce mercredi, des travailleuses de l’usine Ecce de Poix du Nord, dont Marie-Hélène BOURLARD, déléguée CGT de la boîte.
Il va de soi que ce n’est pas en lisant la « grande » presse que nous pourrions suivre cette lutte. Cette émission du 13 juin prochain doit beaucoup aux reportages parus dans Liberté hebdo, l’hebdomadaire régional ayant suivi régulièrement les développements de cette bagarre. Nous reviendrons sur tout cela et verrons quelles sont les perspectives pour les 147 travailleuses, face à l’Empire Arnault.
Ci-dessous une présentation du sujet (article de L’Humanité du 11 mai 2007) :
Les actionnaires d’ECCE ont hué les couturières
Textile . Hier lors du conseil d’administration de LVMH, les 147 salariées d’ECCE sont venus demander des comptes au numéro un mondial du luxe.
Dans une salle du sous-sol du Carrousel du Louvre hier matin, en plein coeur de Paris. D’un côté de la porte, ceux à qui LVMH vient d’offrir un lot de bouteilles de champagne Moët & Chandon. De l’autre, les 147 ouvrières de l’usine ECCE dont la fermeture est prévue fin novembre. Une porte, deux poids, deux mesures. « Notre vie ne doit pas avoir la même valeur », constate, écoeurée, la déléguée CGT Marie-Hélène Bourlard. Pendant que ses collègues donnaient de la voix devant la rangée de vigiles, cette ouvrière du Nord-Pas-de-Calais a réussi hier à franchir le pas de la porte et à s’immiscer dans les rangs du conseil d’administration des actionnaires de LVMH. Le temps de poser une question : « J’ai pris le micro, j’ai regardé Bernard Arnault dans les yeux, puis les actionnaires, et je leur ai demandé s’ils ne voulaient pas réduire d’un tout petit peu leurs dividendes pour éviter que 150 familles ne se retrouvent jetées à la rue. À la fin de ma question, l’assemblée m’a huée... »
En 2006, LVMH a une nouvelle fois affiché des résultats record et consolidé sa place de numéro un mondial du luxe. Et selon Bernard Arnault, LVMH aurait même « les moyens de rééditer ce qu’il a fait depuis cinq ans, c’est-à-dire doubler ses résultats dans les cinq prochaines années ». Or, fin janvier, le groupe textile ECCE annonce la fermeture de l’usine de Poix-du-Nord, le dernier site de fabrication en France de prêt-à-porter masculin. Raison invoquée par la direction ? Alors que l’usine travaille à « 95 % » pour Kenzo et Givenchy, deux enseignes de LVMH, le nouveau contrat de licence de fabrication signé à la mi-novembre entre ECCE et LVMH ne prévoit plus de « quantités françaises ». Concrètement, le groupe de Bernard Arnault envisage de délocaliser l’ensemble de la production en Europe de l’Est.
« Chez nous, fabriquer un costume revient à 100 euros, en Pologne c’est 30 euros, explique Ghislaine, depuis vingt-cinq ans chez ECCE. On est déjà payées moins de 1 000 euros, sans aucune prime et sans treizième mois. Si on travaille moins cher, on pourra plus se payer de logement. »
Pour l’instant, LVMH affirme « ne pas avoir imposé la délocalisation dans l’appel d’offres » et insiste : « Si ECCE considère qu’elle gagne en termes de coût de revient, c’est le choix de l’entreprise. » Une ligne de défense mise à mal par les termes de l’accord entre Kenzo et ECCE, que l’Humanité a réussi à se procurer. Noir sur blanc, il y est écrit que « le choix des sous-traitants sera effectué en tenant compte [...] du respect des prix de revient industriels cibles communiqués par Kenzo et du respect des impératifs marketing de Kenzo (ex : positionnement, prix, made in...) ». Enfin, quelques lignes plus bas, un résumé sans appel : « Kenzo validera préalablement et expressément les sous-traitants et l’affectation des fabrications chez ces sous-traitants. » Interrogé hier sur le sujet, Christian Sanchez, le directeur des affaires sociales de LVMH, a fait la sourde oreille. Après une courte entrevue avec une délégation des salariés, il a juste promis hier de « réfléchir » à la demande d’organiser une table ronde entre direction d’ECCE, direction de LVMH, syndicats et pouvoirs publics. « Des solutions existent pour garder notre emploi chez nous, il faut juste débloquer les volontés », a lancé Marie, « depuis trente et un ans à la retouche », en remontant dans le bus, direction Poix-du-Nord. « On reviendra sur Paris autant de fois que nécessaire. »
Christelle Chabaud
De : hdm
lundi 11 juin 2007